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À vrai dire, les choses se déroulaient bien mieux que ce que l'on aurait pu penser.

Je me souviens du changement d'établissement en cours d'année. J'avais quitté mon collège pour un autre. Une seule personne allait me manquer mais, elle représentait énormément pour moi. Je savais que néanmoins, nous allions pouvoir nous revoir. Je parle bien évidemment de Dhyane. 

J'étais arrivée au foyer le 14 Octobre 2016 avant d'en partir le 18 Juin 2017. Autant vous dire que l'année avait été mouvementée. Pour commencer, la rupture avec mon copain. Et ce c****** de f**** je n'étais pas prête à l'oublier croyez-moi. Ensuite viens le changement de collège. Honnêtement, les gens étaient particulièrement gentils (et c'est surprenant).

En fait, il s'agissait d'une vie presque normale. Nous vivions tous ensemble, étions réglés comme les aiguilles d'une montre et pourtant, nous faisions en sorte de faire de chaque jour, un jour unique.

Mais les meilleures conneries sont pour ce chapitre et seront classées de la plus amusante à la plus mémorable. Je tiens à prévenir qu'elles étaient aussi stupides que " drôles", à prendre donc au second degré !! Elles ne sont pas raconté dans l'ordre chronologique du placement

Celle que je qualifierais d'enfantine est la suivante. On devait être en Décembre quand ça a commencé. Un des garçons, Jules avait eu l'idée de lancer un kiwi chez le voisin. Je vous accorde, c'est carrément stupide. Le fait est qu'avec le temps, nous lancions de plus en plus de fruits chez les voisins qui ne cessaient de se plaindre. Et puis une fois, entre filles, au deuxième étage, nous avions pris des oranges et un couteau. La gagnante était simplement  celle qui l'envoyait le plus loin. Et l'une de nous avait réussi à envoyer le couteau dans un jardin un peu plus loin. Voici pour la première.

La deuxième qui me vient à l'esprit est tout aussi ridicule que la première. Les disputes étant assez fréquentes en collectivité, il faut savoir tout de même recaler certaines personnes à leurs places. Le pire, c'était chez les filles. Je me souviens qu'il y en avait du nom d'Ellie, que je portais pas particulièrement dans mon cœur, qui se comportait d'une manière qui ne plaisait pas beaucoup à l'ensemble du groupe. Et un jour, ça a pété. Sarah, une fille avec qui elle partageait sa chambre, l'avait surprise a volé son mascara (quand je vous dis qu'on était vraiment cons). Pour faire payer Ellie, Sarah a découpé tous ses habits avant de renverser du dentifrice dessus. Et vous savez quoi ? Ellie a fugué pendant un peu plus d'un mois. Et nous étions bien tranquille. Et au cas où certains d'entre vous se serait inquiété à son sujet, elle est bien rentrée au foyer au bout d'un mois, à mon plus grand désarroi. 

Viens ensuite la 3eme. Un autre soir de Décembre, une petite fille du nom de Maria hurlait encore, nous empêchant de dormir, comme tous les autres jours depuis son arrivée. Chacun arrivait avec son passé. Le fait est que, une fois de plus, les pompiers étaient présents et qu'elle hurlait, comme si elle était en transe. C'est l'élément qui a déclenché la crise chez les autres ados. La fille qui partageait ma chambre a lancé l'appel à la fugue. Et vous savez quoi ? Et bah trois minutes plus tard, on était tous prêt à se tirer. Nos sacs sur le dos, on est descendu à la queue leuleu ( vous écrivez ça comment vous ?). En moins de deux, nous étions dehors. J'étais la première à avoir réussi à sauter par-dessus le mur. Je m'étais juste éclatée les pieds mais bon ,qu'est ce que j'en avais à foutre ? RIEN DU TOUT ! Le seul bémol, c'est que l'éducatrice étant d'astreinte ce soir-là, était arrivée au même moment. Puis, malgré ma tentative de fugue, je m'étais faite vite rattrapée par un éducateur. J'avais essayé de lui piétiner ses Nikes neuves mais c'était mort, il ne lâchait pas (rip les shoes à Mama ). J'allais alors tenter autre chose. Et une partie de mes colocataires avaient très bien compris ce que je comptais faire. "Etre fourbe, c'est tellement mal", m'étais-je dit avait ironie avant de suivre docilement l'éducateur. Ce n'est qu'au dernier instant, celui où l'astreinte devait en emmener certains dans un foyer adjacent au nôtre, dont moi, que j'ai lâché mon sac et que je suis partie en courant, accompagnée de deux filles, Lara et Éloïse, ainsi que de Jules, le garçon qui avait lancé la mode du lancer de fruits. On courait comme des dingues. Nous n'avions aucune idée d'où nous allions. Mais nous fuyions. Et c'était la seule chose qui comptait. Enfin, jusqu'à ce qu'on arrive à la gare la plus proche, essoufflés. Jules était retourné sur ses pas. Nos actes avaient de sérieuses répercussions sur nos situations de placement. Et il ne voulait pas se pénaliser, ce qui est tout à fait normal. En arrivant à la gare dont je vous parlais il y a un instant, nous sommes descendues dans le souterrain. Que devions-nous faire ? Rentrer ? Une excellente idée, mais elle ne figurais pas sur le podium de nos choix préférés. Nous continuions de débattre sur le futur lorsque Lara partit en courant sans qu'on  ne sache pourquoi. "Oh merde" avait été sa seule indication. Nos regards étaient remplis d'incompréhension. C'est en jetant un coup d'œil à l'entrée supérieur du souterrain que je vis ce qui avait fait fuir Lara. Ou plutôt qui l'avait fait fuir. On partit au moment où on se fit repérer. Non je ne parle pas de la police mais du même éducateur à qui j'avais sali les pompes, une vingtaine de minutes avant. Éloïse ne s'était arrêté qu'une quinzaine de minutes de course, tandis que Lara et moi avions capitulé, nous faisant une raison. Les choses ne changeront jamais au foyer. Elles ne feraient qu'évoluer. Pour le meilleur et pour le pire.

Ces passages étaient, pour moi, capitaux dans ce livre. Vous comprendrez par la suite.




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