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Être courageux est une qualité nécessaire pour avancer. Certes, il y a peut-être un échec au bout, mais c'est toujours mieux d'avoir tenté, d'avoir osé pour ne pas se questionner sur ce qui aurait pu arriver si on ne l'avait pas fait. C'est exactement ça qui me manque. Je ne dis pas que j'ai les mots les plus adaptés pour exprimer mes sentiments de la façon la plus pure possible, mais ce n'est pas mon souci le plus important face à ce manque de courage. Alors je laisse mes larmes exprimer mes sentiments, mes mains caresser la terre encore un peu humide et mon cœur se serrer de chagrin. Ça va faire un an et demi que c'est pareil, et, malheureusement, je n'arriverai pas à m'améliorer pour pouvoir lui parler du passé.

«Notre fille va bien.» Je prononce à peine ces quatre mots que je sens mon âme s'alléger, comme si je venais de réaliser un devoir insurmontable. Au lieu d'ouvrir des sujets qui risquent de rouvrir des plaies sur des blessures plus ou moins guéries, je préfère lui donner les nouvelles qui l'intéressent le plus. «Peut-être que ça ne fonctionnait plus entre nous deux, mais tu méritais de la voir autant que moi.» Je m'assois près de sa tombe puis essuie mes larmes pour tenter de me ressaisir. «Lorsque je serai prêt, lorsque j'aurai assez de courage pour la réconforter, je l'amènerai ici. Mais maintenant, elle est beaucoup trop petite pour réaliser, et je ne peux pas. Je suis désolé. Je ne peux pas.»

Il faudra, un jour forcément, que je puisse me relever tout seul de ma chute suite à notre rupture subite car je suis le seul qui puisse m'aider et qui puisse comprendre tout ce que je ressens exactement.

«Si ça te détruit, ne reste pas plus longtemps. Tu as tout ton temps pour affronter la réalité, que ça te prenne une semaine, un mois ou une éternité.» mon cœur rate un battement lorsque j'entends ma tante, puis lorsque je sens sa main se poser sur mon épaule. Mon regard cherche Azra, mais lorsqu'elle secoue la tête, je soupire de soulagement. «Ne t'en fais pas, elle attend sagement dans la voiture. Mais il faudrait que tu ne tardes pas trop, elle est seule.» Elle passe son bras autour de mon dos pour m'aider, puis nous sortons de cet endroit mais sans que je puisse garder le regard vers l'avant durant tout le trajet. «Laisse moi faire, tu t'es un peu sali les jambes.» Toujours à penser au bien des autres, une des raisons pour lesquelles j'admire cette femme. «Tu sais que je vais bientôt partir, et on aura pas vraiment l'occasion de le faire un autre jour, alors, ça te dirait d'aller prendre un petit-déjeuner?»

«Faisons tout ce dont tu souhaites avant de partir, tant que ça te va.»

Je m'installe à l'arrière du véhicule, puis détache Azra de son siège pour la prendre dans mes bras et tenter de combler mon cœur avec un peu de joie, mais je continue à pleurer sans pouvoir me retenir en pensant à son cas. Elle ne sait rien mais elle le vit. Comment la vie peut lui ôter un pilier à un si jeune âge? Comment va-t-elle réagir lorsqu'elle va l'apprendre? Comment vais-je jouer le rôle de double-parent plus tard? J'ai l'impression d'être perdu au milieu d'une de ces nuits interminables, ces nuits qui m'empoisonnent lorsque je pense à ce foutu avenir.

«Dehors les petits, nous sommes arrivés!» Si ce n'est pas pour moi, c'est pour ma fille et ma tante que je supprime de mon visage toute trace de tristesse. Ainsi, elles seront rassurées et notre journée se passera bien.

opiumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant