La journée se termine sobrement.
Je n'ai pas revus Clara après le cours de sport, et étonnamment, l'après-midi m'a semblée plus longue que d'habitude.Comme à peu près tout les jours, après les cours, je passe dans une ruelle oubliée.
Les coins sont sombres, bien que l'on soit en plein été et qu'à cette heure là, le soleil frappe comme un Rocky sur un ring. L'odeur presque habituelles des bennes à ordures me prend à la gorge et me fait tousser.
Je jette un coup d'œil au petite groupe d'adolescents bourré qui gueulent comme si la vie leur appartenait, ne se souciant ni des autres, ni d'eux-mêmes.
Au fond j'aimerais bien faire comme eux. M'éclater, parler trois/quatre fois avec une personne et appeler ça un "pote", me bourrer la gueule sans me souvenir du moindre détail le lendemain, même si je le regretterai sûrement.
Au fond j'aimerais bien ça, ouais. Ça me changerait un peu de mon quotidien bien dégueu.Un rat passe à toute vitesse près de ma jambe, ce qui me fait pousser un cri aux allures d'un film d'Hitchcock.
J'entends les rires écrasants des jeunes sous l'emprise de l'alcool.
Toujours des rires.Ma vie est une putain de plaisanterie.
Je passe mon chemin et regarde mes baskets shooter dans quelques canettes, ainsi que dans une quinzaine de sacs plastiques.
La crasse.
Je pourrais vous dire que l'on s'y habitue.
Que ça fait parti de la routine et que maintenant, on passe sans regarder, qu'on trace notre route jusqu'à s'éloigner de cet endroit immonde, bien qu'aucun autre endroit n'est mieux d'ailleurs, c'est juste ce que les gens en font qui fait qu'un endroit est dégueulasse ou non.
Je pourrais vous dire que les sdf que l'on voit mourir ne nous font plus chialer, ou encore que les rats que l'on croisent ne nous donne plus envie de gerber et de partir en courant. Que les gens sont heureux par ici et que c'est un endroit sûr pour les gosses.
Je pourrais vous dire tout ça.Mais je préfère être honnête.
Le problème c'est qu'on se met à croire que les choses bougeront, que tout s'arrangera et que dans 10 ans, on parlera des choses dégueulasse en souriant parce que ça nous rappelera notre jeunesse et on replongera dans des souvenirs qu'on déformera par peur des vieilles blessures. On attend tous un miracle qui nous sorte de là.
Sauf que ce miracle, bah il arrive pas et il arrivera jamais.J'arrive devant ce mur couvert d'un tas de tags n'exprimant que des insultes.
Je n'ai jamais compris ce concept. Écrire sur un mur "nique ta mère" donnerait l'envie à celui qui le lit d'aller fourrer sa bite par l'endroit où il est venu au monde ? Les gens sont étranges.Je pousse la porte de l'immeuble, et dans un couinement digne d'un film d'horreur, elle se referme lourdement. Les bruits des enfants qui pleurent et des couples qui s'engueulent s'intensifie, et mon crâne s'alourdit, me hurlant de prendre mes jambes à mon cou et de me barrer loin de tout ça.
Avant que je ne fasse quoi que ce soit, je me retrouve planté devant l'appartement 56B.
Sauvez moi.La porte d'entrée s'ouvre dans un fracas et ma génitrice en sort, titubant, se rattrapant à ce qu'elle peut pour ne pas tomber.
Et ce fut mon épaule.- Oh, t'es là toi.
Sa voix défoncée fait grincer mes oreilles.
Je soupire et entre sans me soucier de cette personne.Je n'aurais pas dû.
Je sens mon crâne se tirer en arrière et bientôt, mon corps se retrouve au sol. Ma cage thoracique ne cesse de me brûler, et je n'arrive plus à respirer.
Ma génitrice s'agenouille près de moi.- J't'ai pas demandé de partir donc tu bouge pas ton cul d'là.
Comment pouvais-je faire autrement maintenant !?
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Harry.
RomanceJ'ai cette terrible impression qu'à n'importe quel moment je pourrais hurler sans que personne ne m'entende. Que ça ne servirait à rien de se jeter par la fenêtre parce que ma vie est déjà faite de vide. J'ai cette impression permanente que j'aurais...