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Je comprenais que le bourdonnement qui me rendait folle venait de cette pièce. Il était beaucoup plus fort et net, on aurait dit une fuite de gaz. Tout ici avait l'air vivant. Je suis restée là un moment, à contempler le visage de Kara imprimé tout autour de moi, je me sentait apaisée,et bien malgré l'environnement qui m'entourait, je ne pouvais m'empêcher de sourire.

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Je me suis réveillée dans ma cellule, encore une fois. Je m'étais endormie, mais comment était-ce possible ? Je pense que cette fuite de gaz y était pour quelque chose, c'était sûrement un piège, un moyen d'éviter aux médecins de faire le sale boulot, à ce moment là je m'en voulais tellement de mettre évanouie, ce bourdonnement paraissait être la seule chose vrai dans toute cette comédie, comme si il me raccrochais au peu de lucidité qu'il me restait. Cela me semblait irréel, toute les photos de Kara s'étaient envolées, il ne restait plus rien. J'ai passé un moment là sur le sol, à ne penser à rien d'autre, et quand j'ai relevé la tête, j'ai cligné des yeux une bonne dizaine de fois avant de pouvoir comprendre que j'étais à nouveau dans cette pièce vide. Tout semblait désormais comme un rêve, mais je me souvenais approximativement de chaque minutes même si il était assez difficile de tout reconstituer . Peut être que ce n'était finalement qu'un rêve, mais je préférais ne pas penser à cette éventualité.

Les heures et les jours suivants, je n'ai plus rien fait, j'aurais voulu devenir invincible, comme une brise qu'on oublierais avec le temps. Mais je me retrouvais sur ce sol froid, à me concentrer sur tout et rien en même temps. Les yeux dans le vide,je fixais le plafond en essayant de m'imaginer à quoi pouvait bien ressembler le ciel étoilé au dehors. Qu'il soit étincelant ou nuageux, je ne savais plus à quoi il pouvait ressembler exactement,j'avais beau me concentrer sur la blancheur du plafond, et essayer de reconstituer les constellations, mes visions ne duraient qu'une seconde, le temps que je cligne les yeux. J'avais pourtant toujours été fascinée par l'immensité du ciel autour de moi. Je me surprenais assez souvent à le contempler, je crois qu'il me rappelais surtout que je n'étais absolument rien face à l'univers.Pendant que j'étais plongée dans ce qui me restait de souvenirs, je sentait mes visions remonter jusqu'à mes cils, et les brûler jusqu'à ce que mes émotions perlent sur ma peau, me rappelant au passage que je n'étais qu'une de ces étoiles perdues.

Nouvelle luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant