Des questions sans réponses

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"Dans un meurtre vaut mieux être le meurtrier que la victime"

Ça faisait 4 mois que Cory et moi passions du temps ensemble, une amitié simple et classique. Très souvent il venait manger chez moi, parfois il passait la nuit, il aidait pour la vaisselle et ma mère l'adorait, elle avait l'habitude de nous dire:
" Je ne comprend pas pourquoi vous n'êtes pas ensemble!"
Cela me gênait, je riais jaune et je changeais de sujet rapidement. Je voulais aller plus loin avec Cory mais je ne savais pas ce que lui voulait et cela me faisais perdre mes moyens. La seule ombre au tableau c'était qu'il ne m'invitait jamais en retour. À chaque fois que j'abordais le sujet, la seule réponse qu'il trouvait à me donner était:
"La baraque, elle est hideuse et j'en ai honte et de toute manière les vieux n'aiment pas les visites"
Évidement, cette réponse ne me plaisais pas et la vérité non plus d'ailleurs. J'étais jeune, naïve et amoureuse je dois l'avouer et les secrets de Cory n'arrangeaient rien.

Je me rappelle de ce soir de pluie, moi et une amie, Luna, discutions au Christie's Pizza, une pizzeria située à la sortie de la ville, elle est aujourd'hui fermée à cause d'une mystérieuse et soudaine infestation de rats qui nuisait à la propreté des lieux.

Il pleuvait des cordes dehors, nous avions donc décidés de nous réfugier dans le restaurant

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Il pleuvait des cordes dehors, nous avions donc décidés de nous réfugier dans le restaurant. Luna venait passer quelques jours à Bowie, car elle habitait à New-York pour ses études de comédie. Elle allait bientôt s'en aller et voir une amie à elle allait lui faire plaisir :
"Alors... ce... Cory? m'interrogea-t-elle
- Bah... quoi? lançais je, comme détachée de la conversation
-Vous êtes toujours pas ensemble?
-Non
-Sérieusement!Il te plaît plus?
-Si... mais.. j'ai des doutes... quand j'y repense je ne le connais pas si bien que ça...
-Franchement, tu sais...
Elle n'eut même pas le temps de débuter sa phrase que sa sœur jumelle se tenait devant nous, sourire éclatant aux lèvres. C'était Mina.
Elles sont identiques physiquement mais n'ont pas la même mentalité. J'ai toujours préféré Mina qui est plus douce, discrète et généreuse que Luna plus froide, dynamique et charismatique.
-Salut! lança-t-elle, toute heureuse
-Salut Mina, tu vas bien? demandais je même si je connaissait déjà la réponse à la vue de son sourire.
-Wep, super! Fais moi une place grosse vache! lança Mina, sur un ton blagueur à sa sœur.
- Tu veux qu'on parle de ton corps de thon, renchérit Luna, t'es aussi plate qu'une gamine de 4 ans.
Elle me faisait rire ces deux-là, je les aimais vraiment beaucoup. Luna prit place près de nous, commanda une pizza et discuta avec nous pendant des heures, mêlant rire, blagues de mauvais goût et bières à gogo.
Luna et Mina sont mes meilleures amies depuis le bac à sable. Elles ont un teint doré ce qui rappelle leurs origines latines. Leurs parents ont quittés le Venezuela pour le Texas quand elles avaient quelques mois. Le coup d'État vénézuélien avait rendu la vie des Gonzáles beaucoup trop périlleuse pour eux.
Étant petites, elles souffraient beaucoup du racisme, et j'en souffrait aussi car elle étaient mes rares amies de l'époque. Mon amitié avec ses filles dérangeait, une petite blanche et deux latinas, mais avant j'avais déjà cette attitude d'emmerder le monde et ses préjugés.
Il faisait tard et dehors la pluie avait cessé. Don Juan qu'elle était je ne fut pas étonnée quand j'appris que Mina avait un rendez-vous mystère avec un garçon, d'où son sourire. Elle nous accompagna tout de même a l'arrêt du bus puis elle partit de son côté en chantonnant "Won't Get Fooled Again" de The Who, sa musique favorite...

"Smile and grin at the change all around
Pick up my guitar and play
Just like yesterday
Then I'll get on my knees and pray
We don't get fooled again"

Le lendemain matin, je n'avais rien à faire donc je profita du bon soleil pour me promener en ville. Je vagabondais depuis une vingtaine de minutes quand j'entendis mon nom, je me retourna, surprise. C'était Cory me suppliant de m'arrêter. Je m'approchais de lui, lui conseillant de reprendre son souffle avant de dire quoique ce soit:
"Tant de sport pour moi, ça fait plaisir! blaguais je.
- Du flan, je t'ai vu de loin, c'est tout.
Il m'avait piqué et il le savais.
-Comment va la muse de mes rêves? reprit-il, sourire malicieux aux lèvres
-Ma muse ?! Tu parle de quoi? Oh...Tu rêves de moi?
-Peut être...
Ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça, de l'amour. Ma dernière relation de l'époque s'étant mal terminée, à coup d'insultes, de pleurs et de cris, j'avais perdu confiance en l'humanité et à ses hommes mais depuis la venue de Cory dans ma vie je m'étais remise en question.
-Qu'est ce que tu fiche dehors à cette heure si matinale? demandai-je
-Rien de spécial, juste...
Mon cellulaire l'interrompit dans son explication, c'était ma mère.
Je répondis attendant quelle me dise que j'avais oublier d'acheter son paquet de clopes, mais je compris que l'origine de cet appel ne venait pas d'un simple paquet de Marlboro goût menthe. Je venais de raccrocher et Cory sentait que j'étais mal à l'aise:

- Je dois partir, lançais-je à Cory, prête à m'en aller.
- Mais... qu'est ce que t'as? C'est ta mère? Elle va bien?
Ça me faisait de la peine de le laisser tout seul sans réponse, donc je répondis, sincèrement:
- Je ne sais pas ce qu'il se passe justement, ma mère avait une voix spéciale... il faut que je m'en aille.
- Bah... ok ça marche, dépêche toi de la rejoindre, tu veux que je t'accompagne?
J'étais déjà partie mais je lui hocha la tête en signe de négation. Je me mis à courir, les rues étaient vides et silencieuses, d'un silence si inhabituel que cela en devenait affligeant. J'arrivais devant chez moi rapidement, j'ouvris la porte, toute tremblante, me demandant ce que j'y trouverais derrière. Ma mère était là, assise dans la salle à manger, je pris place côté d'elle silencieusement:
-Ça va maman? dis je, doucement
- Il faut être forte ma chérie...
Elle me regardais, me caressant les cheveux, des larmes commencèrent à ruisseler sur se pommette blanches.m
- Accouches maman.
Nos voies s'atténuaient de douleur et je voulais pleurer, mais ses paroles arrêtèrent le temps:
-Le corps de Mina a été retrouvé mort dans les bois"

Meurs dans le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant