chapitre 3.

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- J'suis là.

- Enfin putain, file moi ça.

J'ai à peine le temps d'ouvrir la porte que ma mère se précipite sur moi.
Ou plutôt sur ce que j'ai dans la main.

- Vas-y molo avec cette merde..

- T'es qui pour m'donner des ordre ? Vas apprendre tes tables de multiplication et m'fais pas chier.

Ça fait 8 ans que je les connaît par cœur, maman.

Elle sort rageusement une cigarette de la boîte et la coince entre les quelques dents jaunes qui lui reste.
Je rejoins simplement ma chambre, en laissant ma mère s'enfumer en solitaire.

Je pose mes clés, m'assois sur mon lit et attends.
Ça fait à peu près 16 ans que j'attends.

Tu vas finir par t'transformer en arrêt d'bus.

Hilarant.

Vous savez, elle n'a pas toujours été comme ça. Il y a longtemps, elle allait bien et puis un jour c'est parti en couille.

Je jette un chaste regard vers ma table de nuit.

C'est pas une bonne idée.

Je sais.

J'attrape mon téléphone et fais jouer "come as you are" de Nirvana.

Qui est d'accord pour dire que c'est plus grand et le meilleur groupe de rock que l'univers n'ait jamais connu ?
Mais ça ne m'aide pas. Enfin, pas aujourd'hui.

Je regarde à nouveau vers la table de nuit, hésitant.

Non.

Ils me manquent...

Tu vas le regretter.

Je crois que j'en ai strictement rien à foutre.

Je me précipite près du meuble et prends le livre posé en vrac dessus.
Je m'assois sagement en tailleur sachant à quoi m'attendre, étant donné que ça doit être la 29 000e fois que je fais ce coup là.

Oui parce que des soirs comme ça, ça arrive souvent chez nous. Je rentre épuisé de tout, ma mère picole ou fait de l'appartement une vraie chambre à gaz, je m'enferme dans ma chambre et puis tout les soirs, je fini en tailleur avec ce bouquin sur les cuisses.

Mes doigts passent sur la couverture et caressent les dessins fait par un gamin de 8 ans pour décorer ce beau carnet à souvenir.

Ce gamin de 8 ans, je sais qu'il aime sa mère autant qu'il aime les glaces, qu'il court jusqu'à l'école rejoindre ses copains qui l'attendent pour jouer, qu'il salue son père de loin, et qu'il ne lui fait pas de bisou pour ne pas être charrié par les filles.

C'est marrant parce que ce gamin j'arrive encore à le voir, là, à côté de moi, sur mon lit, comme si personne ne lui avait jamais appris à grandir.

Il est là et il me regarde comme si plus rien ne l'attendait et que ça faisait des lustres qu'il n'avait pas mangé de glace.

Harry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant