Chap. XV | Eva

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   -Non vraiment je repasserais plus tard Théo, si tu me dit qu’elle va bien…

C’est la voix d’un garçon. Plutôt jeune je dirais.

- Tu es pressé?  

Mon frère répond à la personne. Celle-ci ne lui donne  pas de réponse immédiate.

- Très bien ! Donc tu restes et je te ramènerai chez toi.

Le garçon souffle et Théo vient vers moi. Il passe sa main doucement sur mon bras. Comme s'il a peur que je ne me réveille pas à nouveaux.

    -Eva ?

J’ouvre doucement les yeux pour me réadapter à la lumière. La première chose que je vois c’est Théo qui sourit.

    -Je savais bien que tu ne dormais pas

Il se relève et regarde le garçon.

    -Je vais chercher à boire tu veux quelque chose eva?

Je fais un non de la tête. Je suis encore un peu dans les bras de Morphée. Si je reste encore éveillée dix minutes ca sera un miracle. La morphine joue bien son rôle.

- Et toi?

Il s’adresse cette fois au garçon. Ce dernier lui fait un non de la tête. Alors que je regarde la scène,  Théo sort de la chambre je me retrouve donc avec le brun. Il doit sentir mon regard car ses yeux viennent s’accrocher aux miens. Aucun de nous deux ne dit quelque chose. On est juste là, à se regarder. Les émotions dans ses pupilles sont multiples et je n’arrive pas à toutes les identifier.

Au bout de cinq minutes, n’y tenant plus je dis :

    -T’es qui?

Je le vois se dandiner sur place, l’air mal à l’aise. Il ne me répond pas directement cela me laisse donc le temps de mieux l’analyser.  Il est assez imposant pour un mec de mon âge -du moins je suppose qu’il est dans la même tranche-, ses yeux gris bleus et ses cheveux bruns viennent ajouter un côté sombre à tout ce tableau. Mais… Plus je réfléchis, plus ce mec me semble familier. Non pas que je le connaisse personnellement mais je l’ai déjà croisé. Et pas qu’une fois. Je fais tourner mes méninges, et Dieu sait à quel point ce n'est pas une tâche aisée, afin de me souvenir.

    -Je suis Kye, Terminal S dans le même bahut que toi. On me surnomme “l'associable” au cas où que ce détail pourrait t”aider.

C’est cette dernière information qui éclaire ma lanterne faiblement allumée. Faible… Un mot qui me caractérise si bien. Sans aucune force. Si j’avais eu, ne serait-ce qu’une once de force, j’aurai pû éviter de me retrouver dans ce lit d’hôpital, amochée comme je l’étais devant un mec que je ne connais même pas !

Sans m’en rendre compte, je serre les poings et tourne la tête vers la fenêtre qui donne toute la luminosité de la pièce. La vue n’est pas extraordinaire dans la mesure où elle donne sur des toits des maisons aux alentours. Ce qui est plaisant, c’est que je suis comme au dessus de tout. Au dessus des autres. Je ne me sens pas puissante, loins de là mais, je me sens en sécurité, pas atteignable par des gens qui se la joue caïds… Et j’aimerai tant aller encore plus haut, vers le ciel, rejoindre mes parents. Tant de désespoir. Tant de ténèbre qui m’entoure sans aucune vision, même infime, d’un quelconque arc-en-ciel. Je ne sais plus quoi faire, plus quoi dire. Juste envie de … Partir, m’évader loin de cette vie merdique. Je voudrais seulement qu’un ange vienne me sauver. Est-ce trop demander? Apparement oui...

Kye remarque quelque chose que je n'ai pas remarqué avant:  les larmes noient mes joues. Je ne peux pas les empêcher de rouler sur mes pommettes. C’est plus fort que moi..

    -Eva.

Je refuse de tourner ma tête vers lui. Il a pas le droit de me voir ainsi. Et puis, qu’est-ce qu’il fait là ?

    -Va t’en ! crié-je.

    -Tu rêves ma belle.

Aucune hésitation dans sa réponse. Sceptique, je me décide à quand même le regarder. Au point où on en est… Je veux savoir pourquoi il est là alors que personne n’est présent, outre mon frère. J’ai toujours été toute seule, pourquoi du jour au lendemain quelqu’un voudrait faire partie de ma vie ? À moi une pauvre fille avec quelques rondeurs, sans aucune importance, qui pourrait crever sans qu’on remarque sa disparition?

    -Pourquoi t’es là ? T’es qui ? Tu me connais même pas alors dégage!

Je vois que mes paroles l’ont blessés dû au voile de tristesse qui est perceptible dans son regard. Je m’en veut. Je ne suis jamais violente dans mes propos quand les gens sont gentils avec moi. Mais plus personne n’est gentil avec moi et le voir là, butté et têtu me fait un drôle d’effet, ne sachant sur quel pied danser. Il fait vite disparaître cette émotion et me prend le visage entre les mains.

    -Oui je ne te connais pas et alors? Qui dit que je veux pas apprendre à te connaître ? Qui…

    -Elle est bien bonne celle-la. J’ai failli mourir et c’est seulement là qu’on veut être pote avec moi? V’la la vie de merde. Laisse moi maintenant, vraiment. Continue de faire comme si je n’existais pas.

Cette dernière phrase je l’ai dis dans un murmure et je ne suis pas sûre qu’il l’a entendu. D’ailleurs, est-ce que je veux qui l’entende? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue et un flot de sentiments contradictoires s’adonnent à un fight dans ma tête. Mais, sa réponse me confirme qu’il a bien capté ma phrase.

    -Non je ne te laisserai pas et tu sais pourquoi ?

Je secoue la tête, dans l’incapacité à  dire quoique ce soit.

    -Parce-que ça fait deux jours que j’essaie de te trouver. Deux jours que je cours après toi car, la dernière fois au parc, tu as oublié ton manuel de maths et je voulais te le rendre et apprend à te connaître. Ne me demande pas pourquoi, je cherche encore la réponse Eva mais crois moi je ne te laisserai pas.

Il reprend son souffle. Me regarde. Et reprend :

    -C’est moi qui suis intervenu dans les toilettes, j’ai… j’ai vu ce qu’ils t’ont fait et ils vont douiller à l’avenir, je te promet. Je te promet qu’ils vont le payer.

Je ne suis pas capable d'émettre le moindre son. Je ne suis pas devenue aphone mais sa tirade m’a touchée. Personne n’a montré un tel intérêt à mon égard. Je me sens… bizarre. Je… Je perds pied avec le réel et sombre dans l’inconscience. Avant de totalement partir j’entends au loin :

    -Eva ? Eva !

    -Ne t’en fait pas Kye, elle s’est juste endormie à cause de la morphine.

C’est Théo qui vient de rentrer. Ils commencent à parler et, quant à moi, je tombe définitivement dans le sommeil

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Enfin la suite n'est-ce pas ? En espérant que cela vous plaise! On va essayer de reprendre un chapitre par semaine en le mettant le dimanche. Donc.. à dimanche prochain pour la suite :)

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