Chapitre vingt-et-un

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Une semaine est passée depuis lundi dernier. Je n'ai quasiment pas vu Lenny. Le mardi et le mercredi, elle n'est pas venue. Le jour suivant, elle est arrivée, habillée toute en noir et gris, la capuche de son sweatshirt rabattue sur sa tête, ce qui m'empêchait de la voir vraiment. Elle n'a parlé à personne, a juste levé la main quand on l'appelait. Elle ne m'a pas adressé un regard. Le lendemain, rebelote. Je l'ai vu traverser le couloir alors que je prenais un bouquin dans mon casier. Quelques mèches blanches dépassaient de sa capuche, et on pouvait apercevoir quelques traits de son visage. J'ai remarqué des cernes. Ses yeux, se tournèrent vers moi quelques secondes avant de se retourner vers sa route.

- Arrête de penser à elle. Je suis là maintenant, me dit Ashley.

Je ne me suis pas tourné vers cette dernière et ai continué de la regarder.

Le samedi qui suivit, je suis sortit dés dix heures et me suis précipité vers le parc. A mon plus grand désespoir, elle n'y était pas. Je me suis dirigé vers la colline, j'ai grimpé, mais au sommet, il n'y avait toujours aucune trace de Lenny. Je m'assis et regardai les gens dans le parc. Bien sûr, à cette heure, peu de personnes étaient là. Seulement quelques coureurs, des promeneurs de chiens, et des ados en chemise bordeaux. Plus précisément une. C'était elle. Elle marchait, en direction de la sortie vers la ville. Ni une, ni deux, je descendis la colline en courant. Je faillis de tomber plusieurs fois, et en arrivant enfin en bas, je pris le chemin qu'elle avait pris. Elle était devant moi, à vingt mètres. Puis à quinze, et à dix. Quand j'arrivais à quelques pas d'elle, je l'appelais :

- Lenny ! Criais-je en m'arrêtant.

Elle s'arrêta, mais ne se tourna pas.

- Lenny, s'il te plaît, je peux t'expliquer...

Rien. Elle restait figée, ses cheveux poussés par le vent.

- C'est compliqué, mais je n'aurais jamais fait ça intentionnellement...

Elle se tourna enfin. Voir son visage m'apaisa un court moment. Ses yeux étaient gonflés. Elle ne semblait pas avoir pleuré, mais pas dormi également. Quelques mèches balayaient son visage.

- Lenny, laisse moi t'expliquer, la suppliais-je.

- Y a rien à dire. Fous moi la paix, maintenant, me répondit-elle sèchement.

Son visage était neutre, mais sa voix était dure.

- Si, tu dois savoir la vérité... Commençai-je.

Elle me coupa.

- La vérité ? Dit-elle en s'avançant. La putain de vérité, c'est que t'es un putain de con, qui m'a fait putain de croire que je pouvais avoir confiance avec toi.

- Et tu peux ! Criais-je.

- Non, je peux pas, Jay ! Je t'ai dis des choses qui... Commença-t-elle. Tu sais quoi ? Laisse tomber. J'espère que t'auras une belle histoire avec cette fille. Maintenant, dégage.

Ses mots sonnaient comme des poignards dans mon cœur. J'avais déconné, mais l'histoire ne se terminait pas là. Et elle ne devait pas se finir ici pour Lenny et moi. Cette dernière se tourna, et commença à partir quand je lui attrapai le poignet.

- Lenny, c'est pas la fin...

- C'est pourtant le cas. Et c'est la fin de beaucoup de choses, souffla-t-elle.

Sa phrase était vague. Mais sa ne devait pas être la dernière chose qu'elle me dirait.

- Ashley est mon ex ! Ce n'est rien pour moi, putain !

Elle se tourna vers moi. Ses yeux étaient neutres. Aucune émotion ne se lisait sur son visage.

- Je l'ai envoyé bouler, je te le promet, dis-je finalement.

Elle ne dit rien pendant quelques secondes. Je baissais la tête.

- Ça ne change rien. Ce qui doit arriver arrivera. Plus ou moins tôt, murmura-t-elle.

Sur ces mots, elle sortit son poignet de l'étreinte de ma main, et se tourna. Elle commença à partir. Un cahier dépassait de sa sacoche. Je l'attrapai avant qu'elle soit trop loin. Je regardai Lenny partir je ne sais où. Et je restai figé. Quand elle disparut finalement de mon champ de vision, je commençai à avoir la tête qui tournait. Alors je m'assis sur un banc près de moi. Je pris ma tête entre mes mains et me mis à repenser à tout ça. Puis, je relevai la tête et pris le cahier. C'était plutôt un bloc-note, semblant bien rempli. Je l'ouvris et commençai à le feuilleter. Il y avait surtout des dessins de nature, de gens, ou du ciel. Puis, au deux dernières pages se trouvaient deux dessins différents. L'un était finalement... Moi. Il était magnifiquement bien réalisé. Quand avait-elle fait ça ? L'idée qu'elle m'ait dessiné me flatta légèrement. Je tournais la tête vers la page de droite. C'est une esquisse d'une falaise. Le dessin était beaucoup moins travaillé que le précédent, mais un détail attirait mon attention. Une personne se tenait en haut. Elle portait un... Oh mon dieu.

CondamnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant