Chapitre quatorze

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Je sentais son regard insistant, mais il ne me gênait plus. Je me tournai donc vers lui, et l'observai. Je n'avais jamais pris le temps de vraiment le regarder, et maintenant qu'on était si proche, je m'y autorisai. Sa bouche était entrouverte, son nez remontait doucement, et des taches de rousseur y étaient parsemées. Ses yeux étaient d'un bleu intense, comme je n'en avais jamais vu. Je pouvais m'y plonger, et m'y noyer. Ses cheveux châtains étaient ébouriffés sur le yeux de sa tête, et quelques mèches retombaient sur son visage. Il était plutôt mignon, et je ne l'avais jamais remarqué. Nous étions comme ça depuis quelques minutes, à se détailler l'un l'autre, quand je me résignai a détourner le regard. Il fit de même, et nous regardions tous les deux le paysage.

- J'ai une idée, on peut jouer à un jeu, entendis-je.

- Un jeu ? Demandai-je, feignant d'être étonnée.

- Chacun pose une question, et si on ne répond pas, on a un gage.

Je souriais face à son idée.

- On se croirait au collège.

- Alors ? Demanda-y-il avec impatience.

- D'accord, commence.

Je me tournai vers lui et posai ma tête sur mon genoux.

- Alors, tu as déjà été amoureuse ?

- Je ne crois pas. J'ai eu une amourette de collège, mais rien d'autre. Quelle est ta musique préférée ?

- Oh... Je crois que c'est Wonderwall d'Oasis. Et toi ?

- Don't look back in anger.

Il parut étonné par la réponse.

- Alors comme ça tu es fervente des musiques de années 90 ?

- J'ai un petit faible pour certains groupes. Tu viens de poser deux questions à la suite, alors je peux en poser deux.

Je réfléchis à mes questions. Il me regardait intensément, et il avait un sourire contagieux plaqué sur le visage.

- Burger ou sandwich ?

- Sérieusement ? Répondit-il a question, puis voyant que j'étais sérieuse, il continua. Burger bien évidement. Seconde question, blanche neige.

- Putain, tu vas arrêter de m'appeler comme ça ? Dis-je.

Il rit suite à ma phrase.

- Tu viens de ruiner ta deuxième question.

Quand je compris ce que je venais de faire, un rire m'échappa. Je baissais la tête, et regardai ma montre.

- Oh non ! Criais-je.

- Quoi ? Dit Jay, surpris.

- Je dois rentrer, ou tu ne me verras pas au lycée demain, répondis-je en me levant et en ramassant mes affaires.

- Attends, je viens avec toi, répondit-il en se levant.

Je posai la bandoulière de mon sac sur mon épaule. Je commençai à marcher rapidement, et il arriva à la hauteur.

- T'as intérêt à venir en cours demain, ou je viendrais te chercher par la peau des fesses, dit Jay en riant.

Si mes parents me laissent y aller, oui. J'accélérai. On arriva devant nos bâtiments respectifs une dizaine de minutes plus tard.

- Bon, à demain, alors ! Cria-t-il pour que j'entende.

Je lui fis un signe de la main et rentrait dans la résidence. Je grimpai dans l'ascenseur et m'adossai à sa paroi, tout en repensant à ce qui venait de se passer. Puis, soudain, je réalisai quelque chose. Jay m'avait fait rire. Il m'avait fait rire et sourire. Personne n'y était arrivait avant lui depuis ce jour. A ce moment, un sourire était plaqué sur mon visage sans que je m'en rendis compte. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je sortis de celui ci et je rentrai dans l'appartement.

- C'est toi, Lenny ? Entendis-je.

Ma mère passa sa tête hors de la cuisine pour vérifier ses dires.

- Oui, c'est moi, répondis-je simplement.

Je m'avançai et là rejoignis dans la cuisine.

- Tu cuisine quoi ? Demandai-je.

Elle se tourna vers moi, surprise. D'habitude, je ne lui adressais pas la parole et rentrai directement dans ma chambre. Mais je me sentais de bonne humeur, ce qui ne m'était pas arrivait depuis longtemps.

- Du filet mignon avec des pommes de terre. Tu aime ça, n'est-ce pas ? Dit-elle en se retournant vers sa casserole.

- J'adore ça.

- Alors, comment... Comment s'est passée ton après- midi ? Demande-t-elle, hésitante.

- Bien. Vraiment bien, répondis-je, le sourire aux lèvres.

Elle se retourna vers moi et souris elle aussi. Après quelques secondes, je me tournai et me dirigeai vers la chambre. Je rentrai à l'intérieur, et balançai mon sac sur mon lit, en m'écrasant sur ce dernier par la suite. Je fixai le plafond. Je ne pus pas expliquer ce que je ressentais ce jour là. C'était comme si je renaissais, et que tous les sentiments à l'intérieur de moi s'épanouissaient. J'avais des papillons dans le ventre, sans savoir l'expliquer. Puis, je tournais la tête vers le balcon de Jay. Il était sur son lit, et lisait un livre. Mon livre.

CondamnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant