LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAME

CHAPITRE 11

ABDOURAHMANE SALL

Je suis vraiment déçue par l'attitude de Mossane mais plus encore par ses paroles. Je n'en reviens toujours pas. Comment peut-elle oser me crier dessus comme si j'étais sa chose ?

Et je n'ai pas répondu parce qu'en aucune façon je ne voulais que ma mère ni même les autres nous entendent, même si j'avais l'impression que c'est ce qu'elle voulait.

Après, elle a voulu jouer à la capricieuse en voulant passer la nuit sur le sofa, croyant peut être que j'allais la chercher et lui demander pardon. Mais elle n'y a pas duré longtemps.

Depuis que j'ai repris le boulot, elle se levait avant moi, prenait sa douche, préparait la mienne, allait préparer le petit déjeuner avant de revenir m'aider à choisir une tenue pour le travail.

Mais aujourd'hui, quand je me suis réveillé, elle m'a tout simplement tourné le dos. Ça m'a fait rire au fond de moi parce que je sais que ces caprices de petites filles gâtées vont vite cesser avec moi. Plus vite qu'elle ne le croie même. Ce ne sont même pas des caprices de filles gâtées parce que ça je peux supporter, mais hier c'était de l'impolitesse crue.

D'habitude moi je ne prenais pas le petit déjeuner à la maison, mais depuis qu'elle est là, elle m'y force. Je lui ai dit que j'aimais pas mais chaque matin elle me réveille très tôt avec toute la douceur du monde nak. Elle m'a dit dés le premier jour :

-tu ne sortiras jamais de ma maison le ventre vide même si pour cela je dois t'attacher et te nourrir.

Et j'avoue qu'en une semaine, j'ai commencé à m'y habituer car ça me donnait un peps d'enfer et ce, toute la journée.

Et tout ce que j'attendais d'elle en passant la porte hier, c'était son magnifique sourire qui avait le pouvoir de m'ôter tous les fardeaux que je trainais sur mes épaules, comme à son habitude : toujours assise sur le lit, me demandait si ma journée s'était bien passée, me servait à boire et s'asseyait sur mes cuisses, m'aidait même à me déshabiller. Elle ne sait pas le pouvoir qu'ont ces petites choses sur moi.

J'en ai parlé à mon frère Abdoulaye tout à l'heure. On a déjeuner ensemble aujourd'hui car nos bureaux ne sont pas loin. Lui et mon ami Ibou gèrent leur propre entreprise.

Il m'a dit qu'au début de son deuxième mariage, c'était sa première qui faisait ces crises de jalousie à tel point que le soir il s'arrangeait pour que tout ce qui est verre, couteau, fourchette soit hors de portée dans la chambre. Et il ne dormait jamais profondément. A chaque fois qu'il revenait de chez la deuxième, c'était l'enfer pour lui du genre :

《prends une grande douche avant de t'approcher de moi gros cochon》.

Et il ne se passait pas une semaine sans qu'elle ne lui cause de ses problèmes surtout quand il devait aller chez la deuxième. Tout le monde pensait même qu'il allait se lasser d'elle et la libérer mais à chaque fois il la cajolait, lui offrait des cadeaux et pleins d'autre attentions. Et sa deuxième s'y est mise et maintenant ça va.

Pour Aïcha, franchement je ne sais plus quoi faire. Mais pour Mossane, il faut que je lui brise les ailes dés à présent sinon c'est sur ma tête qu'elle va venir construire son nid. Elle ne sait pas qu'Aïcha a quitté la maison. Je ne lui en ai pas parlé parce que je pensais que ce n'était pas la peine et que Aïcha reviendrait entre temps mais surtout parce que cela ne la concernait pas. Et qu'elle ait fait toute une histoire juste parce que je suis allée la voir m'a beaucoup étonné d'autant plus que cette dernière n'est ni plus ni moins que mon épouse, comme elle. Et elle savait ce qui l'attendait en étant ma femme. Je ne peux lui permettre ce manque de confiance en moi ni cette attitude à chaque fois. La première fois, j'ai cédé parce que je me disais que c'était tôt pour elle et qu'elle n'était pas encore habituée et même ce jour là, elle n'a pas crié elle avait juste la mine triste. Là, elle veut en faire une habitude et c'est ce que je veux à tout prix éviter.