ー à fleur de toi

à fleur de toi

Taeyeon est allongée à côté de moi, endormie. Elle est vraiment belle comme ça. Sa respiration est calme, si paisible. Son visage est reposé et ses traits détendus. La faible lumière passant d'entre les rideaux tirés se dépose sur son visage et lui donne un air angélique qui lui va à ravir. Son corps se soulève et se baisse régulièrement. Un léger sourire flotte sur ses lèvres roses.
En fait, elle n'est pas belle... elle est magnifique.

Tellement d'hommes seraient jaloux de ma place. Tellement d'hommes aimeraient côtoyer une créature aussi parfaite que celle qui est à mes côtés en ce moment même. Je lis leur envie, leur jalousie dans leurs yeux quand je passe à côté d'eux, quand on se promène main dans la main avec Taeyeon. Cette dernière ne remarque rien, trop occupée à rire et à parler de tout et de rien. Trop occupée à rayonner de bonheur. Cet état là la rend encore plus jolie qu'elle ne l'est déjà. Quand elle rit, ses lèvres s'écartent pour laisser s'échapper le plus beau son qui existe.

Sauf pour moi. Moi, je sais que le plus beau son du monde, c'est ton rire à toi. Fort, bruyant, renversant. Quand tu ris, tu ne cherches pas à te cacher ou à te calmer. Non, toi, tu te laisses emporter complètement, en emportant avec toi toutes les personnes autour de toi, et moi le premier. Et tu ris, de toutes tes forces, sans te soucier de rien d'autre. Le plus souvent, à la fin de tes rires, de petites larmes perlent aux coins de tes paupières, que tu essuies du bout du doigt en soupirant. A l'époque, je pouvais déplacer des montagnes juste pour entendre ce son sûrement produit par les dieux.
Quand Taeyeon rit, ça me rappelle tellement toi. Et ça me fait mal.

Jusqu'ici allongé, je me redresse en position assise. Je replie mes genoux vers moi et je pose ma tête dessus. Je souffle. Combien d'insomnies vais-je encore devoir traverser pour arrêter de penser à toi ? Je relève légèrement ma tête pour contempler Taeyeon. Le drap a glissé de son buste et je peux apercevoir la moitié de sa poitrine dénudée. Cette vue, qui en ravirait plus d'un, ne fait que me rendre étrangement triste.

Il fut un temps où c'était toi que je voyais nu, chaque jour et chaque nuit. Mon cœur se serre désagréablement. Tu savais exactement comment me faire plaisir, tous mes petits ou gros fantasmes, tous mes points sensibles. Tu connaissais mon corps par cœur. Et je connaissais le tien par cœur. Et je pense toujours le connaître aussi bien. La courbe brusquée de ta mâchoire virile, les muscles saillants de tes bras, ton torse plat et tout en relief à la fois... Un corps dont Apollon serait sans doute jaloux. Et un corps envié par bon nombre d'autres êtres. Mais tu avais choisi de me donner ton corps à moi. Alors je n'ai fait que le remercier pour ça.

Je me lève délicatement du lit, en veillant sur le sommeil léger de Taeyeon. Je ne suis sorti d'entre les couvertures que depuis quelques secondes que leur chaleur me manque déjà. Le caleçon que je porte n'est pas suffisant mais je m'en fiche. Si je me sens trop bien, je vais éprouver le besoin de retourner dans mon lit. Or, j'ai besoin de réfléchir, maintenant.

Je me dirige vers la grande fenêtre. D'ici, la vue est magnifique : les gratte-ciels sont des bijoux d'architecture, de couleur, de style. Du haut de mon 32ème étage, je peux observer la nuit agitée de Séoul, juste sous mes pieds. Ici, rien ne s'arrête la nuit. Sauf cette nuit-là, il y a 8 mois. Cette nuit-là, quelque chose s'est arrêté. Cette nuit-là, c'est ma vie qui s'est arrêtée.

Je m'appuie sur la fenêtre, le front collé à la vitre, le regard plongé dans cet amas de lumière et de vie devant moi. Quand j'y repense, il n'y avait rien pour nous rassembler toi et moi. Il n'y avait aucune raison pour moi de plier pour toi.

Tu étais un fêtard. Je ne l'étais pas.
Tu étais un homme extraverti, sociable, qui avait besoin d'action. J'étais quelqu'un d'introverti, une personne attachée à sa routine et son calme.
Tu étais une mauvaise personne. Je ne l'étais pas.
Rien ne nous rapprochait. Ce qui ne m'a pas empêcher de tomber fou amoureux de toi.