Du venin dans le sang (Dramione)

Chapitre 9 : rage et souffrance

Drago se trouvait seul dans la salle sur Demande, balayant de son regard les piles de vieux objets qui s'y trouvaient. Il était assis en hauteur sur de gros volumes usés de magie noire. Il s'agissait des livres les plus imposants qu'il n'avait jamais vu. C'était la seul pièce du château dans laquelle il pouvait se sentir lui-même sans s'efforcer de jouer son ancien lui devant ses amis ou ses professeurs. Ces derniers lui paraissaient désormais lointains, comme s'ils ne collaient plus à sa nouvelle vie. À présent, il ne les voyait plus que comme de simples élèves : idiots et inintéressants, et avoir de telles pensées à leur égard le submergeait de culpabilité. Il aurait aimé partager de bons moments avec eux comme il le faisait auparavant. Blaise était celui qui lui manquait le plus car il était aussi le seul véritable ami qu'il avait jamais eu. Drago avait envie de retrouver sa vie d'avant, lorsque tout n'était qu'un simple jeu. Dorénavant il ne jouait plus et n'avait d'ailleurs plus le goût de jouer. Plus les jours passaient plus la marque des ténèbres sur son avant bras le démangeait, elle ne semblait pas faite pour lui et n'en faisait qu'à sa tête. En réalité elle n'était qu'un fardeau de plus que le jeune homme portait.

Un mois complet était passé depuis son escapade nocturne avec Granger et ce gros balourd de garde-chasse dans la forêt interdite. Pourtant il ne cessait de repenser à ce portrait étrange que la Gryffondor avait ramassé dans la boue. En se le remémorant, le jeune blond ne put s'empêcher de se rappeler que le style du bracelet ressemblait fortement à celui d'un objet maléfique qui se trouvait chez Barjow et Beurk. Durant un court instant cette pensée le fit frissonner. Dans le fond, il avait toujours eu du mal à tolérer la magie noire même si son père en avait usé de nombreuses fois devant lui dans le passé. Contrairement aux autres mangemorts, ce genre de magie ne l'attirait pas le moins du monde. Le jeune homme repensa au visage pâle et maladif de son père. Il se trouvait toujours tiraillé entre l'envie de reconnaissance de la part de son géniteur et son dégoût à l'égard de ce dernier. Mais pourtant, plus le temps passait, plus l'écoeurement l'emportait sur tout le reste. Il n'avait d'ailleurs pas eu de nouvelles de sa famille depuis qu'il était arrivé à Poudlard. Il se sentait plus seul que jamais.

Se sortant de ses réflexions, Drago enfouit sa main dans sa poche puis en sortit sa lettre dont le papier jauni se trouvait froissé. Elle contenait toutes les étapes de sa mission ainsi que des titres d'ouvrages sur l'occlumancie. En effet puisque sa tante Bellatrix ne pouvait plus l'entraîner, il fallait à présent qu'il se débrouille seul. Il la déplia de ses mains tremblantes et se mit à la lire pour la énième fois depuis le début du mois. Il avait déjà accompli plusieurs des étapes recommandées, notamment celle qui consistait à retrouver l'armoire jumelle de chez Barjow et Beurk. À présent son unique tâche était de la réparer.

Depuis que Granger lui avait proposé ce pacte, il pouvait vaquer tranquillement à ces occupations sans risquer d'être dérangé. Elle évitait également de lui poser des questions indiscrètes, et le jeune homme lui en était véritablement reconnaissant. En échange, celui-ci devait tenter d'en faire autant à son égard. Mais puisque les deux préfets ne s'adressaient plus la parole, les conditions du marché demeuraient simples à respecter. Le jeune bond n'avait aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler les activités nocturnes de sa camarade et s'en fichait éperdument. Il devait se concentrer sur sa mission.

En sortant de la salle sur Demande, il entendit des pas pressés derrière son dos. Ces pas ne tardèrent pas à le rattraper. 

- Salut Drago, ça fait un moment que l'on ne s'est pas parlé.

Il reconnu immédiatement la voix. Elle était à la fois lointaine et extrêmement familière. Il s'agissait de Pansy. La jeune femme affichait une mine inquiète tout en dévisageant son ami. Il fallait dire que le jeune homme paraissait plus pâle et plus fatigué que jamais.