Trois jours plus tard
Comme chaque matin depuis mon arrivée dans le loft, je me lève vers dix heures après avoir passé une énième nuit dans un confort indescriptible. C'est difficile de s'y habituer, comme c'est difficile de s'habituer au fait que j'ai à présent un frigidaire à portée de main et un travail à durée indéterminé. C'est trois derniers jours ont été de vraies vacances. J'ai pu me reposer, rencontrer Clara, lire tranquillement le dossier que David m'avait donné le matin de mon arrivée, signer mon contrat de travail qui commence officiellement cette après-midi et je suis même aller ouvrir mon compte bancaire dans la banque où mon employeur m'a inscrit quelques jours avant notre seconde rencontre. D'après ce que j'ai vu sur mon contrat de travail, je gagnerai 1 500 brut par mois pour huit jours de travail, ce qui est plus que bien étant donné que je suis nourri et logé gracieusement. Avec cet argent je vais pouvoir économiser un maximum pour penser à l'avenir. Lorsque j'arrive au rez-de-chaussée, Marie, la baby-sitter actuelle qui finit son contrat aujourd'hui, s'occupe de ranger les poupées que Clara a laissé traîner dans le salon. Comme je l'apprécie et que je ne veux pas paraître impoli, je m'accroupie à sa hauteur et je l'aide à ranger le reste de Barbies dans le coffre spéciale « Barbie et Cie ». Normalement, la petite doit obligatoirement ranger ses jouets seule – une des règles que David lui a imposé pour la responsabiliser et développer son autonomie – mais d'après ce que me dit l'étudiante en droit international, ce matin elle était en retard pour emmener Clara à l'école donc exceptionnellement elle lui a dit de laisser le salon en désordre. Marie, c'est le genre de fille ponctuelle, sérieuse et travailleuse. En un mois et demi de boulot, elle n'a jamais manqué à ses devoirs de gardienne d'enfants mais malheureusement, une panne de voiture, ça ne se prévient pas une semaine à l'avance, surtout qu'à côté de ça elle finit de préparer son départ pour l'Italie. Je continue de l'écouter attentivement en déposant une limousine noire dans le coffre.
− Mon avion décolle à dix-sept heures et il faut encore que je mette tous mes cours d'Italien dans ma valise. Il y a tant à faire que je ne sais plus où donner de la tête, sourit-elle en rhabillant une Barbie.
− T'en que tu as ton passeport, ta carte d'identité de valides, une fac qui t'accueille et un logement, c'est le principal. Le reste, c'est que du plus.
Je ferme le coffre et on se relève. Elle a de la chance de partir en Erasmus, surtout qu'elle est originaire de l'Italie, et je suis heureux pour elle. Quand j'étais petit, je rêvais de voyages et de partir poursuivre mes études dans un autre pays comme elle. Malheureusement, la vie à fait que j'ai dû renoncer à ces projets d'enfance.
− C'est vrai. Mais bon, j'ai quand même une appréhension.
− C'est normal de l'avoir, tu pars quand même à l'étranger.
− En effet, sourit-elle en remettant une mèche rousse derrière son oreille. Bon, ça te dit d'aller dans le Starbuck du coin pour prendre un bon petit-déjeuner ?
Et ça y est, elle recommence. Trois jours qu'on se connaît, trois matinées qu'elle me le propose. Elle ne flirte pas, je le sais, puisqu'elle m'a déjà dit qu'elle avait un copain depuis trois longues années. Elle souhaite juste passer quelques heures en ma compagnie pour parler de tout et de rien. Apparemment, je lui rappelle son petit frère qu'elle ne voit presque plus car sa mère l'a amené avec elle à Dublin lorsque ses parents ont divorcé deux ans auparavant. Ça me touche, je ne vais pas dire le contraire, mais comme je n'ai pas encore d'argent sur mon compte et encore moins sur moi, je refuse toujours et fort heureusement, elle n'insiste pas. Cependant, son regard actuel me dit que cette fois, ça ne sera pas le cas.
− Je suis désolé, Marie, je n'ai toujours pas retrouvé mon portefeuille, mentis-je pour la troisième fois. Peut-être dans quelques mois, lorsque tu reviendras à Paris. Là, je l'aurais forcément retrouvé.
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Moi, Sam, sans-abri (BxB)
Fiksi UmumSam n'a que 15 ans lorsque ses parents le foutent à la porte. Il n'était qu'un ado innocent. Trois ans plus tard, il est devenu un jeune adulte démuni d'émotions et d'espoir tandis qu'il vit dans le plus impitoyable des mondes : la rue Histoire d'am...