Dos à l'impuissance, face à la lumière

11 1 0
                                    

Le plus éprouvant est la culpabilité d'avoir décimé un collège entier ou bien affronter le regard dépité de son père ? Peut être les deux à la fois.

- J'te jure c'est arrivé si soudainement je... moi même je n'ai pas réalisé... j'ai pas compris...

- Je te crois So' mais le gouvernement ne te croira pas. Dépêche toi de faire ton sac. Murmura M. Terrier à l'adresse de sa fille.

La famille Terrier logait dans un quartier ni trop aisé ni trop démuni dans le Sud de la France. La jeune fille aimait ce quartier, observer les vagues méditerranéennes et les reproduire sur une feuille blanche. Juste à l'aide de son crayon.

- Je sais ce que j'ai oublié !

Elle se précipita vers le tiroir de sa chambre et saisit un paquet de feuilles A4 et son crayon préféré. Elle combla l'espace vide de son sac avec quelques vêtements en plus qui lui manqueraient sûrement une fois la bas, un roman qu'elle n'avait pas fini, une paire d'écouteurs et un chargeur de téléphone.

Un dernier regard dans le miroir. Ses traits tirés par la fatigue et l'anxiété lui donnaient un air de zombie. Ses cheveux chatains foncés auraient bien besoin d'un coup de peigne. Et que dire de ces cernes violacées encadrant des yeux bleus-gris brillant de sommeil ? Un piètre portrait je ne vous le fais pas dire.

- So' dépêche toi ta mère nous attend.

Une fois dans la voiture, ils se dirigèrent vers un petit village à quelques kilomètres afin d'adresser un dernier regard à Dolores, la mère de Sophia.

Arrivés devant une coquette maison bordée par un jardin aux plantes luxuriantes, l'adolescente chercha du regard cette femme qui a été présente depuis toujours. Celle ci utilisait sa capacité, à savoir la guérison de la flore, dans la partie du terrain derrière l'habitation.

Une boule se créa dans le ventre de Sophia. Elle n'avait aucune envie de quitter sa famille, d'abandonner son petit frère, Enzo, qui devait intégrer le college désormais désert. Celui ci occupait le canapé hypnotisé devant des vidéos de "gamers".

Dolores se leva brusquement et adressa un sourire à sa fille, un sourire lui indiquant qu'elle ne lui en voulait pas, qu'elle comprenait. Elle se serrerent dans les bras et la femme chuchota.

- Je sais que tes derniers jours en ce collège n'étaient pas heureux, au contraire. Tu en as parlé à ton père ?

- Non. Et je ne compte pas le faire. C'est du passé maintenant.

- Alors je ne te demande qu'une chose : tiens moi régulièrement au courant de ce qu'il y a là bas. Je ne sais pas sur quel type de personne tu vas tomber... certains ont peut être mérité leur place dans ce pensionnat...

- Tout se passera bien maman.

- Il faudrait qu'on y aille. Trancha Brice Terrier.

Dolores et Brice s'adressèrent un bref regard et la jeune fille monta dans la voiture rouge de son père.

- Tu n'as rien oublié j'espère. En même temps si c'était le cas ça me m'étonnerait pas...

Sophia ne répondit pas. Elle n'aimait pas les conversations avec son père et le voyage lui parut interminable. Elle pensait à tous ces élèves qui ne suivaient que par peur de s'opposer à plus fort qu'eux. Elle pensait à ce "p'tit gars" qui n'avait rien mérité et fut prise d'un vertige. "C'est de ma faute" se répétait elle sans cesse. Elle avait l'opportunité d'arrêter à temps ce son destructeur mais au contraire, l'a fait persister plus intensément encore. Elle risqua un coup d'oeil par la vitre et aperçu un énorme bâtiment dépassant de quelques arbres.

PeculiarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant