Mlle Pouce

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M. Index n'avait pas menti. Du moins, pas sciemment. Un simple malentendu entre sa voisine et lui avait causé bien des ennuis à l'agent Gauche, qui, épuisé, n'avait plus qu'une envie : rentrer chez lui ! Toutefois, c'était impossible : il lui fallait interroger la pauvre Mlle Pouce et trouver le coupable. Tout cela, bien entendu, en trois petites heures.
Soufflant et pestant contre la vie, l'agent Gauche retourna au poste de police. Là, il trouva l'inspectrice Temps :

-Je vous l'avais bien dit, Agent Gauche.

Le sourire narquois qu'elle arborait lui fit froid dans le dos. Que s'était-il passé durant son absence ? Rapidement, il eut la réponse : les meubles de son bureau avaient lâché. Du moins, l'inspectrice Temps le prétendait. L'agent Gauche n'avait pas la moindre preuve de sa culpabilité, mais son petit doigt lui murmurait qu'elle avait démonté ses meubles un à un pour faire croire à une avalanche de bois groupée. Une blague plutôt moyenne, si vous voulez mon avis.
L'agent Gauche se paya un nouveau café au goût plus infecte que du jus de chaussettes. Pourtant, il le but sans rechigner. Sans doute était-il trop fatigué pour y prêter attention. Oui, sans doute.

-Colonelle Bouche, appela-t-il depuis la machine à boissons, où est Mlle Pouce ?

-Toujours dans mon bureau. Elle a peur de sortir.

-Je vais lui parler. Vous venez ?

-Évidemment ! Je ne raterais sûrement pas une occasion de vous voir vous vautrer !

La relation qu'entretenaient l'agent Gauche et la Colonelle Bouche était houleuse, compliquée, et un tantinet malsaine. En effet, les deux collègues ne cessaient de se concurrencer. Une compétition éternelle semblait les opposer.

-Mlle Pouce ? Je suis l'agent Gauche. Je vais vous poser quelques questions, d'accord ?

Au lieu d'acquiescer comme tous s'y attendaient, la jeune victime hurla de toutes ses forces à la vue de l'agent Gauche. Elle le pointait du doigt, un air effrayé au visage.

-Que se passe-t-il, Mlle Pouce ? s'enquit la Colonelle Bouche.

-C'est lui, s'écria-t-elle d'une voix éraillée. C'est mon agresseur ! Je reconnais son visage.

La Colonelle Bouche referma deux bracelet en acier sur les poignets de l'agent Gauche, l'air féroce. Elle le conduisit jusqu'à la salle où ils avaient l'habitude de laisser les criminels avant qu'ils ne soient envoyés en prison.
L'agent Gauche était dévasté : il n'avait pas agressé Mlle Pouce. C'était forcément un coup monté ! Oui, forcément...

Les cinq doigts de la mainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant