Moi, Sam, sans-abri (BxB)

Epilogue

Sam

Cinq mois plus tard

Le mois de septembre est enfin là ! Clara et Alain repartent en cours, c'est merveilleux ! Non mais franchement, deux mois de vacances avec eux c'est pire que supporter la chaleur de l'été parisien. Donc oui, clairement, je suis heureux de voir Alain partir en fac de Lettres et d'amener la petite dans sa nouvelle école. Eh oui, maintenant elle rentre en moyenne section donc on l'a inscrit dans une maternelle publique. Au moins, comme ça, je serais sûr de ne pas avoir de directrice chiante qui guette tout ce que je fais devant son établissement. En plus, je reste persuadé qu'elle sera plus heureuse en étant entourée d'enfants de classe sociale moyenne plutôt qu'avec ceux nés avec une cuillère en argent dans la bouche.
Ces cinq derniers mois ont été les plus beaux de toutes ma vie. Ma relation avec David est au meilleur fixe, Alain devient de plus en plus indépendant, Clara grandit et j'ai même trouvé un travail dans une librairie il y a trois mois. Bref, tout va bien. La seule petite ombre au tableau c'est que mon frère ne m'a toujours pas appelé. Oui, bon, il ne le fera pas, mais pendant les trois premiers mois j'avais bon espoir. Dieu merci, j'ai arrêté d'espérer pour rien assez rapidement, contrairement à David et Alain qui restent persuadés que Timothée va bientôt nous appeler.  Je les laisse espérer. C'est beau l'espoir. Moi, je l'ai totalement perdu durant mes trois années dans les rues, mais je respecte ceux qui l'ont encore. Lorsqu'on arrive devant sa nouvelle école, Clara se serre contre ma jambe en regardant la bonne centaine d'enfants qui font également leur rentrée des classes dans les huit différentes classes que gère cette école primaire située dans le huitième arrondissement, mais qui, pour l'instant, jouent seulement par groupe dans la cour de récréation tandis que leurs parents discutent avec le corps enseignant.

─ Allez, ma puce, on va rencontrer ta nouvelle maîtresse, dis-je en la prenant dans mes bras.

─ J'ai envie de rester avec toi...Dit-elle en commençant à pleurer et bougeant dans tous les sens.

Je soupire en la reposant par terre. Ce sont des larmes de crocodiles. Elle me fait ce cinéma depuis une semaine environ et bien que les premiers jours nous nous sommes inquiétés, on a vite compris qu'elle faisait dans le sentiment. Bien sûr, nous avons pensés qu'elle était triste de devoir quitter ses amis de son ancienne école, mais on s'est souvenu qu'elle n'avait pas vraiment d'amis là-bas, donc c'est vraiment de la comédie qu'elle fait. Non, elle tente les larmes pour avoir encore quelques jours de vacances, sauf que cela n'est pas possible. 

─ Arrête ma puce, tu sais que tu dois faire ta rentrée aujourd'hui et pas un autre jour, expliqué-je pour la quatrième fois ce jour-ci en remettant bien son gilet et son petit cartable sur ses épaules. Allez viens, ta maîtresse t'attend.

Elle tape du pied et croise les bras en faisant la moue. Ce soir, je demanderai à David si les rentrées scolaires sont toujours comme ça avec elle, histoire que je sache quoi faire l'année prochaine. Roulant des yeux, je la reprends dans mes bras et me dirige vers sa maîtresse en pressant le pas avant qu'elle me refasse sa comédie. Fort heureusement, elle reste calme. Un peu trop calme à mon goût, mais je préfère ça que la voir se faire remarquer dans cette cour d'école bondée d'inconnus. Lorsqu'on arrive à hauteur de la maîtresse, habillée d'une robe à fleurs et de ballerines, celle-ci prend congé du petit groupe de parents avec qui elle discutait depuis que nous sommes arrivés et se tourne vers nous pour nous saluer :

─ Bonjour, je suis Abigaelle Lacombe, maîtresse de la seconde classe de CP se présenta-t-elle en souriant et me présentant sa main.

J'accepte sa poignée de main en me présentant également. Puis, la jeune maîtresse d'environ vingt-sept ans met tout son attention sur Clara, toujours dans mes bras et très accrochée à mon cou, d'ailleurs.