Mme Majeur

25 7 0
                                    

L'agent Gauche toqua à la porte de Mme Majeur. Une fois. Deux fois. Trois fois. Quinze fois. Chaque coup était plus fort que le précédent. Pourtant, aucun ne fit venir la suspecte. Aux grands maux les grands remèdes... L'agent Gauche enfonça brutalement la porte pour trouver une femme -deux fois plus grande que Mlle Pouce- écoutant et chantant du rap -très vulgaire- à tue-tête. Lorsqu'elle le vit, elle se fit agressive. Mais, lorsqu'il lui montra sa carte, elle se calma et lui montra un fauteuil.

-Vous avez reçu une cargaison de griffes, n'est-ce pas ?

-Ouais, jl'ai r'çue c'matin. J'suis dégoutée, elle d'vait arriver hier soir !

Elle lui montra le ticket attestant ses paroles. L'agent Gauche sentit un poids de plus peser sur ses épaules. Il n'était pas près de démasquer le coupable...

-Que faisiez-vous la nuit dernière, Mme Majeur ?

-J'tais à l'hôpital. Pour mon oreille sourde.

-Vous pouvez le prouver ?

Mme Majeur se leva en râlant. Elle se dirigea vers un sac à main et fouilla à l'intérieur. À travers la pièce, elle jeta ce qui lui passait sous la main et qui ne l'intéressait pas, comme un tube de colle, une paire de chaussettes, des sandales (tout ça rentrait vraiment dans son sac à main, je le promets), une bouteille vide, un couteau suisse, une... Attendez, un couteau suisse ?! L'agent Gauche réfléchit à 200 à l'heure. Les couteaux suisses comportaient tous une griffe à l'intérieur. Et Mlle Pouce avait été brutalisée avec une griffe.

-Pourquoi avez-vous un couteau suisse dans votre sac, Mme Majeur ?

-'Tendez deux s'condes, là ! Ah, v'là l'certificat ! T'nez.

L'agent Gauche fut forcé d'admettre qu'elle n'avait pas pu attaquer Mlle Pouce : le certificat déclarait que Mme Majeur avait été admise à l'hôpital à 15 heures, et qu'elle en était sortie le lendemain, à 7 heures trente. Or, l'agression s'était déroulée de 22 heures à 6 heures du matin. Néanmoins, cela n'expliquait pas la présence d'un couteau suisse dans les affaires de Mme Majeur.

-J'en ai toujours un avec moi. Parce que j'perds tout l'temps mes clefs.

L'agent Gauche, ne pouvant prouver sa culpabilité, s'en alla, laissant une serrure défoncée derrière lui. Au moins, pensa-t-il, Mme Majeur n'aurait plus de problème avec ses clefs.
Mais l'heure n'était pas à la rigolade. Il lui restait qautre heures cinquante-sept et deux suspects à interroger. L'enquête n'allait vraiment pas en son sens... Il aurait mieux fait de rester chez lui, ce matin.

Les cinq doigts de la mainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant