Chapitre 5

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C'était des jours ordinaires que mes pensées rendaient invivables. Je croyais que chaque événement avait une raison logique. J'ai cherché des réponses à des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Pourquoi est-ce tombé sur moi ? C'est comme-ci j'avais joué à une partie de roulette sans avoir à aucun moment eu conscience de presser la détente. Le coup était parti dans un silence fracassant et avant que je m'en rende compte, c'était en moi. Le reflet du miroir m'est devenu inconnu, j'avais beau fermer les yeux en répétant que ce n'est qu'un mauvais rêve. C'est dans chaque cellule de mon corps mais l'admettre je ne pouvais pas. Je n'avais pas la force de tout reconstruire. J'étais terrorisée face à cette page blanche. Je ne savais pas comment commencer cette nouvelle histoire alors que la solitude était devenue mon amante à n'importe quelle heure du jour. J'ai donc mutilé cette feuille de ratures guidées par ma peur des autres. Combien de fois cette lame a touché mon âme dans une nuit qui s'est enflammé à la chaleur de mon sang. Aujourd'hui, ces cicatrices sur mon avant bras gauche sont là pour me rappeler que la vie ne doit pas se consumer aussi bêtement. J'ai rencontré ma destinée par les chemins que j'ai prit pour l'éviter. Il m'est alors devenue impossible de nier que mon existence, n'avait aucun sens avant d'avoir posé mon regard sur ce visage, ce soir là.
- Jay, descends ? Hurle ma belle-mère du bas de l'escalier. Ton amie Émilie est là !
Ce prénom m'a fait immédiatement quitter le monde des souvenirs. Je sors de ma chambre en vitesse et dévale les escaliers à toute allure.
Elle se tient sur le seuil de la porte, réchauffant ses mains en les frottant l'une contre l'autre.
- Que fais-tu là ?
- Moi aussi, je suis contente de te voir Jay !
- Excuse moi, c'est juste que je suis surprise de te voir ici.
- J'aurais dû te prévenir avant, je suis désolée.
Elle regarde par dessus mon épaule pour s'assurer qu'il n'y ait personne. Elle se rapproche de moi, assez près pour que je puisse respirer son odeur. Elle me chuchote à l'oreille qu'elle avait très envie de me voir. Un bruit se fait entendre dans le salon, je la vois immédiatement reculer. Mon père passe dans le couloir et la salue, elle fit de même.
- En faite, si je suis passée, c'est pour te demander si tu voulais bien m'accompagner à une soirée. C'est l'occasion de te présenter à mes amis.
- Oui, je veux bien. Comment te résister.
Son regard est ardent de désir. Elle voudrait m'embrasser langoureusement mais elle doit se contenter d'un sourire jusqu'à ce que nous disparaissons dans la brume.
La musique résonne dans ma tête. Mon cerveau est noyé dans l'alcool, les poumons sont égarés dans un brouillard de fumée. N'entraîne Émilie dans le jardin pour qu'on s'isole un peu du reste de la fête.
- Maintenant je comprends mieux pourquoi Mélissa et toi vous vous entendez si bien. Vous êtes aussi folles l'une et l'autre.
- Non, on profite de la vie, c'est tout !
- En prenant un bain de minuit dans le fleuve avec ce froid.
- Et maintenant comme je suis gelée, il faut que je trouve un moyen de me réchauffer.
Je vais pour l'embrasser mais elle se recule en me disant pour plaisante: "Ne compte pas sur moi." Je fais semblant de partir fâché en criant que je trouverai quelqu'un d'autre. Elle me rattrape par la taille et m'enlace avec ferveur.
- Tu crois que je suis assez dingue pour laisser partir une aussi jolie jeune fille ?
- C'est vrai que je suis plutôt sexy pour 1m65 !
Son rire pénètre en moi, parcours la moindre fibre de mon cœur éveillant un excitant sans précédent. Cela étant sûrement dû au fait que j'ai beaucoup bu ce soir.
- Et si on allait dans un endroit plus calme ?
- Je te vois venir Émilie.
- Je veux juste te montrer à quel point je t'aime.
De cette idylle passionnée, il ne reste qu'un drap froissé et deux corps dénudés d'innocence, voyageant dans un silence qu'il ne faut pas briser précipitamment. Sa signification étant si forte. Nos yeux se sont à la lueur de la flambée pour se rencontrer dans un regard brûlant de passion. Doucement nos mains ce sont liées. Mes baisers descendaient le long de ses formes. Son souffle attirait mes désirs, nos corps s'effleurait au rythme de notre peau moite. C'était un acte désespéré mais nécessaire.

Les apparencesWhere stories live. Discover now