Meurs dans le silence

Notre rencontre

"Le meurtre est l'ultime échec de la parole"
Jean-Michel Besette

Tout a commencé un samedi soir de février, j'avais 16 ans environ. Mes amis et moi avions décidés d'aller boire un verre au Country Club, c'était un bar faisant restaurant, garderie, refuge ou encore maison-clos. dans ce bar vous pouviez trouver toutes sorte de personne: des gourous du mouvement hippie, des SDF, des jeunes nounous en manque de crack, le seul pakistanais du coin, le pasteur prêchant la bonne nouvelle a qui voulait l'entendre, toute la terre entière était coincée dans ce bar quand j'y repense.

Même si nos parents n'étaient pas très attendris par cette idée, nous y sommes tous allés à nos risques et périls, certains se sont endettés de corvée pour les 10 prochaines années, d'autres ont dû faire le pont et certains n'ont pas vraiment eu de difficultés à sortir et je faisait partie de cette dernière catégorie.
Ce soir là, nous fêtions l'obtention d'un job de mon ami Jack. Amis d'enfance, Jack et moi avions presque grandi ensemble, et quand il a rencontré Jamie, sa petite amie, j'ai appris à la connaître et elle devenu une de mes amis à part entière.
Chacun vaquait à ses occupations favorites, billard pour les uns, fléchettes pour les autres,    bière-pong pour quelque uns, personnellement ce soir là j'ai fait les 3.
Après quelques heures dans le bar, la porte s'ouvrit et il rentra...
Je ne le quittais plus du regard. Il salua de la main le barman, discuta quelques temps avec lui, puis Jack se leva en sursaut et s'écria en s'approchant du jeune homme:

-Cory ! Comment va tu ?Ça fait plaisir de te revoir ici !

Ils s'enlacèrent fraternellement et Jack décida de tous nous présenter, puis arriva mon tour :  

"Elle, c'est Mary, une amie d'enfance, fit Jack
-... Mary..., répéta doucement ce fameux Cory
-Salut, je suis... Mary... son amie" répétais-je bêtement sans comprendre pourquoi.
Je voulais me cacher dans un trou, tellement j'étais intimidée par lui, mais pourtant mes yeux se posèrent sur les siens pendant une fraction de seconde et je vis qu'il me regardait avec un regard tellement profond et séduisant que je ne pouvais pas m'empêchait de lui sourire comme une gamine de 8 ans.
Cory venait d'avoir 17 ans quand je l'ai rencontré. Il est brun avec des reflets blonds, ses yeux sont une aquarelle de couleurs: bleu par-ci, vert par-là et plein d'autres couleurs, ce qui le rend encore plus craquant. Il avait un petit accent anglais, grâce à cela il pouvait faire fondre n'importe quelle américaine. Il était grand et svelte, ce genre d'homme qui met femme et homme, perdu de tout moyen grâce à son charisme et à sa prestance.
En bref, il me plaisait.
Nous avons passé la soirée à parler, à rire et je commençais vraiment à apprécier la mentalité de ce Cory, il était pacifique, rêveur, créatif et drôle. Il me plaisait et je crois que s'était réciproque. Cory vient de Californie, mais il est originaire d'Angleterre, d'où son accent. Il n'a jamais connu sa mère, évaporée de sa vie juste après la naissance de son fils Cory, le laissant seul avec son père avec qui il n'a pas de très bonnes relations. Il était au Texas pour passer des vacances chez son parrain et sa marraine.
Venue la fin de la soirée, je devais m'en aller. Nous nous regardions silencieusement. Il fouilla dans sa poche et en sortie un petit papier un peu froissé sur lequel il gribouilla des choses puis me le tendit. Je le prit, le mit dans mon sac sans y faire attention , l'embrassa sur sa joue froide et rose, lui souhaita une bonne fin de soirée et partit rapidement.
Quelques jours après notre rencontre, j'avais oublié Cory et le petit papier au fond de mon sac ne m'intéressait plus. Il était 17h 00 quand mon cellulaire sonna, numéro inconnu, je décrochais, perplexe:
"Allô? demandais-je doucement
- Oui... c'est Mary ? me demanda une voix qui m'était familière
- C'est bien moi... mais vous êtes qui ?
- C'est moi... Cory
À ce moment et pour une raison que j'ignorais, mon coeur battait rapidement, mon zen habituel c'était transformé en angoisse, je demandais d'une voix monocorde:
- Ah Cory! Ça fait... un moment... Comment vas tu?
- Je vais bien et toi?
-Cool! Mais comment as tu eu... mon numéro?
- C'est Jamie qui me l'a filé, j'espère ne pas te déranger?
Si, il me dérangeait, j'étais en pleine révision mais pourtant je répondis:
- Non, pas du tout "
Nous avons passé la soirée à parler de tout et de rien, de la nature, de la mort, de littérature française, de politique. Une sorte d'amitié c'était instaurée entre lui et moi et ceci me rendait heureuse. La "relation" que j'entretenais avec Cory était purement amical, même si nous le savions, on se plaisait beaucoup. Etant donné qu'il n'était dans mon lycée, je profitais de chaque instants que j'avais avec lui. Je m'étais faite un nouvel ami.