Textes

II. Le Grand Saut

Le vide. C'est fascinant. Voir la rue qui s'anime lentement en contre-bas est magnifique. Il est tôt et le monde commence à peine à s'éveiller. Le bruit des rares voitures n'atteint pas mes oreilles. Au-delà, Paris, les buildings, la tour Eiffel. Autant de choses que je ne reverrait jamais. Je profite des derniers instants de l'aube pour faire la conclusion sur ma lasse vie. Tout me revient. Elle, mes parents, mes amis, et enfin, la dégringolade. Aujourd'hui, sur ce toit,  je conclu que ma vie est devenue un enfer, une ruine.  Comme un champ de bataille après les combats. Détruite, abîmée, silencieuse. Chaque mouvement se voit. Je me suis battue. J'ai combattu avec bravoure. En vain. Tous ces efforts n'ont servis à rien.

Elle. Que pensera-t-elle de moi ? À ses yeux, je serais lâche. Mais elle n'a pas vu la force avec laquelle je me suis battue. Je penserais à elle, même si ma vie s'arrête. Son visage est gravé dans ma mémoire.

Mes parents. Que dire d'autre... Ils ne veulent pas. Eux n'ont plu n'ont pas vu. Ils ne m'ont pas tenu la main. Ils l'ont lâchée. Eux, je voudrais à jamais les oublier.

Sur ce toit, l'aube touche à sa fin. Les douces couleurs du lever du soleil s'estompent lentement. Elles me rappellent le début de ma vie. L'insouciance. La joie. L'innocence. Au fil de temps, ces trois mots disparaissent et les jolies couleurs s'effacent. Elles laissent place à la nuit noire. La fin. J'en suis là.

Au fond, je suis heureuse et même, soulagée que tout cela prenne fin. Je suis peut-être en train de laisser la raison à des personnes qui ne la mérite pas. Mais ce n'est pas grave. Je préfère et je veux que tout devienne noir. Sombre. Et incompréhensible. J'aime les questions sans réponses. Parfois, la vérité n'est pas celle que l'on désire. Parfois, elle blesse plus que le mensonge qui la dissimule. Alors, laissons ces non-dits comme ils sont. Et faisons un pas en avant. Vers ce qui me fascine.

-Texte écrit le 22/03/2018 à 9h10 -