XIII. Obscure

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Toutes les bonnes choses ont une fin dit-on. Les nuages sombres ont envahi mon ciel jadis si bleu. Les rayons de soleil, bien trop peu puissants, ne peuvent percer cette couche ténébreuse. Sans lumière comme guide, j'avance à l'aveugle, plongée dans cette infinie obscurité.

Les obstacles devant moi sont indiscernables, eux aussi engloutis dans le noir de cette nuit sans étoiles ni lune. Ils peuvent être petits, sur le bord de ma route. Mais ils sont emplis de vice. On ne voit pas leur silhouette, ils arrivent sans prévenir. Ils me font trébucher, tomber au sol. Ils peuvent être imposants, se dressant face à moi, me barrant la route. Je ne peux alors que les heurter de plein fouet. Ils me désarçonnent, m'empêchent d'avancer.

Mais il faut que j'avance disent les autres. Je me relève de mes chutes, mais cela est de plus en plus pénible, de plus en plus difficile. Sur mon corps apparaissent des égratignures, à chaque plus nombreuses, à chaque fois plus profondes. Je suis blessée, sans pour autant savoir où mes plaies s'étendent, l'obscurité autour de moi s'amplifie davantage à chaque écorchure. J'essaie d'avancer un peu plus, la douleur de mes entailles comme entrave. Elle me ralenti inexorablement, me vide de ma force. Un jour, elle sera telle que mon corps sans énergie s'affalera sur le sol. L'envie de continuer ma route m'aura quitté. J'attendrai alors que la silhouette noire encapuchonnée qui observe ma laborieuse marche nocturne abrège mes souffrances.

Mes repères se dissipent dans ce brouillard lugubre. Aucun moyen de savoir où mes pas me mènent. Quelque chose apparait devant moi. Une forme floue mais émanant une lumière blanche. Elle semble flotter dans l'air, si légère, si jolie. Cela fait si longtemps que je n'ai pas vu un tel éclat, je m'élance, elle est si près de moi, je cours, ma main pleine d'espoir s'approche d'elle, mes doigts veulent la saisir. Ils se referment sur du vide. La forme disparait. Je suis de nouveau seule. L'espoir naissant a délaissé mon corps. Mon chemin est donc rempli de mirages. Mirages d'amour m'envahissant d'une espérance vaine d'apporter une lueur ici. C'est épuisant. Je m'effondre. Il me faudra du temps pour me relever.

Je ne sais même plus si j'attends le retour du si éblouissant soleil. Lui pourrait éclairer mon chemin. Mais il ne semble plus exister. Il a déserté ma vie, me laissant seule, sans but ni espoir, sans amour ni cœur. Il a volé tout ce qui m'était cher, me laissant perdue.

Je suis condamnée à marcher, tomber, me blesser, me relever, souffrir, marcher, tomber, me blesser, me relever, souffrir. Cercle vicieux continuel dans lequel la joie s'amenuise et la tristesse est reine.

- Texte écrit le 17/10/2019 en cours d'histoire -

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