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"Tu es comme la découverte d'une nouvelle chanson, comme un miracle qui n'arrive qu'une fois dans une vie. Chaque fois que tu briseras.."

«Ulaş!» je laisse le stylo d'un coup sur la table. Si ma tante est énervée, ça ne doit pas être pour rien. Je descend pour aller la rejoindre dans le salon, mais lorsque je vois son expression faciale, je me demande si j'ai bien fait. «J'ai eu une courte discussion avec ma petite Azra, et elle m'a parlé d'une fille qui a passé du temps avec vous. T'en sais pas plus, par hasard?» Oh Azra. Ton intelligence peut parfois mener vers des soucis que je veux éviter.

«C'était une coïncidence! Comme toi, elle m'a averti pour que je coupe tout contact avec elle, en l'occurrence visuel. J'ai compris la leçon.» Si tu savais. Si seulement tu savais que même si ça m'arrive une infinité de fois, je me laisserai faire à chaque fois. Si elle restait plus longtemps avec nous, je lui aurait peut être expliqué l'histoire avec le numéro de téléphone, mais ce n'est plus la peine.

«Ne l'utilise pas pour éteindre le feu dans ton cœur. Tu sais très bien que si tu l'acceptes dans ta vie, vous allez finir tous les deux par perdre. Il y a seulement Azra et ta famille pour pouvoir te réconforter sans aggraver ton cas. Tous les autres, tu finiras par les réduire en cendres.»

Ce qu'elle ne sait pas, c'est que cette relation que j'avais avec ma femme n'était pas comme ce que les gens autour de nous pensaient, ma tante incluse. Selon eux, nous étions une famille épanouie, toujours heureuse et assez tenace pour surmonter tous les problèmes. Le souci est que derrière cette image de famille modèle se cachait un couple éteint, ne pouvant se quitter par peur de traumatiser la petite. Elle avait besoin de soutien comme moi j'en avais besoin, et c'est en restant ensemble jusqu'à son décès que nous avons réussi à nous entendre et nous entraider malgré le manque non-négligeable de sentiments. Tout ça pour Azra. Nous n'étions pas un couple toxique, ni un couple amoureux, simplement un couple attaché à leur enfant et prêt à tout pour lui donner le meilleur. Regretter? Non. J'ai beaucoup appris grâce à elle, elle a été malgré tout une compagne de vie, une amie pour moi.

«Je comprend que tu penses à mon bien, et je ne peux que te remercier face à ta bonté, mais tu penses vraiment que je serai comme ça pour toujours?» J'ai l'impression, en l'espace de quelques minutes, d'être descendu du ciel pour m'enterrer sous terre et retrouver mes soucis habituels.

«Tu as toute ta vie devant toi, tu as tout ton temps pour te trouver quelqu'un. Bien évidemment que je ne peux pas t'empêcher d'être à nouveau heureux dans une relation! Ce que je veux dire, c'est que tu es dans une phase de ta vie où tu peux regretter la plupart de tes choix car tu les fais pour compenser un manque. Tu me comprends?»

J'hoche simplement la tête en guise de réponse, peut-être qu'elle a raison, peut-être que le temps doit faire son travail pour m'aider à mieux réfléchir. Mais je suis sûr d'une chose, c'est que mon amour pour elle s'était éteint déjà avant son décès. Si je souffre, ce n'est pas par amour, c'est.. comment expliquer? Peut-être parce que nous nous connaissions depuis longtemps, ou parce que nous étions proches malgré tout, et surtout peut-être parce que nous avions créé quelque chose en commun. C'est comme une feuille blanche avec une tâche en plein centre, comme une cicatrice qui ne s'en ira jamais. Bien qu'elle sera toujours là, je dois savoir passer à une nouvelle étape de ma vie car bloquer sur le passé ne me tendra pas de futur ou le remplira de soucis. 

Je passe une bonne partie de la soirée dans ma chambre à trier des documents mais aussi à continuer mon brouillon. "mon cœur, il continuera à battre pour toi. Tu es un poison, tu es un remède." Non. Je barre le mot poison avant de me mettre à réfléchir à un mot plus puissant. Qu'est-ce qui pourrait faire souffrir un individu sans pour autant le tuer? Une maladie? Non plus. Ça doit être quelque chose d'apprécié, mais dangereux en même temps. Quelque chose dont on sait que ça peut faire mal, très mal, mais lorsqu'on sait comment s'y prendre, peut aussi faire naître les plus beaux sentiments au monde. L'amour. "Tu es l'épine de l'amour, tu es un guide de l'amour." Et c'est beaucoup plus significatif de cette façon. À tout moment tu peux blesser, mais ça ne m'empêchera pas de penser à toi. Tu es une addiction.

+Je suis encore désolée pour aujourd'hui. Lorsque je suis rentrée chez moi, j'ai longtemps réfléchi pour savoir pourquoi j'ai sorti une telle connerie

+Ça doit sûrement être la fatigue

Je récupère mon portable sur mon lit et sourit à la vue des messages.

-Tu as pu te reposer alors?

+Plus ou moins. Mais on arrive déjà en fin de journée malheureusement

-Tu as toute la nuit pour récupérer tes heures de sommeil :)

+Comment tu sais ça?

+Je veux dire, que je ne travaille pas le matin ni l'après-midi

-Ce sont des constats, ai-je raison?

+Si tu veux.

-Alors profite de ta soirée pour être heureuse et en forme demain

+C'est pas avec quelques heures que je vais pouvoir changer le cours de ma vie, si c'était aussi facile que ça je serais heureuse depuis longtemps.

+D'ailleurs, je ne t'ai même pas demandé ton prénom, mais ne te réjouis pas trop vite, je ne le demanderai pas. Pas la peine de me le dire! Je préfère que tu me sois inconnu

Je ne sais pas du tout comment prendre son message. Est-ce qu'elle prend des distances pour me présenter son caractère, ou bien parce qu'elle ne voit rien de nouveau qui pourrait se créer au bout de notre conversation? Et puis, tant pis, elle n'avait qu'à être plus claire dans son message.

-inconnu?

+J'ai beaucoup de mal à me créer un entourage, et ça c'est ma façon d'être à moi. En plus de ça tu es un père, tu as une fille. On a pas les mêmes centres d'intérêts et on ne possède pas le même langage.

Je viens de me prendre un énorme coup de vieux comme si c'est ma petite-fille qui me parle.

-Tu pouvais me le dire depuis le début au lieu d'en arriver jusqu'ici non? Enfin, c'est plus logique...

+C'est ce que je pensais. Tu te créé des scénarios dans la tête dont je ne veux même pas connaître. C'est gentil de m'avoir aidé, je me suis excusée aussi pour ce que j'ai fait. Tu attends quoi de plus?

La première réaction qui vient de ma part est de claquer le portable sur le bureau. Je dois appeler ça comment? Égoïsme? Étant une personne tolérante malgré que je puisse m'énerver et éprouver des sentiments plutôt mauvais pour ma part, je me dis qu'elle doit avoir une mentalité différente de la mienne au lieu de penser qu'elle s'est tout simplement servie de moi comme passe-temps.

opiumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant