La serrure

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Un bruit sec à ma porte retentit soudain,
Et mon coeur à ce son bondit dans ma poitrine.
C'est ce signal tant espéré qui sonne enfin,
J'ai reconnu sa main qui chez moi tambourine!
Je me lève, le coeur en furie, les jambes vibrantes
Animée d'un désir qui renaît, flamboyant,
J'ouvre la porte et ne lui laisse pas le temps
De rentrer, je plonge sur ses lèvres brûlantes!
Nos corps enfin s'étreignent, se retrouvent et s'embrassent
Avec l'ardeur puissante qui jamais ne se lasse,
Et qui, bien au contraire, ne cesse de s'accroître:
Chaque fois, à sa vue, un peu plus je l'idolâtre!
Il s'avance en glissant dans le couloir, il ose,
Sans voir, trônant sur la table, les langoustes roses
Alors je lui demande s'il a faim, il rit.
Je comprends que pour moi seule il n'a d'appétit.
Il saisit de ses mains mes hanches et murmure
En basculant son corps contre moi, quelle dure,
Longue et douloureuse torture de t'attendre,
Mon désir impatient ne cesse de s'étendre!
Et la flèche sur l'arc tendu par le temps part,
Je sens son désir gonflé de sang, écrasé
Contre mon ventre à l'appel d'Eros affamé,
Je chavire, envahie par le feu dérisoire!
Il me serre dans ses bras de marbre puissant
Où j'aime suffoquer, sentir avec quell force
Il veut me pénétrer de son amour féroce,
Puis il me pousse dans la chambre fermement.
Il clôt la porte, presse la clé dans la serrure,
À deux doigts de savourer nos plaisirs obscurs...

À S.

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