Érosion

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Ô belles nuits d'ivresses où nos bouches s'épuisent
- Baisers brûlants constellés aux douces folies,
Dans un temps qui n'est plus, notre amour s'éternise,
Source intarissable débordant de son lit...

La friction de nos peaux a érodé mon flanc
- Comme la mer par les allers-retours des vagues
Use les bords de la falaise en l'embrassant,
Comme l'écume lui dessinant des zigzags...

Vous vous engouffrez dans les failles et dans les pentes,
Façonnez, pénétrez tous les secrets fébriles
Enfouis dans la matière; et bien plus qu'une amante,
Je suis dans vos grands bras une muse d'argile !

Et je porte les traces de vos mains sculptrices,
De votre dague noble, de votre langue habile,
Je les porte en mon âme, les chéris - ô délices,
Comme des reliques précieuses et fragiles...

Oserai-je un jour vous avouer, ô mon tendre,
Que je ne puis souffrir ces jours à vous attendre,
Que votre absence alors me pèse dans le cœur
Comme une enclume froide et dépourvue d'ardeur ?

Allons, venez encore imprimer votre amour
Contre mon corps qui vous réclame chaque jour,
Venez redessiner sur mes lèvres l'expression
De la joie qui ne connaît que l'adoration !

À E.

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