Chapitre 3

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Deux yeux sont braqués sur moi, dans lesquels je peux lire une certaine curiosité à mon égard. Des questions qui brûlent leurs lèvres mais que leurs bonnes manières gardent prisonnières. Je me sens mal à l'aise et voir Jay triturer sa nourriture comme ça, je ne pense pas être la seule. Je suis là, sans vraiment savoir pourquoi.
- Alors, où vous êtes vous rencontrées ?Me questionne sa belle-mère.
- A une soiré qu'organisait Bryan, c'est un ami à mon grand frère.
Voilà, le premier mensonge de la soirée. Je l'ai dit avec tellement de naturel et d'aisance que je pourrais finir par croire que c'est vrai.
J'ai avait prévu ce genre de question de la part de sa famille. Elle m'avait coaché quelques minutes avant le repas.
- Ce Bryan est un charmant jeune homme, en plus d'être poli. N'est-ce pas Jay ?
- Sans doute. Répond t-elle le regard perdu dans le vide.
- Vois-tu Émilie, le seul reproche que je ferais à ma fille, c'est sa discrétion sur ses amours. A force de ne rien nous confier, nous allons finir par croire qu'elle finira vieille fille. Je souris par politesse, quant à Jay, elle ne relève même pas ce que vient de dire son père. Elle semble ailleurs, sans doute entrain de réfléchir à la manière dont elle va le révéler à sa famille. Quand elle en aura le courage, elle n'est pas celle qu'ils pensent. Elle voile la vérité pour se protéger de la réalité. Il me sait que c'est humain comme intention, de vouloir se préserver soi-même et ceux qu'on aime d'un amour jugé contre nature par un monde sombrant dans la folie. On passe alors ses journées à se battre contre son pire ennemi, autrement dit, nous même. C'est une lutte sans fin où l'on perd bien plus que l'on ne gagne. On est déçu. On déçoit. On se déçoit soi-même pourquoi ne pas tout simplement l'accepter plutôt que de se convaincre que nous puissions avoir une quelconque influence sur ce sentiment. 

- Comment se passe tes études ? M'interroge son père.
- Je fais comme je peux pour m'en sortir.
- Sais-tu ce que tu veux faire plus tard ?
- Non, je n'en ai pas la moindre idée.

Les secondes me semblent des minutes. Les minutes sont aussi longues que des heures. Ce dîner n'en fini pas. C'est pas que je m'ennuie, disons qu'une légère jalousie s'empare de moi. Je regarde cette famille réunie et je ne peux m'empêcher de les envier. Ces moments ordinaires soient-ils, me manquent...

Les apparencesWhere stories live. Discover now