Chapitre 7 : préfet un jour, préfet toujours

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"Rien n'est bon ni mauvais en soi, tout dépend de ce que l'on en pense."

William Shakespear.

- J'aimerais cesser d'exercer mes fonctions de préfets, professeur, déclara Drago avec détermination.

Face à lui se tenait le professeur Dumbledore. Celui-ci releva la tête afin de détailler le jeune homme qui se trouvait devant son bureau, résigné. D'un geste agile, il remonta ses lunettes en forme de demie lune sur son nez aquilin. Le jeune homme n'osait pas le regarder dans les yeux, de peur que le vieil homme puisse lire en lui comme dans un livre ouvert. Il se contenta alors d'admirer son bureau orné de tableaux des anciens directeurs de Poudlard. Puis son attention se porta sur des objets de formes étranges exposés sur plusieurs commodes en bois dans lesquelles gisaient également de vieux livres recouverts de poussière. C'était une pièce que Drago avait toujours trouvé fascinante, de part son côté apaisant. Pourtant, malgré lui, il pouvait entendre son coeur tambouriner dans sa poitrine.

- Eh bien, répondit le directeur, je dois dire que c'est assez surprenant de votre part, je vous pensais ravi d'assurer cette fonction monsieur Malefoy.

- C'était le cas, s'empressa d'ajouter ce dernier, mais cette année va me demander beaucoup de travail et je me suis découvert des ambitions que j'aimerais mener à bien.

Drago tentait tant bien que mal de paraître naturel dans ses propos. Il espérait avec force que Dumbledore ne se poserait pas de questions à son sujet. Après tout, mentionner ses "ambitions" pouvait être un argument tout à fait crédible et Drago remarqua avec satisfaction que ce qu'il venait de dire ne sembla pas alerter le directeur. Bien au contraire, celui-ci acquiesça d'un air compréhensif.

- Je comprends tout à fait et j'atteste le fait de faire passer votre travail en priorité, mais je ne peux pas faire cela. Malheureusement une fois que l'on a accepté de remplir son devoir de préfet envers sa maison, je ne peux pas nommer quelqu'un d'autre que celui qui a été désigné. C'est le règlement.

Le jeune homme fronça les sourcils : règlement ou non, il avait une mission à accomplir et être préfet ne l'aiderait sûrement pas à en triompher. Il serra les poings, pris d'indignation. Il ne pouvait pas se permettre de surveiller le comportement des autres Serpentards et encore moins d'enlever des points aux élèves des autres maisons. Cela le retarderait certainement dans ce qu'il avait à faire. Pourtant, il tenta de se maîtriser : il ne pouvait pas s'énerver, pas maintenant. Il s'apprêta à répondre quelque chose, mais Dumbledore le devança.

- Je peux cependant vous proposer de faire la première ronde durant ce semestre, enchaîna-t-il, comme cela vous pourrez être débarrassé durant la seconde partie de l'année et ainsi vous consacrer pleinement à vos études. Cela vous conviendrait-il ?

Drago acquiesça, fuyant le regard bleu ciel du professeur.

- Dans ce cas, vous ferez vos rondes tous les mardis et vendredis, lui annonça le directeur.

Même si Drago n'avait pas obtenu ce qu'il souhaitait, il fallait avouer que faire les veillées nocturnes au premier semestre était bien mieux que d'avoir à les faire durant la seconde partie de l'année. Il avait un an pour triompher de la tâche qu'on le lui avait confiée et c'était peu, mais il n'avait pas le choix. Regarder dans les yeux sa cible, son objectif le terrifiait. Comment pourrait-il accomplir un tel acte ? Il se sentait tellement minuscule et insignifiant face à cet homme. Comment pourrait-il le regarder dans les yeux quand il le ferait ? Comment pourrait-il prononcer le sortilège sans se maudire ensuite pour son acte ? Dans le fond, il ne voulait pas être cette personne, il ne voulait pas être ce mangemort. Cependant sa raison le rappelait sans cesse à l'ordre : il se devait de le faire pour le bien de sa famille ainsi que pour son maître. Il voulait briller aux yeux de tous, devenir une autre personne, quelqu'un de nouveau et non une copie conforme de son père. Il détestait tellement lui ressembler. La marque des ténèbres était là, quelque part sur sa peau, il pouvait la sentir sur lui, même sans la regarder. Il la sentait grandir et s'épanouir en lui comme une fleur exposée aux rayons du soleil. Elle le rongeait de l'intérieure et venait lui murmurer à l'oreille des paroles immorales. Il allait devenir un assassin, quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise son destin était déjà tracé.

Du venin dans le sang (Dramione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant