VI. Baignade sinistre

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          Aucun bruit ne vient rompre le silence pesant dans cette pièce obscure. Son cœur ne bas plus. Son corps refroidit, au point d'être gelé. Mes mains, ensanglantées, lui caressent le visage. Je reste près de son corps. Allongée à ses cotés. Nous baignons dans une flaque poisseuse de sang. Son sang. Comme cette vision m'apaise...

          Mes doigts effleurent ses blessures d'où le sang qui s'en écoulait commence doucement à se figer. La lame repose à coté d'elle. Ses vêtements de créateurs sont maculés de son sang rouge et liquide. Je ne distingue pas son visage mais je sais qu'aucun sourire ne plane dessus. Je la trouve encore plus belle ainsi. Les entailles de son bras sont comme les entailles de ma vie.  Profondes, douloureuses, irrémédiables. Et je suis heureuse de la voir ainsi. Je me détends. Comme je me sens bien... Je pourrais certainement rester des heures durant à côté d'elle. Je pourrais y dormir.

          J'attrape la lame maculée et je me coupe légèrement le doigt avec la pointe. Comme lorsqu'on se pique le doigt avec une aiguille à coudre. Je trempe ma main dans la flaque. Son sang est désormais mélangé au mien. Nous sommes unies à jamais. Je me tourne vers son corps inerte et je m'endors. Elle sera toujours là à mon réveil. Elle ne bougera pas. Elle ne bougera plus.


- Texte écrit le 15.04.2018 à 9h45 -

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