Chapitre 12

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          Les secondes s'écoulaient lentement, comme si le temps s'était figé dans la clairière.

          Edwige fondait à une vitesse fulgurante sur Myaka, qui était maintenue au sol par Gereth et Shadow. Will, en voyant sa coéquipière en danger, tenta d'arrêter la brune dans sa course, mais celle-ci l'envoya valser contre un arbre, arrachant un petit cri de douleur à la jeune femme lorsque celle-ci heurta le tronc.

           Après Will, se fut au tour d'Hiro de s'interposer sur la trajectoire d'Edwige. Il réussit à la stopper pendant une bonne minute avec ses deux arbalètes, tirant ses carreaux vers elle, qui finit par esquiver et l'envoyerjuste devant Myaka en un coup de pieds.

          Maintenant, il ne restait plus qu'Erik, le seul à pouvoir arrêter Edwige, prise de pulsions meurtrières. Ce qu'il fit, en se mettant juste devant ses compagnons les bras ouverts en signe de protection. Ce geste arrêta brutalement la jeune femme, qui se redressa et se posta machinalement devant son ami, qui lui faisait face. Il inclina la tête d'un côté, avec un regard on ne peut plus effrayant, tentant de comprendre ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête d'Edwige.

          Erik laissa volontairement tomber son fameux bâton blanc, dont il ne se séparait jamais, et commença – toujours bras ouverts – à avancer vers la jeune femme qui recula de plusieurs pas. Pendant que ce dernier approchait, la voix qui avait pris possesion de l'esprit d'Edwige continua de lui sussurer des mots sanglants, lui soufflant de les exterminer tous, jusqu'au dernier, et d'ensuite aller dans un endroit dont elle ignorait l'emplacement.

          Alors qu'Edwige reculait, son dos rencontra un arbre, ce qui permit à Erik de plaquer son corps contre le sien afin de l'empêcher de bouger davantage. Enlaçant Edwige de ses bras musclés, elle ne pouvait plus effectuer aucun mouvement. Elle grimaça de rage, et lança des injures à son encontre. Mais le chef des Wonderers n'y pretta guère attention et sembla chercher le regard bleuté de la brune, qui faisait tout pour éviter que leurs regards ne se croisent.

          Malheureusement pour elle, Erik avait plus d'un tour dans son sac. Il dû ruser, et mettre son visage dans son cou pour qu'enfin elle daigne planter son regard dans le sien en lui hurlant d'arrêter. Obéissant, Erik se retira, croisant pour son plus grand plaisir le regard bleuté et haineux d'Edwige. Le collier de cette dernière attira ensuite son attention : il n'était pas tout à fait comme d'habitude.

          Au niveau du centre du pendentif, là où se trouvait un cygne surmonté d'une couronne, deux infimes lueurs rouges au niveau des yeux de l'animal. À ce moment, Erik se rendit compte qu'il n'avait encore jamais vu le bijou d'aussi près.

          Certes c'était la première fois qu'il y faisait attention, mais il n'était pas dupe. Il savait que ces deux lueurs étaient toute à fait anormales. Il entreprit de lui retirer le collier, mais une main le stoppa dans son mouvement. Lorsqu'il sentit de fines gouttes d'eau rouler le long de sa peau, il releva la tête.

          La Edwige aux envies meurtrières avait disparue. De grosses larmes coulaient le long du visage de la jeune femme.

          — S'il te plaît, ne me l'enlève pas... Pitié... c'est le seul souvenir qu'il me reste de mes parents., de ma tante..., pleura-t-elle doucement.

          Devant ce triste spectacle, Erik ne put rien faire d'autre que la libérer de son emprise. Il recula de quelques pas, sous le regard stupéfait de ses compagnons. S'en retournant, il alla près de Myaka, laissant Edwige se remettre de ses émotions. Il sortit ensuite de la clairière, suivi de près par la jeune femme aux cheveux de jais.

          Voyant qu'Edwige reprenait peu à peu son calme, Will tenta alors une approche en s'avançant vers elle, tandis que les autres disposaient les morceaux de bois de façon à former un cercle. Ne constatant aucune réaction agressive, la jeune femme aux cheveux rouges en profita pour se mettre près d'Edwige et déposa, une fois à ses côtés, sa main sur son épaule.

          — Tu vas bien, euh...

           — Edwige. Moi c'est Edwige, dit -elle en s'asseyant sur l'un des morceaux de bois. Et oui, t'inquiète pas, ça va.

          — Tant mieux. Tu sais, tu nous as fait un peu peur tout à l'heure, et je crois même qu'à Myaka aussi. Pourtant il lui en faut beaucoup ! rit-elle.

          Etonnamment, Edwige arqua un sourcil, comme si elle ne comprennait pas ce dont elle parlait.

          — Comment ça, je vous ai fais peur ?

          — Tu te souviens de rien ?

          — Me souvenir de quoi ?

          — Mais si, rappelle-toi ! Tout à l'heure, tu....

          — Will ça suffit ! coupa une voix masculine.

          — Mais Erik...., tenta la rousse en regardant le jeune homme qui venait de revenir.

          Sous l'insistance de la jeune femme, le regard d'Erik se fit soudainement plus sombre, plus effrayant. Son corps était comme entouré d'une aura noire, dissuadant quiconque de défier son autorité. Will ne put que se soumettre, et partit rejoindrer les autres.

          Erik en profita alors pour se rapprocher d'Edwige, qu'il dévisagea un instant. Elle, ne put s'empêcher de rougir et de fuir son regard afin de cacher le trouble qu'elle ressentait à l'instant même. Il semblait amusé par cette réaction, et l'embêta ainsi pendant un bon moment.

           Les secondes passèrent, puis les minutes, et enfin les heures. Tous étaient désormais réunis autour d'un grand feu de bois, assis sur les morceaux de bois qu'avaient placé Shadow, Gereth et Hiro quelques heures plus tôt. L'ambiance était festive et agréable pour les Wonderers, qui discutaient de tout et de rien en dégustant leur repas, et en déblattérant quelques anecdotes sur leurs membres. Malheureusement tout le monde ne prenait pas part à cette bonne humeur, et cette personne n'était nulle autre qu'Edwige. Elle restait là, assise à ne rien dire, mangeant en silence, la tête basse, se sentant quelque peu mise à l'écart par les autres, par ceux qui allaient ses compagnons à elle aussi. Elle ne savait rien d'eux, de leur caractère, et ignorait complètement à qui elle avait affaire.

           Pendant qu'Edwige restait muette, Erik, lui, racontait ses aventures avec un grand enthousiasme, tout en gesticulant dans tous les sens pour illustrer ses récits. Il était situé, au milieu du cercle formé par ses compagnons, au centre de l'attention. Racontant à ses amis toutes les péripéties qu'il avait du affronter depuis leur séparation – quelques mois auparavant –, il en vint enfin à parler de sa rencontre avec Edwige. Tous se redressèrent alors afin d'accorder une oreille plus attentive à ce que leur chef allait leur renconter. Tous, sauf Edwige, qui n'avait absolument rien suivi de la conversation.

          À peine eut-il commencé son histoire que tous les regards se tournèrent vers elle, qui avait le regard tourné vers le sol. qui regardait avec insistance le sol sous ses pieds comme si cela était la chose la plus extraordinaire du monde, ne remarquant donc pas leurs regards sur elle.

           Erik n'oublia pas de mentionner les origines d'Edwige, ainsi que l'intérêt certain qu'elle suscitait pour les Capes Noires. Évidemment, la suite de l'histoire ne fit qu'accentuer l'atmosphère pesante qui venait de s'installer, notamment lorsquil en vint à parler de la destruction d'Hawling. et cela continua jusqu'à ce qu'à ce qui se passait maintenant.

          Erik termina enfin son histoire. Chacun semblait être retombé dans de tumultueux et sombres souvenirs... La fin de cette ambiance gaie incita les jeunes gens à prendre conger, et à se remettre de cette fatiguante journée, riche en émotion, sous les doux craquements du feu qui se consumait sous le ciel étoilé que leur offrait la clarrière endormie.


L'Ordre du Cygne NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant