Chapitre 10: Les Archives

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Les archives de la ville ouvraient à neuf heures. Les garçons étaient en route. La ville le jour, était aussi vide que durant la nuit. Le vent sifflait dans les vitrines et rendait l'endroit encore plus fantomatique.

— Une véritable ville hantée, lâcha Joe.

Le bâtiment municipal fut rapidement à leur portée. Construit de briques rouge et rehaussé d'un toit en œuf vert écaillé, il tenait encore debout, mais c'était surtout pour la façade. L'entrée était vidée de meubles. Il ne restait qu'une chaise accompagnée de son fonctionnaire endormi, dont la tête reposait sur un petit bureau en plastique.

— Доброе утро, сэр*, salua Paul.

Le fonctionnaire se réveilla en sursaut. Il passa ses mains sur son visage confus plusieurs fois, avant que ses paupières ne dévoilent des yeux gris. L'homme devait avoir une trentaine d'années. Il portait un uniforme bleu avec une étiquette où était inscrit « Ugor ». Ses cheveux étaient encore plus blonds que ceux de Joe, ce qui était un exploit.

— Доброе утро, Джентльмены*2, bredouilla le russe.

Il était en t-shirt alors que la température ne dépassait pas les sept degrés. Henry demanda s'ils pouvaient accéder à la salle des archives, dans son anglais natal. Le fonctionnaire ne releva pas les yeux de son écran et montra du doigt la salle du fond, fermée par une double porte vitrée.

La poignée grinça et le bois frotta contre le parquet au sol. Une odeur de renfermé les accueillit, on aurait dit que personne n'était entré dans cette salle depuis un siècle. Les toiles d'araignée avaient redécoré les étagères. 

— Cette salle est magnifique, lança éblouit Paul. 

Henry se tourna vers son ami et se demanda s'ils étaient équipés des mêmes yeux. Il ne voyait que du papier peint qui se déchirait, un parquet grinçant, des arachnides velues et des livres pourrissants.

— Je crois que nous venons de passer une brèche temporelle, cette salle est tout sauf magnifique, déclara le brun.

Joe opina du menton, il était de l'avis d'Henry. On aurait dit que le plafond pouvait s'effondrer sur leurs trois têtes à n'importe quel moment.

— Regardez ces ouvrages, ils sont d'époque, leurs dos sont incrustés de dorures, Paul saisit un livre sur une étagère et l'ouvrit, et l'odeur...

— On dirait que tu parles d'une fille, émit Joe en riant.

— Très mature, répondit vexé, le garçon au livre.

Henry s'installa sur une des tables mises à disposition. La chaise en bois qui l'accompagnait avait été mangée par les termites. Il en chercha une autre qui avait été épargnée et la ramena. Il s'asseya et alluma la lampe, dont la lumière grésillante, éclairée d'une faible lueur les mains de l'adolescent.

Il fut rejoint par Paul, qui déposa une grosse pile de différents ouvrages piochés dans les étagères des vingt dernières années.

— On a de la lecture, j'espère que vous avez lu le russe pour les nuls, annonça Paul.

— Nous n'avons pas tous ton amour de l'apprentissage.

— J'ai écrit quelques mots qui vous seront utiles pour trouver ce que l'on cherche. Si vous avez des questions, demandez-moi. J'ai un livre franco-russe à disposition.

Les deux adolescents se mirent à la recherche de deux chaises non termitées, à leur tour. Puis ils rejoignirent leur ami déjà plongé dans un des livres. Ils cherchaient les données qui parleraient de caves construites il y a au moins vingt ans et si des travaux avaient été répertoriés depuis. Le prénom Adam était aussi la clé de leur recherche, mais ce prénom était extrêmement courant en Russie Sibérienne de l'époque.

La dernière tartineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant