Coup de poignard

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Le crépuscule illuminait la ville de teintes orangées.

Mon argent et mes préparatifs pour mon voyage au Kansai étaient prêts. Je n'avais plus qu'à attendre le bon moment pour partir d'Akatsuka... J'ai résilié mon abonnement à la salle de gym, devenu obsolète, et passé mon temps à flâner dans les rues. Le soleil disparut doucement derrière les nuages... D'un pas lent, je repris le chemin vers la maison familiale. À l'heure qu'il est, ces cinq-là ont dû rentrer au logis car j'ai vu que Chibita n'était pas de service ce soir.

Je m'apprêtais à ouvrir l'entrée de la demeure, quand une angoisse profonde commença à apparaître au creux de mon estomac... Pour une raison qui m'échappe, mes sens s'affolaient et mon intuition présageait quelque chose de terrible, m'immobilisant instantanément. Cependant, je repris mon souffle pour me calmer et poussa finalement la poignée métallique réchauffée par mes doigts.

J'entendis des éclats de rire venant du salon et des silhouettes se mouvoir à travers le tissu des portes en toiles. Mes avis que ces cinq monstres n'étaient pas tout à fait sobres... Ils ne sont pas allés de main morte avec la piquette, pensais-je en soupirant.

Mon portable retentit dans ma poche, et je constatai un peu surpris qu'il était tombé à 10% de batterie. Je ne m'étais même pas aperçu que je l'avais laissé allumer aussi longtemps. Mon chargeur se trouvait juste à côté du mur des portes du salon, là où se trouvaient actuellement ces abrutis torchés.

- Zut...

Je pris alors une grande inspiration, puis fis coulisser la cloison le plus discrètement possible. Mes liens de sang formèrent un rond en plein milieu de la pièce. Ils sentaient le saké à plein nez, si bien que j'en eus presque la nausée. En les observant attentivement, je remarquai quelque chose de particulier : Osomatsu, Choromatsu, Ichimatsu et Todomatsu étaient complètement ivres, à l'exception de Jyushimatsu. Etrange... Lui qui est du genre à suivre le mouvement quand il s'agit d'alcool, voilà qu'il était le seul à être pleinement conscient parmi tous les autres.

Il n'avait probablement pas envie de boire. C'était la seule explication logique qui me vint à l'esprit.

Le petit comité n'arrêtait pas de rire et de parler tous en même temps, rendant leurs discours inaudibles et inintelligibles. Je profitai de la confusion générale pour faire doucement glisser le chargeur de mon portable jusqu'à moi avec mon pied gauche. Je le ramassai et le remit dans la poche de mon sweat à toute vitesse. Je commençais à partir du salon, lorsque tout à coup...

- Ah, c'était une super journée, aujourd'hui ! On a gagné le pactole à l'hippodrome ! S'exclama Osomatsu.

Je me pétrifiai sur place, et me retourna brusquement. Pendant un instant, j'ai cru que mon aîné m'avait remarqué. Je soupirai de soulagement en constatant que non.

- Par contre, on a énormément dépensé avec tout ce saké. Dommage... Mais c'est ça la vie d'un NEET ! Osomatsu se mit à rire.

- On devrait faire plus souvent des soirées comme ça. Marmonna Ichimatsu, un petit sourire étirant ses lèvres. Surtout que c'est beaucoup plus amusant maintenant que Shittymatsu ne traîne plus avec nous.

Je serre les dents et les poings. Mes ongles se plantèrent presque dans ma chair tellement je contractais mes doigts.

- Ne dit pas ça, Ichimatsu. Rétorqua Choromatsu après avoir bu un grand verre d'eau.

- C'est la vérité. Répondit le quatrième fils. Avoue que ça te fait du bien de ne plus entendre ses phrases théâtrales à la con et sa voix douloureuse.

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