Pensées profondes

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Dans la voiture, ma maman avait déplacé le siège enfant à l'avant de sorte à ce que je sois à côté d'elle, chose qu'elle n'avait jamais faite auparavant. Elle avait aussi mis le son de la radio à six sur dix, alors qu'elle demande généralement de baisser le son à mon père car elle dit que la musique risque de le déconcentrer. Je devais dire que pour cette fois, c'était tant mieux. La radio camouflait tant bien que mal le manque absolu de conversation. Le silence commençait presque à en devenir gênant et ne faisait qu'accroître mon mal-être. Je prenais un sujet plus léger :

- 'Gona est toujours chez tati Bukuri ?

- Oui, je pense qu'elle va y rester encore un petit moment. Elle serait triste si elle te voyait blessée.

Un point pour elle.

J'ai toujours eu de bonnes relations avec ma mère. Elle sait quand je vais bien ou non, elle me comprend et est restée présente coûte que coûte. J'imagine que cela doit être le rôle d'une mère, mais la mienne est capable de devenir ma confidente et mon amie quand il le faut. 

Là, il le fallait.

Je tournais la tête vers la fenêtre. Les arbres étaient en fleurs et beaucoup de gens, bien que encore vêtus de vestes légères, s'amusaient dans les parcs. Il faisait plutôt beau. Quel jour étions-nous déjà ? La saison printanière certainement. Cela signifiait que c'était bientôt mon anniversaire, mais je pense que ce n'est pas le moment de réfléchir à cela. 

" Thivi e honkt ! "

C'était ma mère qui jurait et c'était une fois de plus, une chose qu'elle n'avait pas l'habitude de faire devant moi. 

Elle prit un virage bien trop violent pour notre petite voiture familiale au vu du bruit qu'ont fait les pneus. Je n'avais pas le temps de comprendre quoi que ce soit. Enfoncée dans mon siège à cause de la vitesse, je ne voyais que le visage de ma mère devenir de plus en plus rouge. Je commençais à prendre peur et ramenais du mieux que je pouvais mes genoux vers moi en tirant sur mes jambes avec mes bras. J'avais malencontreusement appuyé sur ma blessure que j'avais depuis, partiellement oubliée. La douleur se fit si aiguë quand je poussa un cri malgré moi et me mise à pleurer. C'est à ce moment que ma mère réagit. Elle regarda par le rétroviseur et lâcha un énorme soupir. Son soupir était comme une pause et en même temps qu'elle soupirait moi je respirais. Je respirais pour me calmer, mais aussi parce que ma mère avait l'air de se calmer en même temps. 

La voiture était arrêtée dans une petite ruelle à seulement quelques mètres de la rue que nous venions passer à une vitesse qui devait bien valoir une amende. Les yeux de ma mère faisaient des aller-retours entre moi et la vitre arrière de la voiture. Elle avait l'air perdue, mais au moins elle était plus calme, ce qui eut l'effet de me calmer moi aussi. 

- Maman qu'est-ce qu'il se passe ? , avais-je tenté une fois que son regard s'était fixé sur moi.

Là, elle regarda à nouveau autre chose. Loupé. 

Après une interlude de quelques secondes, j'allais reposer ma question, mais ce fut elle qui parla en premier. 

- Ton pè... 

Elle ne finit pas sa phrase qu'elle plongea la tête sur le volant et klaxonna accidentellement ce qui la fit sursauter. 

Lorsque je vis son visage à nouveau, ses cheveux noirs collaient à ses joues devenues humides. Elle ne perdit pas de temps avant de remettre ses mèches en arrière et de lever le frein à main. Elle démarra la voiture en prenant soin d'emprunter une autre rue que celle par laquelle nous étions arrivées et lança un dernier coup d'œil dans le rétroviseur. Cette fois, je suivis son regard.

Je me redressais sur mon siège et voyais.. Papa ? Avec une blonde ?



On ne choisit pas sa familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant