HEARTBREAKER (reecriture 2024)

I

Il était une fois... un été.

Un été.
Deux mois et quelques jours.
En réalité, qu'est-ce que ça représentait dans une vie ? Pas grand chose et pourtant, l'été était le moment que les habitants de Tremblay attendaient avec impatience toute l'année. Sauf moi. Encore une fois, je n'avais rien prévu de spécial pendant les vacances. Comme je l'avais fait les années précédentes, j'allais aider ma mère dans la boutique de musique pour me faire des billets et nager au lac les jours de fortes chaleurs.
Je n'avais jamais quitté la ville depuis ma naissance. En effet, je faisais partie de celles qui ne partaient jamais en vacances et pour qui l'été devenait un moment long, stressant et ennuyeux. Ce n'était pas que ma famille était pauvre mais mes parents avaient trop de choses à gérer pour pouvoir quitter la ville, ne serait-ce qu'une semaine. Heureusement, nous étions deux à devoir supporter ces nombreuses semaines : je pouvais compter sur mon meilleur ami, Caleb, qui restait chez lui tout l'été, à boire des bières et à jouer aux jeux vidéos.

Cette année était la dernière que nous allions passer dans cette ville. Nous avions eut la chance d'avoir tous les deux été accepté dans la même université à quelques heures de cet endroit monotone. Tremblay avait beau être une jolie ville, rien ne la rendait spéciale. Tout le monde se connaissait et la ville entière était plongée dans une routine, qui pour certains la rendait apaisante mais qui pour moi semblait étouffante.

Nous étions le 3 juillet. Je sortais du magasin de musique de ma mère, qu'elle tenait depuis quinze ans, un air de pop dans les oreilles. Il faisait particulièrement chaud ce jour-là et ma peau était déshydratée et collante. Peu de vent parcourait la ville mais assez pour permettre à mes longs cheveux brun de voler dans l'air.
Je traversais la ville avec mon vieux vélo rouge, un ancien modèle qui appartenait à mon père. Le long cri aigu des chaînes à chacun de mes mouvements m'avertissait qu'il était temps que je mette ma bicyclette aux oubliettes mais elle avait une histoire spéciale aux yeux de mon père et j'y tenais beaucoup trop pour la délaisser.

En longeant le trottoir, je jetais un coup d'œil pour regarder le paysage, comme si je découvrais ici pour la première fois.
À vrai dire, pour une petite ville de campagne comme Tremblay, une petite ville que personne ne connaissait, tout semblait avoir été fait sur mesure. Une boulangerie par ci, un garage par là, un fleuriste dans le coin et un boucher là-bas. La ville fonctionnait bien, elle ne manquait de rien. J'y avais grandi et je connaissais par cœur chaque coin, comme si c'était ma maison. En quelque sorte, ça l'était.
De temps à autres, je changeais de trottoir et allait sur la route pour ne pas déranger les passants qui marchaient. D'un large sourire, je saluais quelques personnes avant d'arriver dans le quartier. Madame Mitchell, debout dans son verger, me rappelait tous les jours de saluer ma mère et les Peterson, qui prenaient leurs cafés dans leur jardin, me souhaitaient un bon après-midi. Ils habitaient juste à côté de la maison des Bieber qui comme chaque été était vide. La mère, Peggy, était la fille du maire de la ville et une très bonne amie à ma mère et le père, Jack, était un homme timide mais sympa. Ensemble, ils avaient deux enfants : Justin et Juliet.
Mon ami Caleb était raide dingue de cette fille mais apparemment personne de cette ville ne semblait assez bien pour sortir avec elle. La liste des garçons qu'elle avait rejeté était plus longue qu'une liste de course de Noël. Quant à son frère jumeau, il était étonnamment son total opposé. La liste de filles avec qui il était sortie faisait la taille de plusieurs roman réunis. C'était le playboy du lycée et sa réputation l'avait également suivi dans la ville et ses environs. Justin sortait avec n'importe qui, n'importe quand et n'importe où. Il ne restait jamais bien longtemps célibataire, il trouvait facilement des filles qui pensaient être spéciale et pouvoir le changer. Justin était capitaine de l'équipe de hockey et aspirait à une grande carrière. Il était le meilleur joueur ici et il le savait. Il en profitait et ne se cachait pas pour le montrer. C'était pourquoi il m'insupportait : je détestais sa façon de se montrer.