Les apparences

Chapitre 10

Je tourne en rond dans ma chambre, marchant dans mes propres pas encore et encore. Emilie ne m'a toujours pas appelé et quand je tente de la joindre, je tombe sur sa messagerie. Il est plus de 22h, elle ne me donne aucun signe de vie. J'ai un mauvais pressentiment. A chacune de nos rencontres, j'ai peur que ce soit la dernière fois que je la vois. Son père a-t-il franchi la ligne ? A-t-il frappé trop fort cette fois-ci ? Je hais ce sentiment d'impuissance que je ressens dans ces moments. Je ne peux pas reste là a attendre, il faut que je la vois pour me rassurer. J'enfile ma veste et m'apprête à sortir quand mon portable sonne.

- Emilie ?

- Oui, c'est moi.

- J'étais morte d'inquiétude...

- Je suis navrée, je n'ai pas pu te téléphoner avant, s'excuse t-elle d'une voix fatiguée.

- Tu vas bien ?

- Oui, oui...je suis désolée, il est tard pour qu'on puisse se voir ce soir et demain après-midi, j'ai un empêchement.

- Ton père a levé la main sur toi, c'est ça ?

- Arrête avec ça Jay ! Je t'ai déjà dit qu'il ne me touchait pas.

- Dans ce cas les escaliers de ton immeuble sont très dangereux !

Aucune réponses- Excuse moi, c'est juste que j'ai peur de te perdre ! Putain Emilie ! A chaque fois qu'on se quitte, je vis la crainte de ne plus te voir. Je sais très bien que tu ne veux pas en parler mais ne me prend pas pour une conne, je sais exactement d'où viennent ces marques sur ton corps.

- Peu importe Jay, c'est mon père et je l'aime. Ecoute, je suis crevée, je vais me coucher.

- On peut se voir demain ?

- Je ne sais pas.

- S'il te plaît.

- Rendez-vous à 15h à la maison abandonnée, à demain.

Je pose mon téléphone sur mon bureau puis je vais prendre une bouffée d'air à la fenêtre. J'ai les larmes qui montent aux yeux, mais toute cette peine, à quoi sert-elle ?

Je ne peux rien faire à part pleurer sa souffrance. Je voudrai l'emmener loin de cette terre où la seule chose à cultiver est le douleur, mais la peur de l'inconnu me retiens ici. Il n'y a plus de passé, pas de futur juste un présent qui la tue d'avantage chaque jour.