Le retour des dieux

Chapitre 8

La tête dans son casier, Hayden soupirait en formulant des voeux pour qu'une intervention divine mette fin à sa punition. N'importe laquelle. Il n'était pas difficile tant que ça lui évitait l'humiliation d'être conduit au lycée par sa mère. Dieu, Allah, Vishnou, Zeus... d'où que vienne l'intervention, il lui en serait éternellement reconnaissant. Non pas Zeus finalement. Son frère était plus prompt à en donner qu'à les lever. Alors inutile de gaspiller une prière. Au moins, l'école militaire n'était visiblement pas encore à l'ordre du jour. Certes le sujet ne fut pas non plus abordé durant le trajet, mais sa mère avait toujours été honnête avec lui. Donc elle le lui aurait dit. Et comme si ses problèmes avec ses actuels parents ne suffisait pas, il avait fallu qu'il tomba sur son autre paternel. L'adolescent secoua la tête pour chasser la colère divine qui montait en lui et jeta un coup d'œil à son emploi du temps, tout en se disant que finalement ce n'était pas plus mal qu'il n'ait pas de pouvoirs car il avait une furieuse envie de détruire des trucs. Son estomac se contracta. Une heure d'espagnol puis latin. Il y avait peu de chances que celui-ci prolonge son absence. Encore moins qu'il ait oublié leur altercation. Et les rumeurs selon laquelle Hayden était à l'origine de son arrêt n'allait sans doute pas arranger l'humeur de l'enseignant. Il devait absolument trouver une stratégie pour rester calme ou échapper légalement au cours de latin... Soudain quelque chose attira son attention. Une impression vaguement familière lui titillait les entrailles. Un doux mélange d'angoisse et de bonheur. Perséphone. Il en était sûr. Il n'y avait qu'elle pour le mettre dans cet état. Hadès, le coeur battant, se retourna pour scruter la masse mouvante des élèves. Elle était là quelque part. Si proche et si lointaine à la fois. L'avait-elle sentit elle aussi ?

Prêt du panneau d'affichage, en face des casiers en partis masqués par la foule, Pélagia fronçait les sourcils. Elle sentait comme des gargouillis dans ses entrailles. Ce n'était pas la faim puisqu'elle avait bien déjeuné. Non c'était autre chose. Quelque chose d'agréable. D'agréable et d'important. Mais quoi ?

- Le camion ! s'exclama-t-elle en agrippant sa soeur. Je suis sûre que ça y est il est arrivé.

- Qu'est-ce qui te fais dire ça ? demanda Léonora.

- Je le sens. Là. répondit-elle en posant la main sur sa poitrine. J'y vais.

- Mais non ! Tu peux pas !

- Mais si. J'ai trois heures de dessin alors pas grave si j'arrive en retard vu que je reviendrai avec mon matériel.

- Pélagia non ! Ça se fait pas ! s'écria en vain la cadette. T'es chiante !

Celle-ci s'étant déjà élancée vers la sortie, entendit pas la dernière remarque. Résignée, Léonora vérifia à nouveau le numéro de son casier et se fraya un chemin parmi les élèves. Elle sourit en reconnaissant le garçon à côté du sien.

- Salut charmant voisin inconnu ! Tu ne m'as pas dit ton nom hier. clama-t-elle avec force, faisant sursauter Hayden.

Il se retourna et examina de la tête aux pieds la fille qui lui faisait face. Elle portait une mini jupe kilt bleue avec des collants mauves, un t-shirt d'un jaune criard avec une sorte de blouson universitaire violet. Ses cheveux roux étaient séparés en deux couettes attachées avec des élastiques pâquerettes.

- Ta mère t'a laissé sortir comme ça ! S'étrangla-t-il en guise de réponse.

- Ouais pas j'y peux rien. Ces abrutis de déménageurs sont pas encore arrivés alors j'ai dû faire avec ce qu'on avait dans les valises. bougonna-t-elle vexée.

Évidemment, l'adolescente se garda d'avouer qu'elle n'en serait pas là si elle avait prêté plus attention à sa préparation au lieu d'y coller en vrac ce qui lui tombait sous la main.