La respiration de Kate devenait de plus en plus irrégulière à mesure que l'information pénétrait son être... Son père... Les larmes lui obstruaient totalement la vue, coulant sur ses joues alors qu'elle plaquait ses mains tremblantes sur sa bouche, cherchant à calmer son rythme respiratoire et son rythme cardiaque qui s'emballaient toujours davantage. Elle frissonnait de plus en plus alors qu'elle luttait pour retrouver le calme et la sérénité. Mais elle sentait son corps hors de contrôle pour elle-même, ce qui ne pouvait que la paniquer davantage, augmentant ses douleurs. Sa respiration laborieuse devint sifflante.
Castle tentait de la calmer en l'incitant à respirer calmement mais elle ne semblait même pas l'entendre. Ses grands yeux étaient agrandis par l'effroi et elle regardait au loin dans le vide. Il saisit l'une de ses mains et tenta de la faire réagir mais la jeune femme semblait se trouver à des années lumières de la chambre à coucher. Et cette douleur vivace dont il était le spectateur ne pouvait que le renvoyer à sa propre douleur qui se nourrissait de l'affliction de la brunette pour se déployer en lui. Sans chercher à réfléchir davantage, Castle saisit le visage de Kate. Il l'embrassa sur le front avant de passer sa main derrière sa nuque et de la rapprocher de lui pour la retenir dans une étreinte angoissée. Il caressa doucement son dos et le bas de son crâne, cherchant à la calmer. Il avait presque l'impression que les cheveux bruns se faisaient d'un roux flamboyant...
Kate ferma les yeux, humant une odeur douce qui lui chatouillait le nez. Elle sentit sa respiration peu à peu retrouver un rythme normal. Le jeune sergent s'agrippa alors spontanément à la seule chose possible, c'est-à-dire au pyjama de Monsieur Castle, qu'elle trempait de ses larmes inconscientes. Il lui fallut bien une dizaine de minutes, immobile dans les bras de l'homme, pour retrouver un semblant de sérénité. Lorsque ce fut le cas, elle se redressa doucement, repoussant son alter-égo de la police de Boston d'une pression ferme sur son torse. Elle émit une drôle de hoquet en reniflant avant de s'excuser pour la scène qu'elle venait de lui offrir.
- Vous êtes toute pardonnée, murmura Castle en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
Elle détourna la tête.
- Vous savez, lorsque j'ai appris la disparition de ma petite fille, j'étais tellement dévasté que j'ai tapé dans le mur de la salle de repos du poste de Boston. Le mur porte toujours la trace de ma douleur paternelle.
Elle releva la tête vers lui. Kate avait oublié que lui aussi était passé par là... Elle renifla de nouveau.
- Il faut qu'on le retrouve, chuchota-t-elle d'une voix larmoyante. Je ne peux pas le perdre lui aussi... Je dois le retrouver... Je...
La jeune femme se remit brusquement à pleurer et Castle lui caressa la joue.
- Chut... Calmez-vous... On ferra tout notre possible, je vous le promets... Je vous le promets...
Lorsqu'il la vit se calmer, il reprit d'une voix se voulant réconfortante.
- Voulez-vous que je cherche à prendre contact avec votre mère par le biais de la police ?
Les yeux de Kate se remplirent de nouveau de grosses perles salées... Elle fondit en larmes, cachant son visage dans ses mains. Castle fut horrifié de la voir sangloter encore. Il lui frotta doucement le dos.
- Ce n'est pas grave si vous ne voulez pas... Je ne le ferais pas... Sergent...
La jeune femme finit par articuler difficilement.
- Elle est morte...
Le visage de Richard se décomposa alors qu'il réalisait l'énorme boulette qu'il avait commise... Il se flagella mentalement ! Mais pourquoi avait-il dit ça !? Il s'excusa de son manque de délicatesse et lui présenta ses condoléances. Cela ne la consola pas le moins du monde... Le jeune policier commençait à se sentir dépassé... Les larmes de la jeune femme semblaient désormais intarissables et des sanglots bruyants lui déchiraient la gorge.
- Elle a été assassinée dans une ruelle, hoqueta-t-elle difficilement tout en reniflant.
Elle s'essuya les joues sommairement avec sa manche et d'autres perles d'eau ruisselèrent sur ses joues déjà humides.
- Son... Son meurtrier n'a jamais été retrouvé, précisa-t-elle en levant son visage trempé de larmes vers Castle. Et mon père...mon père est tombé dans ... dans l'alcoolisme...
Son élocution était rendue difficile par les pleurs qui la secouaient toujours. Mais elle ne pouvait plus arrêter le flot de paroles qui jaillissaient d'elle, hors de contrôle. Malgré le passage de nombreuses années, la jeune femme ne s'était jamais confiée sur ce drame qui la hantait. Cette tragédie avait creusé un trou dans sa vie, forçant une distinction entre l'avant et l'après. Une cloison hermétique séparait tout ce qu'elle avait connu avant de tout ce qu'elle vivait après ce cauchemar. Aujourd'hui, pour la première fois depuis des années, elle parlait...
- Je voulais... je voulais le retrouver...le salopard qui lui a fait ça... Mais...
Elle se remit à pleurer avant de reprendre à travers ses larmes :
- Mais j'en suis incapable... Et maintenant... Maintenant... Mon père aussi il...
Castle était resté sans voix face à cette douleur infinie qu'il contemplait. Les sanglots de cette jeune femme le transperçaient. Il aurait voulu stopper sa douleur... Alors il se leva et avisa les somnifères dans le placard de sa mère. Il revint vers elle et saisit le fin menton de la policière entre ses doigts. Elle avait les yeux bouffis, les joues rougies et le nez qui coulait. Lui fourrant dans la main, et le cachet et le verre d'eau, il l'incita à avaler. Kate n'était plus en état d'aligner des pensées cohérentes. Alors elle avala ce qu'il lui donnait.
Il savait que c'était horrible de l'endormir comme cela. Mais il ne pouvait pas rester le spectateur d'un mal qu'il connaissait en parti. Il voulait la voir dormir paisiblement, comme tout à l'heure, et préférait pour elle l'inconscience à la souffrance.
Castle aida la jeune femme à s'allonger et la recouvra des édredons. Il caressa ses cheveux jusqu'à ce que la respiration de la jeune femme se calme et adopte un rythme paisible et profond. Lorsque ce fut le cas, il se stoppa, laissant sa main posée sur le haut de son crâne. Kate n'avait que son père... Rien que lui... Pas d'autre famille à qui se raccrocher... Lui, il avait eu sa mère pour le secouer après le drame, pour le soutenir pendant le drame... Mais elle...
- Je vous le ramènerai, chuchota-t-il. Je vous le ramènerai.
Il détourna le regard, déterminé, et disparu dans l'ombre de la penderie.
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Dans la tourmente
FanfictionLa police de Boston menée par le lieutenant Castle est sur la trace d'un tueur en série qui terrorise la ville... Mais voilà qu'il tient une bonne piste ! Et le policier expérimenté vole au secours d'une inconnue, séquestrée dans une placard par leu...