Assise à la table de la cuisine, Margaret Garis soupirait devant son thé parfait. Elle y avait trouvé son petit-déjeuner préparé par son époux sans la moindre fausse note en entrant dans la pièce. Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose. Elle ne pouvait plus retarder la grave discussion parentale sur son bébé. Oh bien sûr ils allaient vraiment en parler. Pour les choses importantes concernant leur fils, ils décidaient ensemble et il ne serait jamais venu à l'esprit de Joshua d'imposer quoique ce soit dans ce domaine. Mais le simple fait de l'évoquer ou même d'y penser lui brisait le coeur.
- Margie chérie, je t'assure que la Stanford Academy est une très bonne école....
- Mais il est si petit encore. Il n'a que treize ans. Ce n'est encore que tout petit enfant. Trop jeune pour jouer au soldat. plaida-t-elle. Il est si fragile. Si sensible. Il va se faire mettre en pièce.
Cette fois ce fut au tour de Joshua de soupirer. Il avait, semblait-il, sous-estimé le côté mère poule de sa femme et la convaincre allait être mission impossible, les explosions et gadgets high-tech en moins. Mais comment pouvait-il lui en vouloir d'être si protectrice après toutes les épreuves qu'elle avait traversé pour l'avoir.
- Hayden a presque quatorze ans. Ce n'est plus un enfant. Et puis Stanford est une excellente école qui accepte des élèves dès onze ans. argumenta-t-il. Il y sera très bien encadré tout en bénéficiant d'un excellent enseignement scolaire. D'ailleurs il ne serait pas accepté s'il n'avait pas de si bonnes notes. Et puis j'y suis moi-même allé et ça ne m'a pas transformé en petit soldat, acheva-t-il d'un ton plus léger en prenant tendrement la main de Margaret.
Elle blêmit avec l'impression qu'un bloc de glace lui était tombé dans l'estomac. Non. Ce n'était pas possible. Il n'avait quand même pas fait ça.
- Tu... tu l'as déjà inscrit ?
- Mais non voyons. Comme si je t'aurais fait une chose pareil mon petit sucre. la rassura-t-il. Je dis juste qu'avec ses résultats scolaires il est assuré d'y entrer.
- Eh bien c'est non ! Trancha-t-elle avec fermeté.
Caché contre le mur près de la porte, Hayden soupira de soulagement. Il pouvait toujours compter sur sa mère pour le défendre face aux crises d'autorité de son père. Il avait encore le temps avant le lycée puisque grâce à un professeur absent il ne commençait qu'à onze heure. Cependant, le trouble provoqué par la nouvelle voisine l'avait tenu éveillé la moitié de la nuit. L'autre, il la passa à rêver de Perséphone. En plus, il avait bêtement oublié de modifier l'alarme de son réveil. Affamé, il s'était donc levé et surprit la conversation de ses parents. Complètement abasourdi qu'ils veuillent l'envoyer dans une école militaire, l'adolescent osait à peine respirer.
- Écoute ma chérie. Je te comprends crois-moi. Mais tu dois bien reconnaître que notre fils file un mauvais coton en ce moment et que je n'ai jamais dû le punir aussi sévèrement avant. Il est insolent avec ses professeurs, il est grossier avec nous, fugue en pleine nuit, ment... il faut agir maintenant avant que cela ne dégénère davantage et qu'il se mette à consommer de la drogue ou voler des voitures. Il a la chance d'être un élève brillant qui pourrait être accepté dans n'importe quel université. Reconnais que ça serait dommage qu'il gâche bêtement ses chances d'avoir une bonne situation.
- Oui... tu as sans doute raison... hésita Margaret.
Hayden l'impression soudaine que tout l'air de ses poumons venait de déserter. Que son coeur avait cessé de battre et que son sang s'était glacé dans ses veines comme si... comme si... comme si on l'avait jeté nu dans l'Arctique juste après l'avoir repêché de l'Antarctique où il avait atterri dans les mêmes conditions d'ailleurs. Il ne pouvait pas croire que sa mère cédait. Il ne pouvait pas croire qu'il allait être coincé là-bas jusqu'à sa majorité sans savoir si cette fille était ou non Perséphone. Non pas question ! Hadès recula lentement. Silencieusement. Et remonta aussi vite que possible dans sa chambre. Il sortit son sac de randonnée de la penderie et y fourra quelques vêtements de rechange, ses papiers d'identité, tout l'argent qu'il put trouver soit neuf dollars cinquante-trois, enfila ses chaussures de randonnée, son blouson et sortit par derrière. Cette fois il prit son vélo pour se rendre à la gare voisine en contournant la ville pour être sûr de ne croiser personne.
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Le retour des dieux
ÜbernatürlichesAprès un sommeil millénaire, les dieux du panthéon grecs sont réincarnés de nos jours. Ignorants le pourquoi de ce retour, dotés de leur mémoire mais privés de leur pouvoir, certains y voient une seconde chance alors que d'autres ont pour ambiti...