chapitre 4.

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On est samedi.
Samedi 31 octobre.
Ce soir, les gosses déambuleront dans la rue, réclameront des bonbons à des inconnus qui pourtant, habitent juste en face. Ils se gaveront de sucre reconstitué, de pétrole aromatisé et d'histoires d'horreur qui les garderont éveillés.
Une belle soirée pour des futurs diabétiques, n'est-ce pas ?

T'es beaucoup trop pessimiste.

- Ferme ta gueule, j'suis en état de stresse, ok ? M'emmerde pas.

- Tu parles tout seul ?

Je sursaute et me retourne.
Ma mère me regarde étrangement. Elle se tient près de moi, dans l'encolure de la porte.
Quand elle me regarde comme ça, j'ai l'impression de ne pas être son fils, ou de n'être qu'un fou.
Peut-être un peu des deux ?

- Non, non, 'fin si mais c'est pour me rassurer. Retourne te coucher.

Elle me regarde de haut en bas avant de s'éloigner.

- Espèce de cinglé.

Moi aussi je t'aime.

.

Il est actuellement près de 19h et je suis stressé, terriblement stressé. Mais j'ai tellement hâte, si vous saviez, mon ventre me ronge et me gratte. Je ne tiens plus en place.

Je place correctement mes fausses dents pointues.

Je regarde mes mains tremblante s'approcher de la porte puis toquer sur le bois parsemé de paillettes noire et orange. Ma respiration se coupe et je me recule d'un pas vif, conscient d'être le seul responsable de cette atmosphère malaisante.

Je suis terrifié.
Terrifié à l'idée de me retrouver seul avec l'objet même de mes insomnies.

J'sais même pas c'que j'fous là.

Après un moment, la porte s'ouvre, laissant apparaitre la noirceur de la pièce principale. J'avance, mais l'impression d'être seul me cloue littéralement sur place.

J'aime pas ça.

- Clara ? T'es où ?

Aucune réponse.

Je cherche l'interrupteur mais ne le trouve pas.

J'entends des souffles et des murmures, mon cœur cogne et tape contre ma peau.
Le silence hurle des moqueries ainsi que des rires vagabondes, ce qui en soit, laisse à penser que je ne suis pas seul.

L'obscurité m'aveugle toujours et je cherche un échappatoire en balançant mes bras autour de moi, comme un vulgaire pantin que l'on agite, comme un singe de foire qui amuse la foule.

Après un temps, la lumière s'impose et tombe sur la pièce, dévoilant une trentaine de paires d'yeux posés sur moi.

Les rires éclatent et résonnent.

Tout va très vite, le temps s'accélère, les voix ralentissent.

- Arrêtez de rire !

Je suis entouré, paniqué.
Ils me regardent tous, avec leurs milles visages et leur unique rire.

Je sens une vague de froid déferler sur moi, un liquide orange me recouvre et je me retrouve enseveli sous... De la peinture !?

Harry.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant