Il frappa doucement à sa porte. Elle ne répondit pas.
- Kate, laisse-moi entrer s'il te plait... Il faut que nous parlions... Kate...
Il frappa de nouveau et attendit.
- Kate, insista-t-il. Ouvre-moi. Ce n'est pas pratique de discuter à travers la porte. Et tu n'as rien mangé ce midi ! J'ai préparé des spaghettis carbonara dont tu me diras des nouvelles.
Il posa son front tout contre le bois de la cloison.
- Kate... Réponds-moi...
La jeune femme resserra la prise autour de ses genoux et se mordit la lèvre inférieure. Elle fermait violemment les paupières alors que de grosses perles salées coulaient le long de ses joues.
- Kate... Quand tu auras faim, n'hésite pas à descendre, d'accord ?
Elle ne dit rien et écouta ses pas dans les escaliers. Il partait. Elle enfouit son visage dans son oreiller. Il sentait bon la lessive. Sa gorge se noua... Cette odeur fleurie lui rappelait vaguement une autre, celle qu'il utilisait lorsqu'il versait généreusement le liquide dans la machine. Elle se souvenait l'avoir longtemps observé, petite fille, malicieusement assise sur le sèche-linge, le fixant alors qu'il remplissait la machine à laver. Elle avait toujours adoré la buanderie... C'était petit, bien éclairé et elle passait de longues heures à y jouer, accompagnée du bruit tambourinant des machines électroniques. Elle aimait leur rythme violent, incessant... Il résonnait en elle, passionnément... C'était l'offensive musique sur laquelle son père et elles réalisaient la danse des draps. Chacun tenant une extrémité, il faisait ces gestes calculés pour obtenir le parfait résultat que sa mère adorait. Elle sentit les larmes couler et des sanglots la secouer.
- Papa, gémit-elle entre ses larmes.
Elle avait l'impression que ce flot ne cessait jamais, roulant sur sa longue, lui déchirant la gorge, les sanglots devenaient des cris d'agonie. Elle était si irréfléchie qu'elle l'avait mis en danger... En voulant le rassurer, l'empêcher de sombrer de nouveau dans l'alcoolisme... Tout ça parce qu'elle ne voulait pas le perdre ! Ses sanglots redoublèrent. Que donnerait-elle pour remonter le temps et crier à son alter-ego du passé de ne pas passer ce coup de fil !
Kate ne savait pas combien de temps elle avait passé à pleurer ainsi, mais elle se sentait épuisée et affamée. Finalement, l'appel de l'estomac fut le plus fort et elle descendit les escaliers sur la pointe des pieds. Ce fut la voix de Castle qui la stoppa.
- Tu es sûr que c'est comme ça qu'il l'a décrite : instable émotionnellement ?
Il se tut avant de reprendre.
- Oui, elle m'en avait parlé.
Il était au téléphone dans son bureau visiblement. Elle descendit encore plus prudemment tout en tendant l'oreille.
- Oui, le psychologue viendra demain. Mais je ne te garantis pas qu'elle accepte de lui parler, elle est du genre butée.
Elle s'approcha de la porte, les sens aux aguets.
- Oui, Myron, je comprends. Il nous dira si sa déposition est fiable demain, mais n'oublions pas qu'elle a réussi le test psychologique de la police. Alors nous devons la prendre très au sérieux.
Elle pinça les lèvres. L'autre lieutenant mettait sa parole en doute ... Mais elle savait ce qu'elle avait vu !
- Non je ne suis pas biaisé ! C'est l'une des nôtre, je lui fais confiance ! Et j'ai vu lors de sa déposition qu'elle pouvait se montrer très professionnelle !
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Dans la tourmente
FanfictionLa police de Boston menée par le lieutenant Castle est sur la trace d'un tueur en série qui terrorise la ville... Mais voilà qu'il tient une bonne piste ! Et le policier expérimenté vole au secours d'une inconnue, séquestrée dans une placard par leu...