Tu finiras seule...avec des chats. (Thriller Erotico-Comique)

chapitre 21: où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute.(proverbe basque)

Dans le parc, l'humidité matinale me met de bonne humeur, l'herbe encore mouillée, les perles de rosée du matin brillent de mille éclats sous un ciel d'un bleu timide...cette ambiance me rend euphorique...ou est-ce l'idée de devenir mère ? De porter en moi la vie...je croise des mamans au ventre bien rond, je leur fais un sourire complice pour leur dire « hey, moi aussi !! Regardez moi !» mais elles ne saisissent pas tout de suite la subtilité de mon expression faciale et ont tendance à accélérer le pas en me croissant. Pfff, elles sont jalouses, voilà tout. Je rayonne, je renvoie la lumière tant je resplendis de bonheur. J'en fais un peu trop la hein ? Qu'importe ! On n'en fait jamais trop lorsqu'on est heureuse.

D'un pas léger, j'avance le long des allées fleuries. Je n'ai pas encore annoncé la nouvelle aux filles...il faut que je leur dise... ce soir au Chikipop, je leur ferai la surprise. J'aimerais que Françoise soit là...mais toujours pas de nouvelles. Encore ce matin je lui ai envoyé en SMS mais elle ne m'a pas répondu. Je sais qu'il ne lui est rien arrivé vu qu'elle essaie de contacter Nicolas...la garce ! Il va falloir qu'elle fasse une croix dessus...si notre relation doit évoluer, je ne supporterais pas qu'elle continue à coucher avec mon gynéco, enfin, mon amant, mon plan...je ne sais pas ce qu'il est pour moi. Une chose est sûre, il est peut-être le père de mon enfant.

Bientôt dix heures, j'accélère le pas, Georges doit déjà être au café.

Dans mon sac, mon téléphone vibre.

Joan : quand est-ce qu'on peut se voir bébé ?

Hummm, j'adore quand il m'appelle comme ça...faut que je le voie. Il faut qu'on discute lui et moi...je sais quoi lui répondre.

Moi : je serai au Chikipop ce soir...tu n'as qu'à venir boire un verre.

Joan : tu es sérieuse ?

Moi : oui, pourquoi ?

Joan : je voulais me retrouver juste avec toi, loin de la foule, des paparazzis...j'ai juste envie d'être avec toi.

Moi : ok, on se voit une autre fois alors.

Joan : dis moi quand ?

Moi : demain ?

Joan : ok. A demain ...j'ai très très envie de toi.

Moi : moi aussi.

C'est lorsque j'ai appuyé sur la touche envoyer du dernier message que je me suis rendue compte que j'allais trop loin.

Je ne peux plus me comporter comme une petite écervelée, je vais devenir maman, je dois être une femme responsable...je ne peux pas coucher avec le premier venu...bon, c'est pas le premier venu, c'est Joan Camisanegra...l'acteur pour qui les filles hurlent à chacune de ses apparitions en public. Sans oublier que c'est peut-être le père de mon enfant...et qu'il est terriblement beau. Je ne sais plus où j'en suis moi. Je ne peux quand même pas continuer à faire n'importe quoi.

Au loin, je vois l'enseigne du troquet et le serveur qui balade son plateau pour servir les gens assis en terrasse. Je regarde l'heure...il est dix heure, j'entends le clocher sonner au loin. Lorsque j'entre dans la salle, je suis tout de suite envahie par la douce odeur de café... le cliquetis des tasses qu'on déplace, les cuillères et les verres qu'on met dans le lave vaisselle jouent en rythme la symphonie du matin ...je regarde si Georges est arrivé, mais personne. Il doit avoir pris un peu de retard sur la route. J'ignore où il habite d'ailleurs, je ne sais rien de lui mais une chose est certaine, c'est un homme charmant et bienveillant. Il est aussi très beau...mais ça, c'est une autre histoire. Il aurait été très laid, je l'aurai apprécié de la même façon...j'écoute mes pensées...et je me dis que je suis une menteuse... peut-être que je ne l'aurai pas trouvé aussi intéressant s'il avait eu l'allure de mon père, un homme bedonnant de presque soixante-dix ans au crâne dégarni, et aux sourcils broussailleux...sans parler des périodes où il oublie de se couper les poils de nez et des oreilles...ceux qui dépassent...mon père, tout un poème...mais je crois qu'il plait quand même aux femmes...surtout depuis que l'entreprise familiale prospère.