Prologue

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          Je me souviens encore de cette nuit-là

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          Je me souviens encore de cette nuit-là. Il faisait noir et il n'y avait pas d'étoiles, seulement des lueurs rougeâtres qui contrastaient avec le ciel bleu nuit. L'air y était irrespirable, imbibé d'odeur de bois brûlé et de sang, rendant ma course pour fuir cette cité dévastée presque impossible.

          Pendant que je courais, je voyais d'étrange et sombres silhouettes que je nommais les Capes Noires car c'était tout ce qu'on pouvait voir de ces personnes qui faisaient régner la terreur. Mon coeur ballottait dans ma poitrine et me faisait terriblement, atrocement mal. L'air passait difficilement dans mes poumons, ils étaient comme perforés de toute part, et cette sensation je m'en souviendrai toute ma vie. Chaque pas que je faisais, et qui m'éloignait de cet immense brasier, était douloureux. J'avais si mal à mes jambes endolories, à cause des gravas que j'avais reçus lors de l'effondrement de ma maison. J'avais comme l'impression que deux épées étaient plantées dans mes frêles et minces cuisses, rendant chacun de mes pas difficiles.

          Dans cette nuit sombre, loin de tout clarté, résonnaient des cris déchirants de douleur, de terreur et de mort dans mes oreilles de petit garçon huit ans. En l'espace d'une journée, j'ai vécu les pires horreurs. Ma famille, mes amis, mon foyer, ma petite chambre, j'ai tout perdu. On m'a tout pris, en à peine quelques secondes.

          Les larmes, à présent, dévalaient sur mes joues, les unes après les autres telle une pluie sans fin. Pourtant, je savais qu'il ne fallait pas que je pleure.

          Ma mère – Séphira – me disait toujours que chaque larme versée est un nouveau printemps en soi, et qu'une seule larme peut faire fleurir n'importe quelle fleur n'importe où, même dans le désert le plus aride.

           Soudain un nuage de cendres et de poussière me sortit de mes pensées. Il fonçait droit sur moi tel un vent funeste qui promettait mort et souffrance à celui qui serait dedans.

          Trop tard, en à peine une seconde j'y étais. Je ne respirais plus, ma gorge me brûlait, me serrait, m'empêchait de respirer. À chaque tentative, la douleur augmentait et tiraillait la chair de ma gorge si sensible, ce qui rendait la douleur invivable. Ma vision se troublait, j'avais besoin d'air. J'essayais à présent de sortir de cet enfer, faute de pouvoir respirer convenablement, mais impossible. Mes jambes tremblaient et commençaient peu à peu à ne plus répondre correctement à mes ordres de déplacement.

         Je m'effondra.

          Ma peine, les horreurs que j'avais vues et endurées avaient eu raison de moi. Cela en était trop pour mon petit corps, ayant à peine goûter ce fruit qu'était la vie. Je sentais mes yeux peu à peu se fermer, et ma vision se troubler. Mais ce que j'ai vu, je ne l'ai pas imaginé.

          Malgré l'obscurité omniprésente, j'étais parvenu à remarquer une Cape Noire, qui s'approchait de plus en plus de ce nuage infernal, et de mon être. Ne craignant nullement ce piège dans lequel j'étais pris, elle entra, me prit et me sortit, tel un héros n'ayant peur de rien.

          Avant que tout ne devienne noir, je pus entendre ces mots si simples, mais pourtant si difficiles pour moi à ce moment-là :

          — Ne craint rien.

           Après ça, plus rien. C'était le noir complet, et jamais je ne saurais qui m'a sauvé et comment j'en suis arrivé là. Mais tout ce que je sais, c'est qu'après cette nuit on put lire en gros titre sur les journaux : « Tears of Witch détruite ».


L'Ordre du Cygne NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant