VIII

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Le déménagement avait pris du temps et je n'avais été d'aucune utilité. Caleb avait monté presque tout les meubles tout seul. Il avait pu compter sur l'aide du voisin pour certaines choses mais mes nausées m'avaient clouées sur le canapé. Je me sentais inutile et j'avais l'impression d'être un fardeau pour lui. Il n'avait rien fait pour mériter ça et mes erreurs agissaient également sur lui.

La rentrée, cependant, était arrivée à pleine vitesse. J'avais pensé à une centaine de scénarios mais aucun d'entre eux ne m'avait suffisamment rassuré pour cette journée. Je n'avais pas dormis de la nuit. Le lit m'avait semblé dur et je n'avais pas cessé de changer de position. Je m'étais levée pour boire un verre d'eau et j'avais fini par m'installer devant la télévision. Ce n'était que vers 6h00 que le sommeil avait commencé à m'envahir et il était désormais 8h00. Je devais être sur le campus à 9h00.
Caleb était réveillé. Il avait couru comme il le faisait chaque matin dans le quartier puis avait filé dans la douche. Je traînais encore sur le canapé sans réelle motivation. Est-ce que ça valait le coup de commencer une année scolaire dans cet état ? Je n'étais plus certaine de rien et je n'avais personne pour me donner de réels conseils.
Lorsque Caleb sorti de la salle de bain, je m'y glissa rapidement. L'eau coula sur mon corps une dizaine de minutes et laissa pleins de pensées occuper mon esprit.

- Shanel, ça va ?

Je fini par me sécher et enfila une robe que je pris au hasard. Elle était noire, longue et large. Le genre à cacher le corps, pour ne laisser aucune forme apparaître. J'étais déjà obsédée par un ventre qui ne se remarquait même pas.

- Tu es sûre que ça va ?

Non. Mais je hochai la tête et pris mon sac qui m'attendait déjà à l'entrée. L'arrêt de bus n'était pas loin et il n'y avait que 3 arrêts, le trajet était assez rapide. Chaque minutes me mettait la pression et mes pieds avançaient lourdement. Et si c'était une mauvaise idée ?

- Si tu as un problème, tu sais que je suis là, hein ?

- Je sais. Mais je dois apprendre aussi à me débrouiller sans toi, je ne peux pas dépendre de toi.

- Tu sais très bien que je serai toujours là pour toi et le bébé, et que je prendrai soin de vous.

- Ce n'est pas ton rôle Caleb. Concentre-toi sur tes études...

Il n'ajouta rien. Il savait que je resterai sur ma position. Caleb était mon meilleur ami. Je ne voulais pas qu'il joue le rôle de père d'un bébé qui n'était pas le sien. Il ne méritait pas ça. Je ne pouvais pas lui laisser prendre ce fardeau. Il m'aidait déjà bien assez.

L'heure de se quitter arriva. J'étais submergé par le stress. Caleb m'accompagna jusqu'à mon amphithéâtre et me poussa presque à entrer dans la salle. Il n'y avait qu'une dizaine d'élèves pour l'instant. C'était calme mais ça ne dura pas longtemps, la salle fut remplie rapidement et un monsieur d'une soixantaine d'années entra.
Alors que le professeur, monsieur Fitz, se présentait, un garçon ouvrit la porte et un silence se créa. Monsieur Fitz soupira bruyamment et commença un discours sur l'assiduité et les retards en cours. L'élève s'excusa de son retard et se précipita pour s'asseoir à côté de moi. Son souffle court et son expression confuse reflétaient son embarras. Malgré la situation, il me sourit et sorti son ordinateur de son sac. Il semblait cependant qu'il avait déclenché quelque chose chez le professeur qui nous faisait un discours interminable sur le comportement à avoir à l'université. A l'écouter, se croirait encore au lycée.
Mon voisin et moi même, lâchâmes un soupire de désespoir qui se fit entendre au même moment, ce qui fit Monsieur Fitz hausser le son de sa voix. Le brun à mes côtés échangea avec moi un regard complice qui semblait dire que nous étions tous les deux dans le viseur de ce professeur mais également que nous étions prêts à affronter cette année ensemble.

HEARTBREAKER (reecriture 2024)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant