Moi, Sam, sans-abri (BxB)

Chapitre 26

David

Je me retourne dans mon lit, pour la cinquième fois en moins de cinq minutes. Sur la table de chevet, le réveil affiche trois heures du matin. A mes côtés, Sam dort profondément. Il a de la chance, car moi, je n'arrive pas à fermer l'œil. Notre discussion dans la salle de bain il y a huit heures de cela m'obsède et franchement, bien que je lui aie dit que je n'irai pas voir sa famille, j'ai quand même envie de le faire. Rien que pour découvrir la maison où il a grandi. Et pis, ce n'est pas comme si j'allais annoncer à ses parents : « Bonjour, je suis David, le petit-ami de Sam. Oui, oui, il est toujours vivant ». Ça serait beaucoup trop mesquin, même s'ils le méritent. Non, je ne dois pas être plus bête qu'eux. C'est pour cette raison que, si vraiment je vais taper à leur porte pour les rencontrer, je le ferai en toute subtilité. N'empêche, je devrais quand même commencer par aller visiter simplement le quartier en restant dans la voiture, puis, un autre jour, rencontrer sa famille. Ça serait déjà un bon très bon début. Oui, enfin, si je n'ai pas de seconde chance d'aller à Argenteuil pour x ou y raisons, je me sentirai bien con. Non, le mieux, c'est de tout faire en une seule fois. Sachant que ce n'est pas maintenant que je vais m'endormir, je décide de me lever et d'aller boire quelque chose dans la cuisine. En descendant les escaliers, j'aperçois Alain, allongé sur le canapé et regardant un film d'action. Voyant qu'il somnole, je ferme la télévision et continue mon chemin vers la cuisine. Lorsque je rejoins dans le salon, un verre d'eau à la main, Alain n'a pas changé de position, mais semble être totalement dans les bras de Morphée. Je rejoins donc les escaliers sur la pointe des pieds. Je suis sur la première marche lorsqu'une voix endormie et rauque me fait sursauter :

─ Tu vas vraiment écouter Sam et pas aller voir ses parents ?

Je me retourne en arquant un sourcil. Alain, les cheveux en pétard et la mine endormie, se met en position assisse. Je le rejoins, ne sachant pas quoi dire.

─ Pff...J'en sais rien, finis-je par dire en soupirant.

La fatigue et l'anxiété n'étant pas un bon mélange pour le corps, je passe ma main sur mon visage pour tenter d'apaiser mon esprit, en vain.

─ Tu devrais y aller...

Je relève vivement la tête vers lui, perplexe.

─ Et tu peux me dire pourquoi je devrais y aller ? Après tout, Sam à raison, ses parents sont de vrais connards et ils ne méritent pas que je m'intéresse à eux comme ça.

─ Ouais, mais au moins ça crèvera l'abcès. Attends, ça fait un mois que vous vous engueulez pour ça. Et ça commence à déteindre sur tout et n'importe quoi. Non mais franchement, David, il y a deux jours encore vous vous étiez engueulé pour une des tenues de la petite. J'en ai marre, David. Et Clara commence aussi à saturer. Alors ouais, je pense sincèrement que tu devrais aller voir ses parents. Car je pense que c'est la solution à tous vos problèmes.      

Oui, j'avoue aussi que toutes ses tensions commencent à être trop pesant, surtout que le sujet de dispute est toujours le même : ses parents. Quoi qu'on fasse, on revient toujours à eux. Alain a peut-être raison : crever l'abcès depuis son origine est sûrement la solution. Enfin, ce n'est pas pour autant que je suis à nouveau serein. Que dira Sam si jamais j'arrive à faire venir ses parents à Paris ? Pire, qu'est-ce que je dirais à ses parents lorsque je serais devant eux, et même eux, qu'est-ce qu'ils me répondront ? Oh bordel, je vais devenir fou si je continue à réfléchir autant.

─ Je ne sais vraiment pas quoi faire, Alain. Je suis totalement perdu ! Mon cœur me dit de ne pas y aller, pour ne pas froisser Sammy, tandis que ma raison me dit d'y aller, pour essayer de les réunir de nouveau, puisque trois années sont passées. De l'eau a coulé sous les ponts.