Chapitre 1

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Le même vent glaciale, qui nous coupe le souffle et ces milliers de flocons qui viennent embrasser la terre de leur innocence. Recouvrant Moscou d'un manteaux blanc, d'une telle pureté qu'elle semble le reflet de ce que certains appelleraient le paradis. Des bruits de pas ce font entendre sur la neige, ils se rapprochent de plus en plus. Une main se pose sur mon épaule droite et ce visage, toujours le même, lourd de désillusions et pourtant illuminé par le bleu de ses yeux.
- Tu aurais pu m'attendre devant chez moi ! J'ai du courir pour te rattraper et maintenant je suis à bout de souffle.
- À la place de m'engueuler, tu pourrais me remercier. Grâce à moi, tu as perdu au moins 100g. Aller Mélissa, il ne te reste plus que 9,900kg et c'est bon.
- Tu te crois drôle ? Riposte-elle en me donnant un coup d'épaule.
- C'est bien toi qui voulais faire un régime, je me trompe ?
- Certes, cependant j'ai encore un pot de nutella à la maison, me dit-elle avec un grand sourire. 
Ça fait tellement de temps que je connais Mélissa que j'ai fini par oublier le moment exacte de notre rencontre. Les saisons n'ont cessé de défiler, nous obligeant ainsi à faire le deuil de certains de nos rêves. Mais qu'importe puisque nous étions et nous sommes deux. Des rires, des larmes, des sourires, des silences, des espoirs, nous nous sommes données comme de précieux cadeaux que nul ne pourra nous dérober.
- Au faite, ça te dis d'aller boire un verre ce soir ? 
- Tu sais Mélissa, on fait ça tous les samedis soirs, ne pose plus cette question.
- C'est vrai, quand j'y pense c'est flippant à 18 ans d'avoir déjà des habitudes.
Nous continuons de marcher dans les rues de Moscou. Jusqu'à ce que nous arrivions devant le bar. Il est bondé, l'odeur de l'alcool se mélange à la sueur de la jeunesse, venue s'oublier au fond d'un verre. Je m'assieds toujours à la même table pour noyer mes inquiétudes ainsi que mes doutes dans un café bien serré. Les images défilent, je perd le fil, c'est l'impasse. Un jour on se réveil et le miroir nous renvoie le reflet d'une inconnue. Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais peut-être que cette fille au regard vide a les réponses à mes questions. Elle commande toujours la même chose : un verre de vodka pure. Au bout de quelques minutes, elle s'allume une cigarette. Elle caresse du bout des lèvres, sa fine silhouette, l'a fait danser entre ses doigts et d'un simple geste l'amène à sa bouche. La fumée entre en elle d'une manière unique, imprègne son corps de son passage puis disparaît dans l'invisible. Il suffit de cinq minutes et pas une de plus pour que ses désirs la consume puis d'un geste automatique, elle écrase le mégot dans le cendrier. Elle échange quelques mots avec son amie puis se lève en prenant appuie sur la table comme-ci elle portait la peine du monde entier sur ses épaules. Elle passe près de moi pour atteindre les toilettes. Son odeur m'enivre comme envoûtée par ce parfum sucré, je me lève à mon tour pour la suivre. Je rentre dans les toilettes mais elle n'est pas là, pourtant je l'ai vue entrer. Je m'apprête à rebrousser chemin quand un main m'attrape le bras droit et m'entraîne dans un cabinet, qu'elle s'empresse de refermer.

Des lèvres se posent sur les miennes, une respiration chaude caresse mon visage tandis qu'une voix me chuchote à l'oreille :
- Tu m'as manqué Jay !
- Toi aussi, je n'ai pas arrêté...mes derniers mots sont absorbés par ses lèvres.
Elle m'embrasse avec passion, mon corps devient son asile, le temps d'une danse qui consume mon innocence. Elle tatoue sous ma peau ses indécents désirs. Mon cœur bat au rythme du sien, mon souffle s'enflamme à ses étreintes, elle me murmure des mots d'amour puis c'est le vertige et le silence. Je me rhabille. Ses yeux vert émeraude se promène sur mon corps. Elle s'approche de moi et m'enlace par la taille.
- Émilie ?
- Qu'est-ce qui ne va pas ? Me demande t-elle.
- Je me demande souvent où va nous mener cette relation ?
- Je ne sais pas... elle plonge son regard dans le mien.
- Je ne veux pas te perdre. Ma gorge se noue.
- C'est toi qui a voulu que ça se passe comme ça.
- Oui, j'en suis consciente cependant aujourd'hui, c'est différent, je n'ai plus envie de me cacher pour vivre notre relation.

Elle dépose un baiser sur mes lèvres et me promet que notre relation va changer. Elle ouvre la porte et va se rafraîchir le visage. Un dernier sourire puis je la vois disparaître dans la foule. 

Les apparencesWhere stories live. Discover now