I m your darkness [yaoi]

37. Faire la paix

Ce soir-là, il avait encore aperçu un lointain souvenir, une fugace silhouette se mouvoir à la clarté des réverbères, et de nouveau sa peau blanche s'était mise à brûler d'une incandescente douleur.

Ce voyage s'annonçait aussi long qu'éprouvant pour le petit démon. Pourtant, dès le lendemain sa maussade grimace s'était transformé en large sourire lorsqu'ils arrivèrent dans le musée de Cire. Silencieux, il se baladait entre les différentes statues, fixant ainsi leurs regards vides et inexpressifs. Il avait l'impression de se perdre dans un monde figé dans le temps. Le brun, voyant l'amusement du plus petit ne pouvait s'empêcher de rire tout bas.
De son côté il avançait avec Victor et Morgane qui rigolaient ensemble, le métisse s'amusant à associer chaque statue à une blague douteuse de sa conception. Ainsi ils arrivèrent bientôt dans la pièce dédiée à l'univers de Star Wars où Brice et Victor se sentirent vraiment à leur aise au contraire du petit démon qui dut regarder plus en détails les étranges êtres qui se tenaient devant lui. Les fous rires entre les trois camarades résonnèrent dans la pièce pendant une bonne demi-heure avant qu'ils ne passent à la suite et fin du musée.

Une fois tous les élèves rassemblés ils se dirigèrent vers un parc immense où ils pique-niquèrent dans une ambiance conviviale pendant laquelle le trio se mêla un peu plus aux autres. Hikage alla donc se percher en haut d'un arbre, sous le regard protecteur de son petit-ami qui se trouvait non loin, et regarda la nature tout autour.  Le parc était, en effet, plutôt grand et faisait le tour d'un lac endormi.  On aurait pu croire à un eldorado piégé entre les grandes bâtisses du vieux centre-ville ainsi formé de grands chênes et peuplé par de nombreux animaux, comme de petits oiseaux,  des cygnes et même des écureuils. Ces boules de poils, peu farouches, s'avançaient parfois vers le groupe pour essayer de voler quelques miettes, sous le regard émerveillé du métisse qui ne résistait pas à ces petites choses mignonnes.

Ce dernier essaya même d'en caresser un mais il se fit mordre en retour par la petite bestiole :

— Eh ben Victor,  je crois que tu lui as fait peur !

— Tu veux rire !  Je ne suis que paix et amour et lui... Et lui il me mord ! s'exclama-t-il en pestant contre l'écureuil qui s'enfuyait alors avec son gain, un bout de sandwich.

— Mais quel idiot..., fit Morgane en retenant un rire aigu.   

Quand la morsure de Victor fut enfin pansé et le repas fini, le groupe se leva pour suivre les autres lycéens qui s'étaient rassemblés autour des professeurs. Le brun se retourna alors vers le petit démon pour lui faire signe de le suivre mais il n'eut comme unique réponse que son mutisme tremblant.

En effet, son regard rubis s'était retrouvé totalement froid et agité d'une indicible anxiété et sa bouche, elle, entrouverte et fébrile semblait se mouvoir lentement sans que personne ne puisse entendre sa voix de l'extérieur. Il se rappelait de ces timides rayons hivernaux qui tentaient tant bien que mal de percer les épais branchages pour se refléter sur l'eau du lac. Il se rappelait, de l'odeur des feuilles mortes, de la sensation de cette terre sèche sous ses pieds nus lorsque l'été venait, de la douceur de ses paroles à la nuit tomber sur les berges du lac, de son regard pétillant de malice, de son visage souriant... Tout allait si vite dans son esprit, comme si chaque lieu de cette ville, malgré les âges passés, restaient imprégnés de souvenirs et d'images. Quand il revint enfin à lui même,  le temps semblait s'être arrêté sur ce petit bout de tranquillité verdoyante. Plus aucun chahut, le bruits assourdissants même de la ville derrière les arbres avaient cessé pour un silence soudain. Il était là,  Charles, traînant dans l'ombre du lycéen comme si cela avait toujours été sa place, comme si il n'avait jamais cessé de les suivre dans cette capitale qui est la sienne. Le démon n'eut pas le temps de réagir que le mirage du londonien avait disparu.