Nous revenons, Anatole et moi, du Labo. Il est sept heures et demie et j'ai plus que faim. Le souper nous est généralement livrer à notre porte. J'ai hâte de m'y retrouver. Seule. Enfin après une si longue journée. Cela fait une semaine que j'ai parlé avec Freddy Carvis, que je suis allée à Suprématie. Je suis très fatiguée. Anatole me semble plus silencieux que de coutume. Je lui demande ce qui ne va pas en baillant.
-Et bien, mademoiselle Susa, je dois vous dire quelque chose. Je pars demain. C'était ma dernière journée avec vous. Un nouveau gardien viendra demain matin devant votre porte.
Nous continuons à marcher vers mes cartiers alors que je tente de me faire à cette idée. Je me suis tellement habituer à sa présence que je ne pensais plus à son départ.
-Vous allez me manquer, Gardien Lavial, mon ami, Anatole, je dis. Je vous souhaite bonne continuité.
-Vous me manquerais aussi, il dit d'une voix étouffer.
Nous sommes devant ma porte. Nous ne bougeons pas. Et alors, je le prends dans mes bras. Je lui dis au revoir de la bonne façon, comme à un ami. Il me sert aussi dans ses bras. Il me lâche au bout de quelques minutes.
J'ouvre la porte et ravale ma tristesse. Je sonne la cloche repas. On me le porte après quelques minutes. Je donne la monnaie comme pour boire à la jeune Oméga qui me le porte. Je mange lentement. Lorsque je finis, je mets l'un des adorables pyjamas que contiens mes tiroirs. Je me couche, et me dis qu'Anatole me manque déjà.
Ce matin, je ne suis pas nostalgique. J'ai hâte de le rencontré, ce nouveau Gardien. Je revêtis de mon chemisier noir préféré, un pantalon moulant rouge et des bottes noires également qui me montent aux genoux. On ne voit que ma cicatrice faciale. Je ne me maquille pas. J'ai essayée il y a quelques jours. Très peu pour moi, je me sens comme dans un masque. Je place mes cheveux derrière mes oreilles, pour que l'on puisse voir mes pommettes hautes et mon nez un peu en l'air. Je suis plutôt jolie, même avec toutes ces taches de rousseur et cette cicatrice, je me dois de l'admettre.
Je sors de la chambre. Un homme, qui doit bien faire une tête de plus que moi, ce tiens dos à moi. Je ferme la porte. Il ne semble pas m'avoir vu. Il a les cheveux plus noirs encore que la nuit, portés un peu plus long sur le dessus de la tête, tels les soldats des guerres du Vieux-Monde. Je tousse pour lui signifier ma présence. Il se retourne relativement lentement. Une mâchoire carrée. De belles pommettes pas du tout enfantines. Plus musclé encore qu'Anatole. Un nez busqué très masculins.
Deux grands yeux encadrés de longs cils et d'épais sourcils. Ils sont bleus. Bleu glacier.
Nous nous regardons un trop long moment. Il semble sortir de sa torpeur en premier.
-Bonjour, mademoiselle. Je suis le Gardien Haarau. Je ne connais par contre pas votre prénom, car on ne m'a donné qu'un numéro de cartier. Vous êtes?
-Je... je suis l'Alpha Sertier, chef du Laboratoire Couveuse. Mon prénom est Suzanna, mais je vous prie de m'appeler... Suzie. Quel est votre prénom?
Je ne sais pas d'où me vient ce diminutif.
-Je m'appelle Aymerick, mademoiselle Suzie. Il n'y a pas vraiment de diminutif qui me plaise.
Aymerick Haarau. Il s'appelle Aymerick Haarau.
Nous nous fixons encore un long moment, perdus dans le regard l'un de l'autre. Je connais ces yeux. Je les connais.
Je me secoue de l'intérieur, reprends mes esprits. Nous devons allés manger, sinon nous seront en retard pour le boulot. Enfin, moi, pas lui.
-Nous devons aller manger, je souffle.
-Ouais... (Il semble se ressaisir). Oui, allons-y.
Je ne dis rien, il ne dit rien. Il n'y rien à dire. Je me demande s'il a la même impression de déjà vu que moi. Je lui demanderais un jour.
Nous mangeons. J'insiste pour payer. Nous prenons la voiture. Il est habile au volant, plus qu'Anatole. Nous ne disons rien, mais son nom se répète dans ma tête en écho.
Aymerick Haarau.
Pourquoi ai-je l'impression de connaitre ce nom? Je dois bien l'avoir entendus une fois. Je dois tirer ça au clair. Je lui en parlerais sur le chemin de retour, ce soir.
Nous arrivons au bureau. Je présente Aymerick à Gabrielle. Et la journée reprend son court, sans embuche. Mais je ne suis pas très productrice. Parce qu'une paire d'yeux me hante.
Je n'ai pas trouvé la force de lui parler de mon étrange impression de déjà vus. Je n'ai pas pu. Alors je l'ai laissée devant la porte de mes cartiers. Je me suis coucher tôt et me suis endormis vite.
Je suis devant un grand miroir. Un simple miroir sur un mur blanc et monotone. Tous les murs sont de ce blanc. Mes habits aussi. Mais le miroir est étonnant.
Le reflet qu'il me renvoie est immaculé, sans cicatrices. Je lève la main pour toucher ma joue. La cicatrice est bien là. Mon reflet a bougé en rythme. Ma main retombe le long de mon corps. Mon reflet fait de même. Je fronce les sourcils. Pas mon reflet.
Il sourit, bienveillant. Il tend la main et elle sort du miroir. Je suis figé sur place. La main est suivie du corps. Je recule de deux pas. Le miroir n'est plus là. Le mur prend toute la place. Une copie conforme de moi ce tien dans mon champ de vision. Ses deux yeux sont verts. Elle ne porte pas d'autres signes. Elle est parfaite. Elle ouvre la bouche. Chuchote.
-Suzanna...
Une main d'homme me prend gentiment l'épaule. Je me retourne. Aymerick est là et souris lui aussi. Il ne porte que du blanc. Je me retourne encore. La deuxième moi à disparue. Je regarde Aymerick sans comprendre. Mais lui aussi est en manque.
Le sol tremble, manquant de me faire tomber. Je tiens bon. Que se passe-t-il? Les murs change de couleur. Le sol change de densité. Je suis maintenant dans un boisé, toujours vêtue de blanc. Je marche sur quelques mètres, toujours sur le qui-vive. Quelqu'un cris à l'aide. Je cours vers la voix. J'identifie Aymerick, vétu de tenues de sport. Il est couvert de sang et ne parait pas me voir. Et il semble être penché sur une forme que je ne peux pas distinguer. Des voix plus lointaine arrivent. Deux silhouettes. Je veux bouger, mais ne peux pas. L'une d'elle, un garçon blond, passe son chemin sur les instructions d'Aymerick. Il part chercher de l'aide, il me semble. Il passe tout près de moi mais ne semble pas me voir lui non plus. Je peux enfin m'approcher. La deuxième semble être moi, mais elle répète sans cesse «Suzie!». Je me penche pour voir sur quoi, ou qui, Aymerick est pencher. S'est alors qu'il ce recule. Et je vois alors quelque chose que je ne pourrais jamais oublier.
Un corps ensanglanté semble me fixer de ses yeux verts injectés de sang. Ce corps, c'est le miens.
Je me réveille en hurlant. Je me redresse sur mon lit sans cesser de me déchirer la gorge. Je tourne la tête dans tous les sens en la tenant à deux mains. La porte s'ouvre. Deux hommes entrent en ouvrant la lumière. L'un d'eux est armé d'une matraque électrique. Je me replis sur mon lit en gémissant. Je pleure à chaudes larmes. Le plus grand des deux me parle d'une voix plaine d'adrénaline.
-Mademoiselle! Mademoiselle, qu'y a-t-il?
Je tente de ma ressaisir mais en suis incapable. L'homme armé, le plus petit, sort de la chambre. Il semble calmer des voix dans le couloir.
Je me concentre sur ma respiration. Inspire, expire, Suzanna. Je me calme enfin au bout de quelques minutes. Le gardien n'a pas bougé, attendant que je me calme. Il redemande plus calmement ce qui ce passe. Je lui réponds que j'ai fait un cauchemar et je le vois sourire en coin. Je lui demande de bien vouloir faire venir un somnifère à ma chambre. Il me dit qu'il le fera venir le plus vite possible. Je le remercie et il repart.
J'ai fait un cauchemar. Rien de plus qu'un cauchemar. Il ne veut rien dire. Aymerick y était par hasard.
Non. Je n'y crois pas. Je n'ai pas vus ça pour rien. Je vais devoir en parler avec mon Gardien. Même si cela ne me tente gère.
Une vieille Oméga me porte des somnifères. Je les prends et m'endors relativement vite. Je ne rêve plus.
J'espère presque ne pas me réveiller. Presque.
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Mémoria
Science FictionLorsque l'apocalypse a pris fin, les femme sont devenus infertile. Le système a alors étais diviser pour mieux fonctionner, et les bébé sont fabriqué en laboratoire. Suzanna et Lizelle sont jumelles. Elles ne savent pas pourquoi, personne ne le sai...