Ce matin, en me levant de mon lit, je commence ma journée habituelle. Tout d'abord je prends mon petit-déjeuner, assise sur une des chaises du bar face à la fenêtre de la cuisine depuis laquelle j'observe l'aube encore présente. Mon petit rituel passé, je me prépare pour partir en cours.
Je me rends à l'arrêt de bus scolaire qui se situe au bout de ma rue résidentielle car mon lycée se trouve loin de mon quartier. Les endroits que nous traversons peuvent paraître sombres et abandonnés pour les habitants aisés.
En arrivant devant ce grand bâtiment fait de briques rouges je ressens de la gêne sans savoir pourquoi... Dans les couloirs aseptisés je me perds dans mes pensées intimes. Alexandra m'extirpe de mes pensées vagabondes ; c'est une de mes amies de longue date que j'apprécie et qui connaît bien mon habitude de m'évader dans mon monde. Elle qui manque tant d'inspiration et qui ne vit que pour le paraître.
La sonnerie retentit et nous nous dirigeons en classe de mathématiques avec M.Hofter. Le cours est vite ennuyeux pour les gens comme moi, car dès la première explication je comprends déjà le thème abordé. Après une succession de cours où mon subconscient me prend en otage, je peux enfin rentrer chez moi. Une fois chez moi, je croise Mélissa dans l'entrée qui cherche ses clefs de voiture.
-Salut Spencer, comment s'est passé ta journée ? me questionne t-elle
-Longue et la tienne ?
-Aujourd'hui nous avons parlé des droits civiques de la population afro-américaine avant les émeutes de Détroit.
-Oh, intéressant ! Je prends mes jambes à mon cou car cela me donne envie de l'étrangler.Après cet échange platonique je monte dans ma chambre où j'ai le plaisir de retrouver mon livre Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë (ce goût littéraire pour les romans anglais me vient de ma mère). A chaque page je me plonge dans un monde où il n'y a que moi et les personnages de mon roman. Une voix me tire de mon petit monde parfait :
-Spencer, Mélissa : à table ! Ma mère a deux sacs en papier brun clair qui contiennent sûrement notre repas. En général c'est mon père qui cuisine pour qu'on ne meure pas d'une intoxication alimentaire.
Ma mère a beau avoir pris des tas de cours de cuisine, elle reste l'une des pires cuisinières de tout le continent si ce n'est à l'échelle mondiale. Nous sommes toutes les trois plongées dans nos pensées tout en mangeant nos pâtes. Le bruit de la porte nous oblige à lever la tête, c'est mon père. Il fait la bise à tout le monde.
-Spencer, comment s'est passé ta journée ? Mon père est enthousiaste et souriant mais mon humeur ne me permet pas de lui rendre ce sourire.
-Elle était banale. Puis il questionne le reste de la table et je me replonge dans mes pensées.
A la fin du repas, je monte prendre ma douche, l'eau chaude me brûle presque les épaules. L'eau coule et elle part dans les canalisations avec mes pensées les plus sombres. En tirant le rideau de douche je me retrouve dans un nuage de buée et je n'arrive pas à me voir dans le miroir. Je me sèche et passe un bas de training et un sweat à capuche bleu.
Je prends mon livre sur la commode qui se situe près de la fenêtre et je me couche sur mon lit. Je n'entends plus rien, je suis partie dans le monde d'Emily Brontë. Puis je tombe de fatigue sur mon roman.
Le lendemain, les rayons du soleil transpercent les lames de mes volets blancs, je me sens réchauffée par ces minces rayons. Je commence ma journée par prendre le bus.
Au lycée, Alexandra me parle de sa nuit avec Blake Handerson, le quarterback de l'équipe de football américain. Il n'est pas forcément beau, il est même banal pour un lycéen ''connu''. Je veux dire qu'il est grand, les cheveux bruns, yeux bruns, sportif et que ses parents sont aisés. Le rêve d'une petite fille, mais ce n'est pas le mien. Le mien serait de découvrir l'Europe, de mourir de peur seule ou peu importe mais vivre une aventure palpitante.
Je laisse Alexandra et Blake pour rejoindre la classe de mathématiques je commence par recevoir un A+. Mr. Hofter me félicite de mon travail, mais cela ne me fait pas plus d'effet. Avant, j'aurais souri et je me serais sentie heureuse mais mon humeur est aussi monotone qu'une feuille morte.
A la cantine, à midi, Alexandra me parle et j'écoute à peine ce qu'elle me dit car je sais que sa vie est trépidante et je devine déjà son parcours : elle va bosser comme une folle pour réussir au boulot puis Blake va la demander en mariage mais au fil des années il va aller voir ailleurs et ils vont divorcer comme trente pour cent de la population actuelle. Merde, je suis partie trop loin dans mes pensées quand Alexandra me rappelle sur terre.
-Spencer, tu es sûre que ça va ? Me dit-elle de son air inquiet.-Oui, je suis ailleurs désolée...dis-je en souriant.
Après quelques cours, je rentre chez moi. Dans le bus, je regarde les rues défiler et une des rues retient mon attention on entend de la musique même à travers les vitres du bus et il y a des lumières de plusieurs couleurs qui dansent comme dans une boîte de nuit.
Il y a une file d'attente devant une porte en bois, je n'arrive pas à voir ce qu'il y a à l'intérieur. J'imagine que c'est une boîte de nuit, un jour je verrai ce que les gens font dans ce genre d'endroit...
Ma routine du soir appliquée, je m'endors, je rêve de la rue pleine de lumières bizarres. Je suis profondément endormie quand mon réveil sonne. Mon humeur se détériore un peu plus chaque jour, je suis enfermée dans une routine sans fin, mon sourire s'est effacé de mon visage pâle. Je me brûle les lèvres avec mon café, je jure car je suis à fleur de peau.
Soudain, un bruit me fait sursauter, je me retourne pour voir ce qui a fait ce bruit. C'est mon père qui descend les escaliers il porte un costume bleu et une cravate rouge qui ressort sur sa chemise blanche ; il a du charisme dans ce genre de vêtement. Il est grand, ses cheveux noir et gris lui donnent un air sérieux et sévère.
-Salut Spencer, bien dormi ? Me dit-il avec un sourire.-Oui, merci, et toi ?
-Comme un bébé ! Figure-toi qu'aujourd'hui j'ai pris congé.
-Waw, un jour de semaine, quelle drôle d'idée... dis-moi ! Mon père me regarde comme si j'étais malade.
-Spencer, tu vas bien ? J'ai remarqué que tu n'as pas l'air très enthousiaste ces temps...
-Je vais bien, d'ailleurs je dois retrouver mon merveilleux lycée où j'ai ma meilleure amie qui est sans doute déjà très occupée avec son petit copain. Alors ma vie va bien mais le problème c'est qu'elle avance sans moi. Je me sens un peu larguée...Mais je fais avec, comme tout le monde. Je me raccroche à ma routine en attendant quelque chose mais je ne sais pas quoi.
Je me dirige vers l'entrée en laissant mon père bouche bée, puis je vais attendre le bus au bout de la rue. Pendant les cours je pense à m'inscrire à un voyage d'études en Europe, je pourrais aller en France ou en Italie ! Peu importe tant que c'est loin de chez moi.
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The evening boxer
Teen FictionSpencer une jeune lycéenne vit une vie paisible et plutôt banale. Mais sa vie va être chamboulée par une rencontre, c'est peut-être une nouvelle vie pour la jeune fille ainsi que pour les personnes qui l'entourent. Mais qui est cette personne cachée...