HEARTBREAKER (reecriture 2024)

VI

J'avais rendez-vous à la clinique et ma mère avait tenu à m'accompagner. Depuis notre conversation, elle s'était montrée plus attentive envers moi. Elle m'avait pris des vitamines et cuisinait des plats recommandés pour les femmes enceintes. Mon père était encore en colère mais il m'avait épluché une pomme pour le petit-déjeuner, et venant de sa part, je savais que c'était un signe de paix. Il avait juste besoin de temps pour accepter.

Quand je mis les pieds dans la salle d'attente, je sentis les regards des gens sur moi et pour la première fois, j'eus peur. Peut-être était-ce mon imagination mais je me sentis mal d'être là. Pas à ma place. Je me mis à penser que j'avais sûrement fait le mauvais choix et j'eus l'impression que je devais aller me cacher sous un rocher.
Me voyant hésitante, ma mère prit ma main et avança. Elle fit toute la paperasse et nous allâmes nous asseoir sur les chaises.

- Mademoiselle Edward ?

- Oui je suis là.

Ma mère salua le docteur Khan qui fût surpris de nous voir ici et me dit d'aller m'installer sur la table d'examen pendant qu'il préparait le matériel nécessaire. Tout cela était nouveau pour moi mais ma mère me mis en confiance. Elle souleva mon pull et m'aida à me mettre à l'aise. Elle semblait bien plus excitée que moi. Peut-être que se dire qu'elle allait être mamie était une meilleure chose que se dire que moi j'allais être maman. C'était sûrement moins dramatique de penser de cette façon.
Le docteur revint avec des gants à ses mains et posa son gel froid et gluant sur mon ventre. Il était comme d'habitude, juste un peu gras. À deux mois, il ne se faisait pas encore remarquer comme il le ferait le mois suivant.
Le docteur m'annonça que le bébé était le petit haricot que je voyais sur l'écran. Nous arrivions à la fin du mois d'août et ce n'était qu'un embryon qui commençait à prendre une tournure humaine. Il ne mesurait que 25 mm.

- Il est tellement petit !

- Petit mais en pleine forme. Il devrait prendre encore quelques centimètres durant les jours à venir.

Il m'expliqua que le corps était en train de se former, tout comme son cerveau. Ces images sous mes yeux semblaient irréelles et je fus émerveillée. Me dire que tout cela se passait à l'intérieur de moi me donna l'impression de rêver. Je ne l'aurais jamais imaginé.
Le docteur me donna un papier pour essuyer mon ventre puis me demanda de venir m'asseoir au bureau et me résuma la séance et ce qui allait se passer durant les semaines et moi à venir. Je compris que les nausées, la sensation de jambes lourdes, les envies d'uriner chaque demi-heure et les bouffées de chaleur étaient totalement normales et allaient disparaître au cours du troisième moi. J'étais soulagée de savoir que cela n'allait pas affecter ma concentration en cours. Elle ajouta ce que je devais consommer et éviter, et finalement me donna des conseils et un nouveau rendez-vous avec des examens de santé et une prise de sang. A cette instant précis, je compris une fois de plus que je n'étais plus une adolescente mais une jeune femme pour qui la vie entière était totalement en train de changer.

De retour à la maison, je glissai la petite photo de l'échographie entre mes vêtements et fermai ma dernière valise. Notre départ était prévu pour le lendemain et je voulais être sûre de ne rien avoir oublié. J'avais tellement de choses à faire que la pression était double. Entre mes recherches d'emploi qui pour l'instant ne menait à rien et l'emménagement avec Caleb, les prochains jours allaient être chargés. J'accumulais beaucoup de fatigue mais je ne pouvais faire autrement, je m'étais promis de ne pas laisser la grossesse retarder mes projets.

Mon père toqua à ma porte et il entra suivit de ma mère. Ils s'assirent sur mon lit et prirent un air sérieux. Je ne savais pas de quoi ils allaient me parler mais les sourcils froncés de ma mère ne m'inspiraient rien de bons.

- Tu pars demain, commença mon père. Loin de nous, juste avec Caleb.

- Vous vous inquiétez encore ?

- Tu ne nous as toujours pas avoué qui est le père...

- Papa, certaines choses sont mieux cachées.

- Ce serait plus facile...

- Non, papa je t'assure que ce serait encore plus compliqué. C'est la meilleure chose à faire, fais moi confiance. J'y ai réfléchi et c'est vrai que ce n'est pas la situation idéale pour élever un enfant mais c'est la meilleure solution.

Ma mère me prit dans ses bras et mon père lâcha un soupire. Je lui causais de la peine, j'en étais consciente, mais c'était moins pire que de déclencher une guerre. Mêler les Bieber a ma grossesse serait la plus grosse erreur de ma vie et j'en avais assez fait.

- Tu sais qu'on sera toujours là pour toi, hein ?

- Je sais, maman. Je le sais.

Je le savais et c'était pourquoi cacher la vérité semblait plus facile. Même Caleb avait fini par admettre qu'en parler à Justin n'était pas une bonne idée. Il avait voulu lui casser la gueule, le menacer mais avait fini par comprendre que tout retomberait sur moi. Après avoir hésité, il avait fini par me promettre de garder le secret. On n'avait pas trouvé de réponse à donner aux gens mais pour l'instant, on s'était dit qu'il valait mieux de dire que le père avait fuit en apprenant la grossesse. Je n'avais pas envie de justifier pourquoi je n'avais pas mis le père au courant.
Ils quittèrent la chambre et je pris mon téléphone. J'ouvris instagram et tapai @justinbieber, comme je l'avais fait les jours précédents. Son dernier post remontait à la veille et il y était accompagné de deux jolies filles, bouteille de champagne et cigarette à la main. La première, une jolie brunette aux yeux gris, était apparue dans deux de ses posts précédents. Je me demandais qui elle était pour lui. C'était rare qu'il sorte avec la même fille plusieurs fois.  Il était du genre à se lasser vite.
Je quittai son profil et commentai un cœur sur la dernière photo de Caleb. Quand j'y pensais sérieusement, il était assez beau garçon. Je comprenais pourquoi Juliet avait dansé avec lui toute cette soirée. Mais je ne pu m'empêcher de penser que s'il était resté à mes côtés, s'il avait dansé avec moi au lieu de danser avec elle, je n'aurais pas suivi Justin.
J'eu voulu accuser le monde de mon malheur mais la vérité restait toujours la même, j'étais l'unique responsable.