Kate s'avança dans la pièce, Castle sur les talons. Elle s'allongea dans son lit sous le regard de celui-ci.
- Vous n'avez toujours pas l'intention de me border, s'exclama-t-elle suspicieuse.
Le lieutenant de la police de Boston rit simplement.
- Toujours pas, non, rassurez-vous, répondit-il en s'installant néanmoins à côté d'elle.
Elle lui lança un regard interrogateur. Sa présence l'intriguait. Il trouvait ça drôle.
- Vous me devez quelque chose, rappela-t-il.
Elle ouvrit de grands yeux surpris. Elle ?! Pourquoi ?! Il leva les yeux au ciel.
- Franchement, Katherine, vous ne devriez pas accepter des conditions que vous ne connaissez pas, fit-il remarquer, la morigénant quelque peu. Cela peut-être dangereux.
Elle avait l'impression d'entendre son père. Levant les yeux au ciel, elle lui demanda d'expliquer sa fameuse « condition ». Il se contenta de retirer les couvertures d'un coup sec. Elle le fixa, surprise, la bouche entrouverte, la gorge nouée. Que voulait-il ?
- Allongez-vous sur le ventre, ordonna-t-il en se retournant pour prendre quelque chose qu'elle ne voyait pas.
Elle le suivit des yeux sans obtempérer. Quand il revint, elle n'avait pas bougé. Il portait fièrement dans sa main droite un tube de crème... Le nom lui dit vaguement quelque chose ... Mais elle ne dit rien et regarda le jeune policier s'approcher d'elle.
- Je vais vous mettre de la crème apaisante dans le dos, murmura-t-il pour toute explication.
Ah... C'est vrai que le docteur en avait prescris pour les blessures infligées par son tortionnaire. Mais elle n'avait jamais pensé qu'il s'en procurerait si vite et encore moins qu'il chercherait à lui en appliquer dans le dos ! Un peu anxieuse, elle s'allongea sur le ventre en silence. Elle sentit alors son tee-shirt être remonté, dévoilant son dos nu. Elle frissonna. Richard Castle remarqua les bleus devenus noir sur sa peau meurtrie. Il ne l'avait pas loupé, le salopard... Il déposa une noisette de crème dans ses mains et appliqua le tout sur le dos de la jeune femme qui frémit à son contact. Il parcourut chaque parcelle de sa peau, la recouvrant de crème...
- C'est froid, souffla-t-elle sans pouvoir s'en empêcher.
Il sourit. Ses muscles se contractaient sous son touché... Elle était angoissée... Il malaxa donc doucement ses muscles tendus pour la tranquilliser quelque peu... Il exécuta sa tâche très consciencieusement et lorsqu'il termina son doux labeur, il se redressa. Dans la chambre régnait désormais la si caractéristique odeur mentholée...
- C'est fini, Kate, annonça-t-il en s'étirant.
Il n'eut pour seule réponse que la respiration profonde de la jeune femme. Il s'agenouilla donc à la hauteur de son visage pour contempler ses traits fins, apaisée par la tranquillité d'un sommeil reposant. Elle devait être exténuée... Il sourit et la recouvrit des édredons avant de quitter la pièce.
Lui aussi gagna son lit et rejoignit rapidement les bras de Morphée. Ce fut la sonnerie de son téléphone portable qui le fit émerger brutalement. Il sortit en tâtonnant la main de sous les couvertures, à la recherche du petit objet technologique. Une tête ébouriffée, les yeux à moitié fermé, surgit ensuite, alors que des doigts puissants se refermaient sur le réveil inattendu.
- Allô, murmura-t-il en passant une main sur son visage.
- Lieutenant Javier Esposito, Police de New-York, répondit son interlocuteur d'une voix grave.
Castle se redressa d'un bond. La police de New-York ! Son cœur se mit à battre plus vite et il humidifia ses lèvres du bout de la langue... Il écouta attentivement les renseignements qu'on lui donnait, hochant doucement la tête, les muscles du dos extrêmement tendus... Sa prise sur le téléphone portable se raffermissait sans qu'il ne puisse rien faire pour s'en empêcher. Enfin, le new-yorkais semblait cesser de parler... Pourtant, il ne semblait pas non plus décidé à raccrocher.
- Autre chose, demanda le lieutenant de la police de Boston, d'une voix plus posée qu'il ne l'aurait cru possible.
L'autre était gêné.
- Euh... Dîtes-moi juste qu'elle va bien...
Castle ne put réprimer le sourire qui lui montait aux lèvres.
- Elle va bien.
Il y eut comme une hésitation exaspéré de l'autre côté. Mais que pouvait-il dire de plus ? Que pouvait-il dire d'autre ? Il ne savait pas vraiment. Il n'avait jamais été très doué pour faire face aux amis, aux familles, que ce soit pour annoncer une mauvais nouvelle, ou même une bonne.
- Prenez soin d'elle, demanda finalement le dénommé Esposito avant de raccrocher.
Cela s'annonçait plus difficile... Elle en faisait qu'à sa tête ! Et puis, il devait lui parler ... Maintenant ? Demain ? Il ferait mieux d'y aller tout de suite ou elle serait contrariée. Castle gagna donc la chambre d'ami mais se stoppa sur le seuil de la porte. Il écouta un moment la respiration paisible de la jeune femme. Il aurait voulu attendre... Mieux encore, ne jamais devoir lui annoncer cela ! Comment pourrait-il... Sa respiration s'emballa. Ce n'était que quelques mots... Que quelques mots... Il ferma les yeux, plissant ses paupières avec une force incroyable, la main serrant violemment la poignée blanche de la porte de la chambre à couchée.
Calme-toi, Rick, ce n'est pas le moment... Elle a besoin de toi... Elle a besoin de toi...
Il se répétait ses quelques mots, tentant de repousser les flashs douloureux qui remontaient en lui tel de la bile annonçant des remontées désagréable de moments traumatisants mal digérés... Il se revoyait dans une petite salle, attendant anxieusement, tournant en rond... Et cette petite femme blonde qui était arrivée le lui annoncer... Le même sentiment de perte le dévasta à nouveau, coupant net sa respiration laborieuse.
STOP ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence maintenant ! Il ne pouvait pas se montrer faible dans un moment pareil ! Pas lorsque l'univers semblait lui offrir une seconde chance !
Au prix d'un effort épouvantablement difficile, Richard avala sa salive. Il reprit alors la maîtrise de sa respiration et se força à avaler de grande goulée d'air, silencieusement. Puis, il se redressa, remarquant enfin qu'il s'était plié en deux afin de mieux endurer cette affliction terrible qui l'avait saisit dans tout son être. Il se sentait exténué de refouler cela si brutalement mais il avait mieux à faire que s'apitoyer sur son pauvre sort.
Ses yeux bleus se posèrent sur la silhouette élégante de la jeune femme endormie. Bizarrement, un petit frémissement, prémisse d'un léger sourire, apparut sur ses lèvres... Mais cela disparut en un éclair... Il savait ce qu'elle allait endurer... Il aurait aimé avoir pu l'en protéger... Prenant alors son courage à deux mains, il s'agenouilla devant le lit du lieutenant Beckett. Les yeux fermés, la bouche entrouverte, elle avait un air angélique... Il déglutit difficilement avant de déposer sa main sur la peau chaude de la brunette...
- Kate... Kate...
Il lui caressa la joue et secoua doucement son épaule...
- Réveillez-vous...
Il avait les entrailles nouées... Il allait vraiment faire ça ? Le pouvait-il ? Le devait-il ?
- Mmm...
Le murmure ensommeillé lui dévoila que Katherine commençait à quitter le monde des songes pour affronter la dure réalité... Elle se frotta les yeux de la paume de la main avant de se redresser rapidement. Elle mit quelques minutes pour rassembler ses idées et reconnaître le visage penché sur elle. Tout allait bien... Elle était en sécurité...
Elle le regarda s'asseoir sur le bord de son lit, visiblement mal à l'aise. Elle se sentit paniquer. Que se passait-il ? Elle n'osa pas poser la question.
Castle avait la gorge nouée. Il devait lui dire... Il le devait...
- Votre père... Votre père a disparu, finit-il par déclarer d'une voix étranglée.
Kate resta immobile, la bouche ouverte, le souffle coupé....

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Dans la tourmente
FanfictionLa police de Boston menée par le lieutenant Castle est sur la trace d'un tueur en série qui terrorise la ville... Mais voilà qu'il tient une bonne piste ! Et le policier expérimenté vole au secours d'une inconnue, séquestrée dans une placard par leu...