I m your darkness [yaoi]

33. Dénouement d'une triste farce ?

Bientôt il n'était plus capable de se débattre alors dans un dernier souffle il murmura avant de perdre conscience :

- Hikage... Reviens.... Reviens à toi...

Et bientôt, ses mains griffues toujours scellées autour de son cou rougi par la douleur, l'être cornu revint à lui, tremblant de désespoir et de terreur. Puis, le souffle saccadé et le regard agité d'une crainte confuse, il réalisait peu à peu la gravité de ses actes, de sa haine :

- B-brice ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?... Brice !? cria-t-il la voix sanglotante alors qu'il plongeait sa tête entre ses mains frissonnantes pour ne plus voir le regard du jeune homme.

Ce regard inanimé emplit d'épouvante, ces larmes encore chaudes qui perlaient dans ses yeux autrefois si joyeux, tout ça lui faisait tellement peur. Seulement, poussé par le chagrin, il se rua une nouvelle fois sur la silhouette évanouie du lycéen. Il essayait par tous les moyens de le faire revenir, priant même ce Dieu qu'il haïssait tant de le ramener, s'excusant maintes et maintes fois jusqu'à ce que sa gorge ne puisse plus sortir un son. Son cœur battait toujours, son souffle était court presque inaudible, mais le démon se trouvait incapable de le réveiller de son état presque léthargique.

Et bientôt, il se remettait à pleurer, la voix cassée et le fébrile :

- J'aurais mieux fait de disparaître ce jour-là... Je savais que ça finirait par arriver. Je suis tellement désolé, Brice... Je ne voulais pas, je ne voulais pas te faire souffrir toi aussi ! Je t'en prie ouvre les yeux ! Je t'en prie, toi, tu n'as pas le droit de mourir... Pitié... Je ne veux plus voir de nouvelles victimes entre mes mains, surtout pas toi ! Peut-être devrais-je tout simplement rejoindre de nouveau le royaume des songes et toi... Et toi tu n'auras plus à craindre mes mains vengeresses. Mes mains que je ne suis même plus capable de contrôler...

Après de longues heures les yeux du gamer s'ouvrirent enfin. Sa lampe de chevet était allumée ce qui l'éblouit un peu. Plissant les yeux pour s'habituer à la lumière, il regarda autour de lui perdu. Tout était calme, trop calme. Il allait se relever quand tout lui revint en mémoire, le visage défiguré par la rage de Hikage, ses yeux brillant d'une soif de sang et enfin ses mains autour de son cou. Il prit sa tête avec sa main tout en se tenant assis avec son avant-bras. Il tremblait d'effroi regardant autour de lui, il s'attendait à voir le démon surgir d'un coin sombre de la pièce pour lui sauter dessus et achever son œuvre mais le calme régnait angoissant encore plus le jeune homme.

- Hi-hikage, fit-il d'une voix rauque en essayant de se relever.

Ces simples paroles lui avaient brûlé la gorge déjà endolorie. Toujours aussi tremblant il se releva avec difficulté. Il se mit sur ses pieds en manquant de tomber. Il devait retrouver le démon car même s'il avait peur il ne pouvait se résoudre à laisser le plus petit seul et surtout dans cet état. Il ouvrit la porte de sa chambre et se retrouva donc dans le couloir sombre. Il devait faire quelques pas pour arriver à l'interrupteur mais la peur lui serrait le ventre et la gorge.

- Hi-hikage...? souffla-t-il de sa voix brisée.

Il n'obtint aucune réponse et dut donc se résoudre à avancer dans ce long couloir obscur. Avançant à tatillons il arriva à l'interrupteur et l'actionna. La lumière s'enclencha, soulageant en partie le jeune homme, rassuré par la soudaine clarté. Il s'avança avec plus d'assurance et se dirigea vers la salle d'eau. Il entra et découvrit le démon. Ce dernier, ébranlé par des sanglots incessants, se retrouvait recroquevillé sur lui-même, ayant enfoui son vrai et si honteux visage entre ses bras. Il désirait simplement disparaître, se dérober à cette lumière artificielle qui dévoilait alors faiblement sa silhouette meurtrie par les remords. Il voulait briser chacun de ses doigts afin de ne plus jamais étrangler qui que ce soit. Il souhaitait arracher ses yeux pour ne plus voir ce qu'il était, un monstre noir de vice. Il voulait seulement qu'on l'achève, que l'on mette enfin à terme sa misérable existence mais la mort aurait été une fin trop douce pour cet assassin sans scrupules. Il plaquait ses mains sur ses oreilles pour ne plus avoir à entendre ces rires, ces centaines de voix qui se jouaient de son malheur. Ces centaines de victimes qui se moquaient à l'unisson du désespoir de leur bourreau, en dansant autour de lui et en affichant leurs visages décomposés par l'effroi et le temps. Leurs mâchoires claquaient et leurs mains putréfiées applaudissaient en harmonie comme le feraient des spectateurs devant une drôle de  comédie. Et bientôt, parmi ses visions, venaient se joindre à la foule de macchabées, Brice.