Ma fête d'anniversaire

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La fête commença. J'étais vêtue d'une belle robe noire que ma mère m'avait achetée. Mes cheveux étaient lisses et je portais des beaux escarpins. C'était rare de me voir vêtue comme ça. C'était douloureux aussi, mais mon reflet dans l'immense glace de mon entrée me faisait oublier les instruments de torture que je portais aux pieds. J'avais réussi à persuader ma mère d'annuler mon rendez-vous avec la maquilleuse, car cela aurait vraiment été de trop. La tenue suffisait à elle-même, donc je n'avais eu qu'à ajouter une touche de mascara et de fard à joues.

Tout se passait comme prévu, mes amis arrivaient à l'heure. Tous avec un sac à la main, j'imaginais qu'il y avait mes cadeaux dedans et j'étais impatiente de voir ce qu'ils m'avaient acheter. Inutile de me voiler la face, j'aimais les belles choses, même si de leur part rien que le fait d'être venus remplissait mon cœur de joie.

Le son de la musique était au maximum, tout le monde dansait et s'amusait. Plusieurs personnes avaient un gobelet entre les mains et certaines en avaient deux. J'imaginais que l'un était rempli de thé froid et l'autre de bonbons. C'était peut-être une bonne idée finalement. D'ailleurs, je devais retrouver ma meilleure amie, car j'avais l'air un peu idiote dans mon coin avec ma part de pizza à la main. Je balayais la salle du regard et n'aperçus aucune petite tête aux cheveux tressés et au regard espiègle. Je finis tranquillement de manger et partis me laver les mains. J'en profitais pour nettoyer les quelques tâches de sauce tomate à la commissure de mes lèvres. Je restais encore quelques instants dans la salle de bain pour profiter d'un peu de répit, mais tout à coup une vague d'agitations grimpa dans la salle d'à côté, si fort que le socle, sur lequel était déposé un savon à la lavande, trembla. Non, attendez. Je soulevais le socle et aperçus un téléphone portable. Qu'est-ce que le portable de mon père faisait sous le savon ? Il avait dû l'oublier dans l'après-midi quand il était venu monter les quelques installations pour ma fête. Je vis un certain nombre de notifications, mais me rappelais qu'avec le vacarme qui régnait dehors, je n'avais pas le temps pour ça. Je le glissais sans plus de cérémonie dans mon sac en notant sur mon pense-bête cérébral que je devrais le lui remettre demain. 

J'ouvris la porte avec précipitation et accourus dans le salon pour n'y trouver... personne ? Alors je sortis dans le pseudo-jardin-terrasse de notre maison de campagne. Un homme se tenait debout à côté d'une moto en face de ma demeure. Les gens étaient agglomérés autour de lui et cela m'agaçais énormément. Je pris l'initiative de traverser ma pelouse pour rejoindre le lieu de toutes les agitations et les talons de mes escarpins s'enfoncèrent dans l'herbe. 

Ces choses m'auront donc portées préjudice jusqu'au bout.

Je perdais l'équilibre et m'affalais dans l'herbe alors que mes chaussures étaient restées plantées dans la pelouse. Sans surprise, toute l'attention se portait sur moi et sans surprise non plus, je sentis mes joues chauffer en une fraction de seconde. Elles chauffèrent plus quand le mystérieux nouvel invité, qui jouait encore à la star il y a une minute, s'avança dans la pelouse et se rapprocha dangereusement de moi. Elles chauffèrent plus encore quand il se pencha en avant. Son visage s'avança vers le mien. Je l'entendis ôter son casque et le poser au sol. Je n'osais pas bouger et tout le monde nous regardait. Il approcha encore son visage, je pouvais presque sentir son souffle dans mes cheveux, puis dans une mince voix, à la fois grave et joueuse, je l'entendis me dire :

"Joyeux anniversaire Ma catastrophe."

Mon coeur s'arrêta. Comment dire que je l'attendais sans m'y attendre ? Je l'ai dit. Il était là, il était beau et il était venu pour moi à mon anniversaire.  

La suite, je ne vous la raconte pas, mais c'était le meilleur anniversaire de ma vie.

On ne choisit pas sa familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant